La guerre réussit plutôt bien à François Hollande.
Encore faudrait-il ne pas se tromper de cibles.
"Il n’y a pas de temps à perdre face à la menace des djihadistes de Daesh", a-t-il expliqué ce lundi en ouvrant, à Paris, la conférence internationale sur "la paix et la sécurité en Irak".
Daesh : le mot aseptisé pour désigner l’Etat islamique (EI), revendiqué pourtant comme tel par le nouveau calife, qui s’inscrit dans la tradition des successeurs de Mahomet.
"Il se compare au premier calife jusque dans sa manière de s’habiller , a même fait remarquer le président irakien, Fouad Massoum, ce matin sur Europe 1.
Ce califat n’est pas, en effet, une créature de l’Occident comme le répètent les sempiternels culpabilisateurs du monde libre.
L’EI, alias Daesh, veut imposer un retour à l’Islam des origines, c’est-à-dire notamment à une idéologie de conquêtes territoriales et de conversions par le sabre.
N’oublions pas qu’un siècle seulement après la mort du prophète, ses fidèles étaient à Poitiers.
C’est au nom du djihad que les Chrétiens, les Aziris et d’autres minorités sont persécutés.
C’est en son nom qu’un troisième occidental, le travailleur humanitaire britannique David Haines, vient d’être décapité au couteau et complaisamment filmé.
Ceux que Hollande veut affronter, emboitant le pas de Barack Obama, ne sont donc pas seulement des "terroristes", comme le dit le discours officiel.
Ce sont des islamistes, rejoints d’ailleurs par près d’un millier de jeunes Français, dont beaucoup de convertis à l’islam radical.
La guerre qui se profile est bel et bien une guerre de civilisation, dans laquelle les pays musulmans "alliés" (Emirats, Qatar, Turquie, etc) vont être amenés à donner des preuves de leur réelle volonté de combattre cet islam barbare.
Mais cette guerre à aussi ses foyers en France.
"Nous ne sommes plus à nous demander s’il y aura un attentat, mais quand", explique Loïc Garnier, directeur de l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Le Parisien).
Or les réticences qui s’observent chez Hollande pour désigner l’ennemi extérieur sont plus considérables encore s’agissant de décrire l’ennemi intérieur.
"La propagande des terroristes n’a rien à voir avec le message de l’islam", s’empresse d'assurer Bernard Cazeneuve.
Le souci du ministre de l’Intérieur d’éviter l’amalgame avec les musulmans est louable.
Mais il est inopérant.
Car cette indifférenciation est déjà majoritairement faite par l’opinion, confrontée ici aux revendications religieuses et identitaires, là aux scènes de guérillas urbaines ou à la montée des intolérances.
La mise en avant de l’islamophobie, ce sentiment d’agression qui permet à l’islam radical de justifier la riposte, masque la montée vertigineuse de la judéophobie.
Les actes antisémites ont progressé en France de 91% de janvier à fin juillet 2014.
Comme le souligne (Le Figaro, samedi) le président de la Licra, Alain Jakubowicz, ces actes "sont dans une immense majorité des cas commis (…) par des jeunes issus de la communauté arabo-musulmane".
La christianophobie qui s’observe en terres d’islam n’émeut pas davantage.
Dimanche, Place de la République, à Paris, à peine deux cents personnes ont dénoncé le génocide des minorités en Irak.
L’Appel de Paris, ce texte de solidarité publié par la Mosquée de Paris, est une heureuse démonstration d’apaisement.
Mais les musulmans de France ne pourront faire l’économie de se désolidariser du conflit civil qui probablement s’annonce, attisé par une minorité belliqueuse qui se réclame de l’islam littéral.
Sinon, le pire est à craindre.
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