Depuis quelques jours, un message posté par ses soins sur Facebook fait « le buzz » – relayé par une large partie de la presse mainstream – message dans lequel elle explique que ses deux enfants auraient subi une « violente insulte raciste » à Plérin, en banlieue de Saint-Brieuc.
Jouant vendredi 10 février 2017 dans le centre commercial Leclerc de Plérin, ses deux enfants se seraient vus dire « partez d’ici sales nègres » par un homme d’une soixantaine d’années, devant sa femme « muette ».
Contactée, Mme Pouliquen nous a confié avoir déposé une plainte au commissariat de Saint-Brieuc ce mardi 14 février au matin, ce qui nous a par ailleurs été confirmé.
Contactée, Mme Pouliquen nous a confié avoir déposé une plainte au commissariat de Saint-Brieuc ce mardi 14 février au matin, ce qui nous a par ailleurs été confirmé.
Les médias se sont, bien entendu, empressés de relayer, sans chercher toutefois à confirmer la véracité des faits, les propos de Mme Pouliquen.
Loin du travail premier d’un journaliste, puisque jusqu’ici, seul le témoignage de la victime a été recueilli.
Loin du travail premier d’un journaliste, puisque jusqu’ici, seul le témoignage de la victime a été recueilli.
3500 « likes » et 1437 partages plus tard sur Facebook, Katell Pouliquen a-t-elle voulu faire le buzz politique ?
Les faits sont-ils avérés ?
La plainte a été déposée, et les caméras de vidéo surveillance du Leclerc Plérin devraient permettre d’y voir un peu plus clair.
Les faits sont-ils avérés ?
La plainte a été déposée, et les caméras de vidéo surveillance du Leclerc Plérin devraient permettre d’y voir un peu plus clair.
La journaliste aurait pu en rester là.
Mais elle a décidé d’en faire un message public, très politique celui là.
Mais elle a décidé d’en faire un message public, très politique celui là.
Pour Katell Pouliquen, le fait que ses enfants soient métis les rend en effet « deux fois plus riches, plus forts, plus beaux. 200% plutôt que 50. ».
Comme toutes les mères, elle aime ses enfants, ce qui fait dire à un quotidien de la presse régionale subventionnée qu’il s’agit d’un « témoignage bouleversant ».
Comme toutes les mères, elle aime ses enfants, ce qui fait dire à un quotidien de la presse régionale subventionnée qu’il s’agit d’un « témoignage bouleversant ».
La suite est une apologie de la cause noire : « Je m’assure qu’ils connaissent leur Martin Luther King dans le texte – je leur ai offert la version pour enfants de sa biographie, et aussi « Mes étoiles noires », des destins méconnus racontés par Lilian Thuram. Il l’avait dédicacé à mon fils aîné, qui porte le même prénom que le sien : Marcus. Comme Marcus Miller plus que l’empereur romain. Comme Marcus Garvey, émancipateur du peuple noir.»
Katell Pouliquen le concède, elle vit dans un quartier bobo de Paris, théâtre de la société multiculturelle – très loin toutefois de Bobigny ou de la Courneuve – qui n’est pourtant pas une réalité partout, quoi qu’elle en pense par ailleurs : « On vit dans le 18ème des Abbesses, enclave bobo encore un peu popu (sic) dès qu’on approche les boulevards de Pigalle ; absolument bourge quand on dévale la rue des Martyrs acheter son mille-feuille à 5 euros. L’école maternelle est une ZEP qui fonctionne. Emile est ami avec Rayan, Elliott, Louison, Aboudlaye. La routine.
Mes enfants sont chez eux dans le quartier, le manège, Jacky le boucher, Marie-Rose la libraire… Partout, ils sont chez eux. Nulle part ici, leur peau n’est un sujet. Les rues racontent le métissage. La France multiculturelle progresse. Celle que j’aime.»
Mes enfants sont chez eux dans le quartier, le manège, Jacky le boucher, Marie-Rose la libraire… Partout, ils sont chez eux. Nulle part ici, leur peau n’est un sujet. Les rues racontent le métissage. La France multiculturelle progresse. Celle que j’aime.»
Puis Mme Pouliquen de raconter l’évènement du vendredi 10 février, brièvement, avant de revenir sur des propos beaucoup plus politiques :
« « Partez d’ici, sales nègres ». L’uppercut est donné le vendredi 10 février 2017 en France.
