Le 22/08/2015
Comme disait Jacques Chirac, les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
Difficile de ne pas voir dans cette énième promesse une manœuvre électorale pour débroussailler le terrain sinueux des présidentielles et reléguer aux oubliettes ses précédents fiascos.
Exit, le président normal et exemplaire, le président de l’inversion de la courbe du chômage, du redressement économique et industriel.
Place au président de la réduction d’impôts.
Après avoir infligé aux entreprises et aux particuliers un sévère essorage fiscal, plombant avec une maestria inégalée l’investissement, l’embauche et le pouvoir d’achat, François Hollande s’évertue depuis des mois à rattraper le coup, en vain.
Son pacte de responsabilité n’a guère dopé les créations de postes ; ses coûteux dispositifs de lutte contre le chômage, tels que les emplois aidés, ont tout juste limité la casse.
En désespoir de cause, compte-t-il vraiment sur une baisse des impôts des ménages pour relancer la consommation et, par ricochet, la croissance ?
Le moins qu’on puisse dire est que la conjoncture n’est pas idyllique pour souscrire à de telles utopies.
L’endettement de l’État caracole désormais à 2.089,4 milliards d’euros, soit 97,5 % du PIB – dont 51,6 milliards en l’espace de trois mois : un record.
Au deuxième trimestre, la croissance a affiché un lamentable zéro pointé, malgré le prétendu « alignement des planètes ».
Certes, les entreprises ont tiré un relatif bénéfice de la chute du prix du pétrole et de l’affaiblissement de l’euro (le change leur étant plus favorable quand elles rapatrient de l’étranger du bénéfice en dollars).
Pas suffisant, toutefois, pour les inciter à investir et à retrouver une confiance fortement émoussée. En août, l’activité du secteur privé a continué à ralentir, celle de l’industrie s’est contractée.
En Europe, où la reprise tend à se ramollir, les turbulences sur le marché et l’économie chinois pourraient bien asséner de sérieuses secousses, de même que les performances décevantes outre-Atlantique, sans parler des récessions russes et brésiliennes.
Espérer le retour de la croissance hexagonale sous des auspices si chaotiques est périlleux.
Or, s’il veut à la fois dégraisser la fiscalité des ménages et maintenir l’objectif d’un déficit public ramené à 3,3 % en 2016, François Hollande devra pouvoir s’appuyer sur une croissance supérieure à 1,5 %.
Certains économistes, comme Jacques Delpla, la situent entre 0,5 et 1 %.
Si elle reste inférieure à 1,3 %, elle ne permettra pas, en tout cas, de freiner l’endettement, qui risque de se creuser aux troisième et quatrième trimestres 2015 : des dépassements budgétaires dus à la hausse inexorable du chômage et aux déploiements militaires (Opex, lutte antiterroriste) sont à redouter.
Le gouvernement peut-il réduire davantage les dépenses publiques ?
Il doit déjà raboter à grand-peine 50 milliards d’ici à 2017.
D’après Moody’s, l’État a accusé une baisse de 1 % des recettes fiscales nettes au premier semestre, par rapport à la même période en 2014.
Rien que sur la TVA, le manque à gagner s’élève à 3,6 milliards.
On se demande où François Hollande va bien pouvoir siphonner l’argent nécessaire pour gratifier les classes moyennes d’un allégement d’impôts en vue de capter leur bulletin de vote.
M’enfin, comme disait son copain Jacques Chirac, les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
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