par 9 Juil 2018 |
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Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,
Il y a quelques jours, j’écrivais un édito intitulé « Punir l’Allemagne, négocier avec la France, détruire l’Europe ! » dans lequel j’expliquais la stratégie américaine pour diviser les pays européens, et asseoir leur domination. Voilà ce que je disais.
« Pourquoi punir l’Allemagne ?
Parce que l’Allemagne est le maillon fort européen, et qu’une Allemagne affaiblie ne pourra pas peser autant en Europe, mais ce n’est pas tout.
L’Allemagne a un modèle économique mercantiliste.
Elle produit et exporte beaucoup, importe peu.
Ses excédents sont considérables. Par nature, l’Allemagne est donc profondément mondialiste et globaliste, car la mondialisation a été très bénéfique pour 3 pays dans le monde en ordre décroissant de profits réalisés.
En numéro un, la Chine.
En seconde position… l’Allemagne.
Au troisième rang, le Japon.
L’Allemagne et ses positions ultra-mondialistes et libre-échangistes en font l’ennemi numéro un à abattre en Europe pour les États-Unis.
Autre élément, affaiblir l’Allemagne c’est évidemment affaiblir l’euro, tuer l’euro c’est favoriser le dollar et tuer l’Europe qui ne se remettrait pas d’un tel désastre (inéluctable et qui sera hâté par Trump). »
Et voici que notre ministre de l’Économie confirme cette analyse de façon publique lors des rencontres économiques à Aix-en-Provence.
Et pour une fois, ce titre alarmant n’est pas de moi, mais bien de l’AFP, c’est dire si c’est à prendre au sérieux même si nous l’avions déjà compris avant les communiqués officiels.
Le problème ? L’Allemagne ! Qui sort du bois et se montre prête à négocier directement avec les États-Unis sans passer par l’Europe !
Si la « guerre commerciale a déjà commencé », la désunion européenne également !
« Le ministre français de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a estimé dimanche que les États-Unis voulaient « diviser la France et l’Allemagne » sur la question du commerce international, appelant l’Europe à « faire bloc » dans un contexte de « guerre commerciale ».
Le constat est le bon, le problème sera désormais la réponse politique de la France, et nous n’avons pas le début de l’once de la moindre esquisse d’ébauche de ce que sera la stratégie française… et cela est encore plus inquiétant.
« La question n’est pas de savoir s’il y aura ou non une guerre commerciale. La guerre commerciale a déjà commencé. »
« Dans cette mondialisation, il faut que les États européens fassent bloc, parce que ce que veulent nos partenaires ou nos adversaires, c’est nous diviser. Ce que veulent les États-Unis, c’est diviser la France et l’Allemagne. »
« Si demain il devait y avoir une augmentation de tarif sur d’autres secteurs économiques, comme le secteur automobile, notre réaction devra être unie, forte pour faire comprendre que l’Europe est aussi une puissance économique souveraine. »
« Si nous sommes attaqués, nous réagirons collectivement et nous réagirons fermement. »
« Nous ne pouvons pas comprendre qu’entre alliés, entre le peuple américain et le peuple d’Europe, il y ait une guerre commerciale qui soit déclarée »…
Si notre mamamouchi à l’Économie a raison dans ses propos, qui restent tout de même du niveau café du commerce ce qui est un peu gênant aussi bien à ce niveau de responsabilité que lors des rencontres nationales d’Aix (qui ne réunissent que la crème de la crème), il s’arrête à quelques constats évidents et se contente de l’incantation.
Il risque fort de rester d’ailleurs à ce niveau incantatoire, car pour la réaction « collective et ferme », nous risquons d’avoir de l’individuel plutôt mou du genou !
« La chancelière allemande Angela Merkel s’est dite « prête » jeudi à négocier une baisse généralisée des taxes sur l’automobile, répondant à une proposition faite par Washington aux constructeurs allemands et ouvrant un nouveau scénario pour sortir du conflit commercial.
Cette déclaration de la chancelière s’écarte à première vue des négociations commerciales officielles avec les États-Unis, censées être réservées à la Commission européenne, dont le président Jean-Claude Juncker se rendra avant la fin du mois à Washington »…
Sympa la Merkel, n’est-ce pas ?
L’industrie allemande est prête à passer sous les fourches caudines trumpiennes, et la France veut bien tendre la main à Angela, qui non seulement ne la saisit pas, mais en plus décide de négocier directement avec les États-Unis…
Il faut dire, de vous à moi, que côté français on veut, ce qui est logique, échanger le soutien français affiché en public contre quelques avantages sonnants et trébuchants.
Côté allemand, la mère Merkel prend cela comme du chantage, et ne compte pas franchement négocier quoi que ce soit avec Paris.
Du coup… Bruno Le Maire se retrouve comme un âne bâté au milieu du gué.
« Il n’y a pas que les Allemands qui ont une industrie automobile », avait regretté samedi auprès de l’AFP une source européenne, qui a souhaité s’exprimer sous anonymat, citant comme exemples la France, l’Espagne ou encore la Slovaquie…
Eh oui, et c’est nous qui finirons encore une fois couillonnés par absence de stratégie, de vision et de courage et parce que nous sacrifions notre avenir national sur l’autel illusoire de l’Europe, l’Europe, l’Europe (à dire 3 fois en sautant comme un cabri).
L’Europe, justement, est un vaste champ de ruines, et la vision européenne de la France est inexistante, restant globalement centrée sur les mantras stupides et stériles ne valant guère plus que quelques slogans de propagande du genre « l’Europe c’est la paix », ou encore « restons-zunis », sans oublier le « pour être forte, dans un monde globalisé, la France n’est plus assez grande, mieux vaut compter dans un ensemble plus grand »…
J’attends le futé du groupe qui aura le courage d’écrire le slogan « faites l’Europe, pas la guerre », comme si les jeunes berlinois voulaient envahir Paris et les jeunes français la Ruhr…
Ce qui doit être retenu dans tout cela c’est qu’évidemment l’Allemagne n’a strictement aucune vision européenne, car l’Europe n’est pour l’Allemagne que l’outil de sa domination pacifique et économique sur le vieux continent.
Ce qui se passe, et la volonté allemande de négocier seule avec l’Amérique, démontre qu’il n’y a plus aucun avenir européen commun dans cette Union mourante.
Nous ne pourrons célébrer cela comme une bonne nouvelle qu’à partir du moment où nos dirigeants accepteront de se saisir du pouvoir régalien que les citoyens français leur confient à chaque élection pour enfin exercer les attributs du pouvoir dans l’intérêt de notre nation.
Nous n’y sommes pas.
Nous sommes dans la phase de délitement de l’Europe.
Nul ne sait combien de temps cela durera, car les forces de rappel sont importantes, et l’Europe ne voudra pas « mourir » sans se battre pour sa survie.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
Charles SANNAT
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