Le Figaro du 5 octobre 2018 a publié un entretien avec Yves Mamou, l’auteur d’un ouvrage paru le 25 septembre : Le Grand Abandon. Les élites françaises et l’islamisme.
Cet ancien journaliste du Monde soutient des positions sur l’islamisme et l’immigration, qui devraient faire réfléchir nos prétendues élites, soumises à la bien-pensance par paresse intellectuelle ou par intérêt.
Il les accuse de n’avoir pas pris la mesure de la question migratoire et d’avoir fermé les yeux sur l’islamisation du pays.
Yves Mamou évoque le départ de Gérard Collomb, qui a quitté son poste en annonçant, à propos de la fracture communautaire, que la guerre civile est à nos portes : « Aujourd’hui, on vit côte à côte. […] Je crains que demain on vive face à face. »
Quand François Hollande, se confiant à deux journalistes dans Un président ne devrait pas dire ça…, souligne que « c’est quand même ça qui est en train de se produire : la partition », il ne dit pas autre chose.
Dommage qu’ils n’aient fait publiquement ce constat qu’après avoir quitté leur fonction.
Se taire, par idéologie ou par clientélisme, relève de la complicité et de la trahison.
Cette situation est le résultat d’une politique :
« Les élites françaises, c’est-à-dire les grands corps de l’État, les partis politiques, les experts, les magistrats, les médias, les élites culturelles […] ont encouragé et légitimé l’immigration musulman. »
L’Observatoire de la laïcité fait preuve de beaucoup de modération, quand il s’agit de l’islam, et le Conseil supérieur de l’audiovisuel est particulièrement sensible aux récriminations des téléspectateurs musulmans.
Ils condamnent plus sévèrement Éric Zemmour, pour son prétendu racisme, que Nick Conrad, qui célèbre le meurtre des Blancs.
Voyez avec quelle indulgence nos élites traitent l’immigration musulmane, et tous les actes de communautarisme !
Rares sont celles qui ont relevé que le braqueur Rédoine Faïd se déplaçait en burqa, alors que le voile intégral est interdit depuis 2010.
On condamne ceux qui dénoncent l’islamisme, l’afflux des immigrés, mais on peine à fermer des écoles ou des mosquées salafistes, comme si leur appartenance à l’islam était un sauf-conduit.
On passe étrangement sous silence le destin, souvent tragique, des chrétiens d’Orient.
Le pape François lui-même ramena de l’île de Lesbos trois familles de réfugiés musulmans : les dossiers des familles chrétiennes n’étaient pas prêts, paraît-il.
Faut-il s’étonner que l’attitude du pape soit contestée par des catholiques ?
Quant aux médias, ils sont généralement, par préjugé ou sur ordre, au service de la bien-pensance. Yves Mamou cite le reportage de France 2 sur l’épidémie d’attaques au couteau qui sévit à Londres.
Une semblable étude sur les incidents qui se produisent régulièrement en France pourrait être faite. Mais, avec la bénédiction du gouvernement, ils ignorent le nom de l’agresseur ou le traitent de « déséquilibré » : ils n’informent plus, ils désinforment.
C’est ainsi que nos élites trahissent nos valeurs et le peuple français.
L’auteur constate qu’« en trente ans, la société française a quitté un modèle laïque républicain pour être projetée dans un modèle multiculturaliste, communautariste et anti-laïque ».
C’est, hélas, vrai.
On peut regretter qu’il juge que le Front national porte aussi une responsabilité dans la diffusion de l’islamisme : servant de « repoussoir », il aurait empêché « l’émergence de tout débat sérieux sur l’islam et l’immigration ».
Quoi qu’on pense de ce parti, où en serait le débat s’il ne l’avait ouvert il y a des années ?
Philippe Kerlouan
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