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samedi 6 décembre 2014

Des médecins de Seine-Saint-Denis en colère après de nouvelles agressions

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Par Caroline Piquet
Publié le 05/12/2014 à 15:28

 
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Les médecins urgentistes se sont mis en grève après deux agressions successives de leurs collègues lors de visites à domicile. La préfecture, longtemps restée silencieuse, a fini par recevoir ces praticiens ulcérés.
 

Les médecins libéraux rattachés au Samu centre 15 de Seine-Saint-Denis sont excédés.
Deux agressions d'urgentistes ont eu lieu en l'espace de 15 jours au mois de novembre, sans que les autorités ne réagissent.
En l'absence de réponse de la préfecture et de l'Agence régionale de santé, ces urgentistes, qui effectuent des visites à domicile, ont accentué la pression, en faisant grève jeudi.
 Au total, 25 médecins libéraux regroupés au sein du SUR 93 (service d'urgence) et 25 assistants régulateurs (ceux qui filtrent les appels du 15) basés au Samu du 93 à l'hôpital Avicenne de Bobigny n'ont pas travaillé.
 Une première.
«C'est à l'Etat d'assurer notre sécurité: on ne va tout de même pas s'armer pour aller soigner les gens dans les cités!», s'est exclamé Georges Siavellis, médecin coordinateur de la permanence des soins dans le département.
Face à la médiatisation de la situation, la préfecture a fini par réagir jeudi soir en recevant les médecins en colère.
Résultat, un groupe de travail devrait être mis en place pour réfléchir aux moyens à mettre en oeuvre.

Les vitres de la voiture cassées, les insultes, les menaces...

La première agression a eu lieu à Aulnay-sous-Bois.
C'était un dimanche après-midi, vers 14h.
Le médecin a été menacé et molesté par des jeunes qui voulaient l'empêcher de faire sa visite.
La seconde altercation, à Epinay-sur-Seine, fut plus violente.
Vers 23h30, un médecin urgentiste a été dépouillé à la sortie d'une visite à domicile.
Tois individus cagoulés l'ont aspergé de gaz lacrymogène pour lui prendre son portable et sa malette. Le médecin a porté plainte dès le lendemain.
Pour améliorer leurs conditions de travail, les urgentistes souhaiteraient qu'un système d'accompagnant soit mis en place.
«Parfois, le voisinage ou un agent de quartier nous raccompagne, mais ce n'est pas toujours possible», témoigne le Dr George Hua, médecin au Sur 93.
 «Du coup, l'idée c'est qu'une personne puisse systématiquement nous récupérer à la sortie de la visite en bas de l'immeuble pour aller jusqu'à la voiture».
En trente ans de métier, cet urgentiste n'a jamais été victime d'agressions physiques, mais il a connu les vitres de la voiture cassées, les insultes, les menaces...
 «C'est vrai que j'ai eu des situations difficiles, où j'étais obligé de faire demi-tour car on ne voulait pas que je rentre dans l'immeuble.
Mais, rassurez-vous, on n'y va pas la peur au ventre.
 On ne pourrait pas faire ce métier sinon.
Si on y va, c'est parce que les familles nous le rendent bien», explique-t-il.

Voiture avec chauffeur

Christophe Prudhomme, le porte-parole de l'Association des médecins urgentistes de France, comprend parfaitement la situation de ses collègues libéraux.
«Ils devraient avoir les mêmes moyens qu'en province», réagit le médecin urgentiste qui travaille aussi en Seine-Saint-Denis.
«En Gironde, à Libourne par exemple, ils ont des voitures avec chauffeur pour aller faire les visites à domicile.
Ici, ils partent tous seuls avec leur propre véhicule, ce n'est pas normal».
 Le médecin, qui se défend de vouloir stigmatiser les populations des cités, tient toutefois à clarifier la position des praticiens: «On ne demande pas un policier derrière chaque médecin, au contraire! On veut juste être protégé pour pouvoir continuer à intervenir partout, sinon, on finira par avoir des ghettos à l'américaine!».
Pour le Dr Edgard Fellouz, président du conseil départemental de l'ordre des médecins de Seine-Saint-Denis, la détresse des médecins doit être mieux prise en compte et des mesures supplémentaires doivent être mises en place.
Actuellement, une ligne directe reliée à l'Etat-major, permet aux praticiens en difficulté de faire venir les policiers de la Bac très rapidement.
«On a aussi mis en place un suivi des médecins pour les soutenir et les accompagner dans leur démarche quand ils souhaitent porter plainte», ajoute le Dr Fellouz en précisant que, dans ces cas là, l'ordre se consitue partie civile.

Bientôt un bipper géolocalisé

En dehors de ces dispositifs, un nouveau projet devrait bientôt voir le jour : dans trois mois, les médecins de Seine-Saint-Denis seront équipés d'un bipper de géolocalisation.
 «Il s'agit d'un boîtier noir en plastique, de la taille d'un paquet de cigarette, que le médecin pourra facilement activer en cas d'agression», explique encore le Dr Fellouz.
Un petit bouton permet à la fois d'envoyer une alerte à la police et d'activer un micro.
 Les médecins urgentistes du Val-de-Marne devraient également en être pourvus.
D'après un rapport publié jeudi, le nombre de violences envers les médecins a augmenté en 2013. Après deux années de relative accalmie, le nombre d'incidents (dont des agressions) ont grimpé de 15% par rapport à 2012, d'après l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP).
 Dans ce triste palmarès, la Seine-Saint-Denis est le deuxième département français à cumuler le plus d'agressions envers les médecins (45).

Un chiffre stable par rapport à 2012 (46).

 Le département se place ainsi devant Paris (40) et juste derrière le Nord (48).

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