La même semaine, on apprenait que Théo, jeune noir d’Aulnay-sous-Bois, se faisait violer par un policier.
La même semaine, Luc Poignant, membre du syndicat Unité Police SGP-FO, estimait dans C dans l’Air: « Le mot Bamboula, ça reste encore à peu près convenable ».
La même semaine, le magistrat honoraire Philippe Bilger twittait: « On a fait un drame de #Bamboula. Me souviens de mes années de collège ou ce terme était beaucoup plus sympa, presque affectueux que raciste ».
La même semaine, Alain Avello, membre du conseil stratégique de campagne de Marine Le Pen, invitait sur son profil Facebook à « essayer la zoophilie » avec Christiane Taubira.
« J’ai peur. Cette peur augmente chaque fois que tu me quittes. Mais j’ai découvert cette peur bien avant ta naissance. Quand j’avais ton âge, toutes les personnes que je connaissais étaient noires, et toutes vivaient dans cette peur violemment, obstinément », témoigne Ta-Nehisi Coates, écrivain américain né à Baltimore dans son cri bouleversant, « Une colère noire. Lettre à mon fils », paru l’an dernier.
11 février 2017. 70 jours avant l’élection présidentielle. Quelle lettre vais-je écrire à mes fils ? Je
suis en colère. Violemment. Obstinément.»
« il y a de quoi mettre en doute la véracité de cette histoire, tout au plus anecdotique par ailleurs.»
La même semaine, on apprenait que Théo, jeune noir d’Aulnay-sous-Bois, se faisait violer par un policier.
La même semaine, Luc Poignant, membre du syndicat Unité Police SGP-FO, estimait dans C dans l’Air: « Le mot Bamboula, ça reste encore à peu près convenable ».
La même semaine, le magistrat honoraire Philippe Bilger twittait: « On a fait un drame de #Bamboula. Me souviens de mes années de collège ou ce terme était beaucoup plus sympa, presque affectueux que raciste ».
La même semaine, Alain Avello, membre du conseil stratégique de campagne de Marine Le Pen, invitait sur son profil Facebook à « essayer la zoophilie » avec Christiane Taubira.
« J’ai peur. Cette peur augmente chaque fois que tu me quittes. Mais j’ai découvert cette peur bien avant ta naissance. Quand j’avais ton âge, toutes les personnes que je connaissais étaient noires, et toutes vivaient dans cette peur violemment, obstinément », témoigne Ta-Nehisi Coates, écrivain américain né à Baltimore dans son cri bouleversant, « Une colère noire. Lettre à mon fils », paru l’an dernier.
11 février 2017. 70 jours avant l’élection présidentielle. Quelle lettre vais-je écrire à mes fils ? Je
suis en colère. Violemment. Obstinément.»
« il y a de quoi mettre en doute la véracité de cette histoire, tout au plus anecdotique par ailleurs.»
Les commentaires sur sa page Facebook (au nombre de 210) vont dans le sens de ce que Mme Pouliquen avait cherché : l’électrochoc et le manifeste pour « la différence et l’autre ».
Ainsi Cécile Martin : « je suis profondément navrée de lire cette lettre Katell. Les mots me manquent ! Quels idiots ! Chez moi en Bretagne aussi pourtant je me sens libre ! Des amis de toutes origines de toutes couleurs de peau. Des petits copains métis ou d’une autre religion pour les enfants … Quelle honte pour notre pays ! Mais ouvrons les yeux et ouvrons les bras à la différence !
Cette différence que l’on porte en chacun de nous même si nous avons la même couleur de peau ! Car chacun est différent de l’autre ! Et notre dénominateur commun est bien l’humain, pas la couleur de peau! Je suis aussi révoltée que toi … je passe ton message.».
Ainsi Cécile Martin : « je suis profondément navrée de lire cette lettre Katell. Les mots me manquent ! Quels idiots ! Chez moi en Bretagne aussi pourtant je me sens libre ! Des amis de toutes origines de toutes couleurs de peau. Des petits copains métis ou d’une autre religion pour les enfants … Quelle honte pour notre pays ! Mais ouvrons les yeux et ouvrons les bras à la différence !
