À la suite de la plainte déposée par le syndicat policier VIGI contre Alexandre Benalla, Alexandre Langlois fait le point sur les derniers rebondissements de cette affaire.
Il exprime, en outre, le malaise et le désarroi des forces de l’ordre se sentant méprisées par le pouvoir exécutif et une hiérarchie « déconnectée ».
Suite à l’affaire Benalla, votre syndicat a décidé de porter plainte ? Qu’en est-il exactement ?
Nous avons déposé plainte contre Alexandre Benalla pour usage de fausse qualité et port illégal d’uniforme.
Ces deux infractions sont très graves et sont punies d’un an de prison et d’amendes conséquentes.
Nous avons également porté plainte contre X, car nous n’avons pas confiance en notre ministère et en l’Élysée.
Ces deux institutions avaient connaissance des délits commis par M. Benalla, sans même parler des violences que nous pouvons constater sur la vidéo.
Conformément au Code de procédure pénal, elles auraient dû en informer le procureur de la République immédiatement et non pas deux mois et demi après sous la pression de la presse.
Nous n’avons donc plus confiance.
Le fait que le ministre, monsieur Gérard Collomb, ait décidé de saisir l’Inspection générale de la Police nationale renforce notre décision de déposer plainte et de nous constituer partie civile.
En effet, monsieur Benalla n’est pas policier.
Le seul but de monsieur Collomb est donc de chercher un coupable dans la Police nationale pour éviter que la responsabilité soit prise à un plus haut niveau.
Savez-vous pourquoi plusieurs policiers ont été suspendus suite à cette affaire avant monsieur Benalla ?
Monsieur Benalla est en garde à vue et des perquisitions sont en cours chez lui.
Il subit donc enfin l’action de la justice.
Concernant les commissaires suspendus qui auraient fourni des vidéos, nous n’avons pas pu recouper les informations distillées dans les médias.
Je rappelle que nous dénonçons depuis longtemps les agissements d’une haute hiérarchie complètement déconnectée du terrain qui préfère faire des courbettes aux politiques pour leur plaire et gérer leur avancement et leur carrière plutôt que de manager des flics.
Cela ne fait que confirmer cette déconnexion complète de notre haute hiérarchie qui est davantage au service du pouvoir.
Ce n’est donc pas surprenant que les concernés soient des commissaires.
Pour la troisième personne, nous n’avons pas d’information, il s’agirait peut-être de la troisième personne que l’on voit régulièrement sur les vidéos.
Cela va-t-il aggraver une certaine perte de confiance entre les forces de l’ordre et le pouvoir exécutif ?
Cela ne fait que confirmer la perte de confiance totale et le profond mépris que monsieur Macron et son gouvernement montrent aux forces de l’ordre.
Quand nous l’alertons sur des faux en écriture, des plaintes et des détournements de fonds sur les primes, il ne bouge pas.
Lorsqu’on lui demande d’être reçu pour expliquer les problèmes de notre profession, il préfère recevoir Rihanna qui lui a envoyé un tweet.
Quand nos collègues CRS qui sont déployés sur une mission pour assurer sa sécurité voient arriver une petite bouteille d’eau et une compote de pomme, ils sont d’abord contents qu’on ait pensé à eux avant de s’apercevoir finalement que c’est leur repas de midi.
On a vraiment l’impression d’être pris pour des imbéciles.
Le président de la République dispose d’un groupe spécialisé dédié à la sécurité du président.
Le GSPR est formé de policiers et de gendarmes triés sur le volet avec des formations et des qualifications très complètes.
Il semble que ce ne soit pas suffisant pour monsieur Macron qui préfère s’entourer de gardes du corps privés.
Cela montre encore une fois que les paroles sont totalement en désaccord avec les actes qu’il pose vis-à-vis de nous.
Il ne veut pas que nos heures supplémentaires soient payées.
Il a répondu par le mépris au rapport de la commission sénatoriale.
Au lieu de répondre aux questions de ce rapport, ils ont préféré montrer ce qu’ils avaient fait de bien. Toute gloire doit être ramenée à eux et ils nous laissent dans le total désarroi.
Les réseaux sociaux font ressortir des mots comme »barbouze », »commissaire politique ». Qu’est-ce que cela traduit ?
Cela traduit une volonté du président d’avoir sous ses ordres ses hommes qui ne dépendent que de lui.
C’est une volonté que nous constatons depuis le début de son quinquennat.
Monsieur Macron a fait passer l’antiterrorisme directement sous la tutelle de l’Elysée pour contourner le ministère de l’Intérieur.
Le ministre de l’Intérieur peut avoir les synthèses quotidiennes de tous les policiers, y compris de ceux qui assurent la garde du Président.
On a donc l’impression que pour contourner cela, il met en place des gardes privés à lui pour cacher des choses.
Il me semble que lorsqu’on est président de la République, on accepte la protection offerte par la République.
Cela vient donc confirmer tout cet engrenage de centralisation du pouvoir par monsieur Macron.
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