« Le sentiment d’appartenance à un ordre, qui oblige ses membres à certaines règles de bonne conduite et de savoir-vivre, est un engagement tacite auquel tout décoré doit se soumettre. »
C’est ce qu’on peut lire à la page « Droits et devoirs du décoré » sur le site Internet de la grande chancellerie de la Légion d’honneur.
Mais qu’est-ce que le savoir-vivre aujourd’hui ?
Est-ce une notion réservée aux seuls lecteurs de la délicieuse baronne Nadine de Rothschild et qui perd toute valeur, une fois passée la grille du château ?
Au passage, ne confondons pas le savoir-vivre avec le fameux « vivre ensemble » que les bobos veulent imposer au peuple vivant hors les murs, alors qu’eux a contrario font tout pour vivre entre eux.
Du reste, on notera que ce « vivre ensemble », dont on a plein la bouche à gauche (surtout) et à droite (par mimétisme), connaît un succès proportionnel à l’effondrement du savoir-vivre.
L’impolitesse peut être la première marche d’un escalier à « vices » dont la deuxième est l’incivilité, la troisième la délinquance…
Le savoir-vivre, c’est tout un tas de règles non écrites qui commencent simplement par « mouche ton nez, dis bonjour à la dame » et qui, avec l’avancée dans la vie, commandent de se comporter avec dignité, en actes et en paroles, jusqu’au dernier jour si possible.
On est en droit d’en douter.
Bonne conduite, savoir-vivre lorsqu’on écrit avec délicatesse : « Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ? »
On peut encore douter.
Enfin, bonne conduite, savoir-vivre lorsqu’on écrit à propos d’un critique littéraire du Monde, journal dont on est propriétaire : « Chevillard ou Cosnard ? Où le connard n’est pas celui qu’on pourrait croire » ?
Là aussi, le doute est toujours permis.
Même au château, on n’insulte pas ainsi les domestiques !
Ce sont pourtant les mots d’un homme réputé, recommandable aux yeux des puissants, un homme qui certainement doit savoir faire le baise-main et qui ne doit jamais manquer d’accorder sa cravate avec ses chaussettes.
Vous aurez bien entendu reconnu Pierre Bergé…
Cet homme sera bientôt élevé à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur.
Est-ce à dire qu’il considérera ses prérogatives en matière d’insultes et de grossièretés, elles aussi, dignes d’être élevées au rang supérieur ?
Noblesse oblige, dit-on pourtant…
Une fois que le Président lui aura épinglé sur le côté droit de la poitrine – celui du portefeuille – le « crachat » d’argent, cet homme aura droit aux honneurs militaires pour ses funérailles, tout comme les soldats tombés au champ d’honneur.
Ce jour-là, on pleurera.
Lire aussi : Pierre Bergé, ou le naufrage de la vieillesse…
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