Cette différence que l’on porte en chacun de nous même si nous avons la même couleur de peau ! Car chacun est différent de l’autre ! Et notre dénominateur commun est bien l’humain, pas la couleur de peau! Je suis aussi révoltée que toi … je passe ton message.».
Et Virginie Torel : « Je compte retourner vivre dans ma Normandie, et j’avoue que le peu de mixité et la facilité des insultes racistes qui va avec me fait peur pour mes deux petits métisses.»
Beaucoup de commentaires compatissants, mais également quelques internautes qui s’interrogent comme Michel Cédric Lipango : « Je n’ai rien contre le métissage mais svp arrêter de dire que les métis sont plus riches ou plus cela… ce sont des enfants comme les autres! Ils n’ont rien de plus qu’ un blanc noir asiatique ou maghrébin arabe etc. n’oubliez pas que c’est comme ça qu’ils ont fait en Afrique du Sud pendant l’apartheid pour rendre les enfants noirs inférieurs aux métis et pareil aux États-Unis de plus les hommes métis se mettent très rarement avec une femme noire pour faire des enfants comme s’ils renié leur coté noir; les femmes par contre c’est plus partager et c’est bien!
Deux parents noirs et blancs peuvent aussi avoir des enfants riches culturellement et ouvert sur le monde ne reproduisons pas ce que nous dénonçons j’ai des frères et soeurs metis et ils ne se sentent pas plus riches que moi ou quoi c’est l’éducation avant tout qui fait la différence j’aurais sûrement un enfant noir à l’avenir… et c’est pas pour celà qu’ il aura moins de culture je lui donnerait la meilleure éducation possible pour qu’ il soit ouvert sur le monde et à son tour j’espère qu’il fera pareil avec ses enfants qu’ils soient métis ou pas…»
Un commentaire d’Hugo Costecalde vient enfin clairement s’interroger sur la prose de Mme Pouliquen : « C’est un festival de niaiserie cette complainte du week-end. La méchante France raciste de province alcoolique contre les gentils multiculturalistes relativistes parisiens, et le tout bourré de clichés par dessus le marché… Marcus Miller plutôt que Marc l’empereur romain…mais pourquoi? Et lequel par Toutatis? Marc le byzantin balancé au trou, sans intérêt? Ou Marc-Aurèle, le philosophe magnanime qui a dominé l’Empire lorsque celui-ci fut au sommet de sa puissance? Ne serait-ce pas une référence tout à fait saine? Avez-vous un problème avec l’histoire des grands hommes? Sont-ils des modèles désuets selon votre grande expertise éducationnelle de rédactrice en chef d’un torchon rempli de pubs?
Bref…tout ce texte, mal écrit et à faire pleurer dans les chaumières, est d’une connerie aussi abyssale que son propos… d’ailleurs il sonne faux, et il y a de quoi mettre en doute la véracité de cette histoire, tout au plus anecdotique par ailleurs.
La vraie question est la suivante : quand est-ce qu’un être assez courageux se déterminera à interdire la figuration du mot « presse » pour qualifier la presse féminine?…car à ce niveau là, c’est plus de la presse, mais de la purée mousseline. Et je ne vois pas pourquoi on accorderait plus d’importance à la parole d’une pomme de terre comme vous.»
Bref…tout ce texte, mal écrit et à faire pleurer dans les chaumières, est d’une connerie aussi abyssale que son propos… d’ailleurs il sonne faux, et il y a de quoi mettre en doute la véracité de cette histoire, tout au plus anecdotique par ailleurs.
La vraie question est la suivante : quand est-ce qu’un être assez courageux se déterminera à interdire la figuration du mot « presse » pour qualifier la presse féminine?…car à ce niveau là, c’est plus de la presse, mais de la purée mousseline. Et je ne vois pas pourquoi on accorderait plus d’importance à la parole d’une pomme de terre comme vous.»
Faute d’autres témoignages recueillis, seul celui de Katell Pouliquen, militante engagée – comme elle l’écrit dans ses textes – contre le racisme et au service d’une société multiculturelle , est aujourd’hui mis en avant.
Difficile de ne pas émettre dès lors des interrogations , d’une part sur l’authenticité du témoignage – qui, s’il était avéré, relaterait des propos condamnables par la loi – et d’autre part, de ne pas voir dans ce buzz réussi (une large partie de la presse a repris le texte) une tentative de missile politique et médiatique.
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com , 2017 Dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
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