Le 23/02/2017
Pascal Célérier
Bayrou n’avait pas d’autre possibilité.
Les sondages ne lui concédaient que des miettes, entre un Fillon qui a préempté l’électorat provincial et sage qui aurait pu se satisfaire de lui, et un Macron qui a, en six mois, rajeuni le centrisme vieillot qu’il n’a jamais réussi à faire exister.
Pas d’autre choix, non plus, car, dans cette présidentielle portée par un puissant désir de renouvellement, une quatrième candidature Bayrou, après 6 % en 2002, 18 % en 2007 et 9 % en 2012, aurait fini en deçà des 5 %.
Il aurait rejoint la charrette des figures que les Français de 2017 veulent congédier : Hollande, Sarkozy, Juppé.
Et quelques autres encore.
En fait, il les a déjà rejoints, il le sait, mais sa momie Duracell bégaie encore : « Je suis François Bayrou.
L’heure est grave.
Je fais don de ma personne au favori du moment. »
Un homme du passé, notre Béarnais : giscardien d’origine, ministre de l’Éducation nationale pour la cogérer avec le SNES sous Balladur et sous Juppé de 1993 à 1997, et puis, depuis vingt ans, une aventure solitaire, terne, qui a culminé lamentablement dans l’appel à voter Hollande en 2012.
Un de ces gestes dont on ne se remet jamais : avoir vu en Hollande le sauveur…
Bayrou aura été un champion des mauvais choix : après Hollande, il choisit Juppé.
Et dans l’équipe du maire de Bordeaux, on sait désormais que cette mauvaise fréquentation a pesé… C’est pourquoi l’équipe Macron ne devait pas être très enthousiaste non plus.
« Macron est brillant », a lancé M. Bayrou, lui qui le traitait cet été d’« hologramme ».
Et, donc, M. Bayrou, qui ne l’est pas, s’est tourné vers ce qu’il croit être une promesse assurée de succès, comme avec Hollande, comme avec Juppé…
Avec, évidemment, le secret espoir de décrocher enfin un poste national, puisque les deux brillances précédentes n’y ont pas réussi.
Ne soyons pas injuste avec Bayrou : au moins a-t-il su vendre le 2 % de son panache au bon moment, quand son brillant banquier, dont l’éclat pâlit dangereusement dans les sondages, a eu besoin de rajouter à son socle friable ce petit vernis vieux centriste.
D’ailleurs, M. Macron a accepté l’offre immédiatement.
Une précipitation qui sent bon la panique, chez les En Marche !
Donc M. Bayrou, qui a soutenu Hollande en 2012, et a dit les pires choses sur sa politique et son ministre de l’Économie, va soutenir le candidat de M. Hollande.
Sans rire, il a posé comme condition de son ralliement « la séparation nécessaire de la politique et de l’argent ».
Il y a six mois, M. Macron était pour lui « le candidat des forces de l’argent ».
Il a aussi déploré l’éclatement dangereux de l’offre politique qui mettrait en péril la démocratie, tout en demandant l’instauration de la proportionnelle, assurément le meilleur vecteur d’instabilité.
M. Bayrou, fidèle à lui-même, a qualifié sa prestation de « tournant » dans cette campagne.
Non, dans la trajectoire Bayrou : aucun tournant, mais toujours le même manque de flair et de logique politiques.
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