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mercredi 12 août 2015

Rebsamen : démission d’un hologramme

                                                    

Le 12/08/2015
 
François Rebsamen devait être l’homme de l’inversion de la courbe ; il aura été intronisé ministre du Chômage, des Prévisions fantaisistes et des Excuses bidon.
Finalement, ce n’est pas le 9 septembre mais le 19 août que François Rebsamen remettra sa démission à François Hollande pour réintégrer ses fonctions de maire de Dijon.
 Qui s’en soucie ?
Qui connaissait seulement le visage de celui qui dirigeait l’un des ministères dont on attendait le plus ?
 François Rebsamen devait être l’homme de l’inversion de la courbe ; il aura été intronisé ministre du Chômage, des Prévisions fantaisistes et des Excuses bidon, au terme de seize interminables mois d’inaction, ayant engrangé quelque 200.000 demandeurs d’emploi supplémentaires.
Aussi désincarné qu’un hologramme.
Jouant les Mme Irma avec une désarmante mauvaise foi, François Rebsamen aura égrainé les pronostics les plus ésotériques, annonçant une « tendance baissière » du chômage à son arrivée en 2014, puis une simple « stabilisation », avant de reconnaître un « échec », mais de prédire une « baisse » fin 2015, année de « stagnation » qui « sera meilleure que 2014″.
De quoi refiler le tournis aux médias et le bourdon aux six millions de chômeurs en panne d’avenir qui se voient, en sus, menacés de flicage.
 Faute de parvenir à relancer l’économie et stimuler le marché du travail, radions donc tous ceux qui ne recherchent pas assez activement des jobs qui n’existent pas.
 C’est tellement plus simple que de remettre en cause l’utilité de Pôle emploi qui, selon la Cour des comptes, ne contribuerait qu’à 12,6 % des reprises d’activité.
 
Pour édulcorer les chiffres toujours plus catastrophiques qui se succèdent, François Rebsamen se perd en explications techniques vaseuses, invoquant, entre autres, un incident en mai sur la collecte des actualisations.
En juin, il se félicite en revanche de résultats stables… qui sont, en fait, le fruit du changement du mode de calcul de Pôle emploi.
 Sa loi sur le dialogue social, adoptée en juillet à l’Assemblée, ne fournit aucune réponse crédible à la pénurie d’offres d’embauche : les seuils sociaux sont tout juste « lissés », la création de commissions paritaires régionales impose aux TPE une représentation syndicale qui va leur compliquer un peu plus la vie.
Son plan pour l’emploi des séniors est un échec, de même que ses remèdes contre le chômage longue durée, qui touche désormais près de 2,4 millions d’inscrits.
 
Privilégiant les vieilles recettes hypercaloriques de la gauche, il déverse à la pelleteuse des contrats aidés – le tour de prestidigitation préféré des socialistes – pour résorber le chômage en généralisant la précarité.
 
On en dénombrera 545.000 fin 2015 pour un coût de 3,3 milliards d’euros.
 
 Il instaure le compte personnel de formation, une usine à gaz qui connaît un démarrage indolent : seuls 21.000 dossiers validés depuis le début de l’année, là où le précédent dispositif, le droit individuel à la formation, en totalisait au moins 60.000 par mois.
 
 Relique d’une gauche antédiluvienne déconnectée du monde réel, il s’est retrouvé vampirisé par l’ambitieux et libéral Emmanuel Macron, chantre du travail dominical, des simplifications administratives, de l’épargne salariale ou encore de la libéralisation des professions réglementées ; des mesures controversées, mais qui ont le mérite de dépoussiérer les vieux dogmes et d’être pragmatiques.
 
Seront-elles plus efficaces que celles portées par son acolyte en partance ?
 
 Qui vivra verra.
 
François Rebsamen, lui, quitte le navire avec l’invraisemblable « sentiment d’avoir bien fait [son] travail » et s’en retourne dans la pénombre.

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