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Par Jean-Marc Leclerc
Mis à jour le 30/07/2014 à 12:26
Publié le 30/07/2014 à 11:24
Par Jean-Marc Leclerc
Mis à jour le 30/07/2014 à 12:26
Publié le 30/07/2014 à 11:24
INFO LE FIGARO - L'homme aurait frappé à quatre reprises, du passage des Soupirs à la rue des Pyrénées, dans le XXe arrondissement de Paris. Entre-temps, il avait été arrêté puis relâché, malgré ses aveux, au prétexte qu'il pouvait justifier d'un domicile.
Mathilde, 25 ans, se souviendra longtemps du nouvel esprit de clémence qui souffle sur la justice pénale.
Le 27 juillet dernier, vers 3h30 du matin, en regagnant son domicile parisien, rue des Pyrénées, à Paris (20e), la jeune femme a été victime d'un viol par un multirécidiviste que la justice avait relâché quelques jours plus tôt, au motif qu'il présentait des «garanties de représentation».
«En réalité, un simple justificatif de domicile fourni par la famille!», se scandalise un policier du Syndicat Synergie-Officiers, dirigé par Patrice Ribeiro.
À en croire les rapports d'enquête, ce violeur présumé de 37 ans, de nationalité guinéenne, qualifié de «sans domicile fixe» par le police, s'est signalé, dès le 18 mai dernier, par une première agression connue.
Ce jour-là, à 4h15, passage des Soupirs à Paris (XXe), une femme est agressée par un individu qui l'étrangle par-derrière, la menant au sol et «poursuivant son acte à deux mains autour de son cou», indiquent les policiers.
La victime décide de feindre l'évanouissement.
Le violeur relâche son emprise.
Choquée mais lucide, la jeune femme essaie de sympathiser avec son agresseur qui, finalement, la ramène chez elle, avant de prendre la fuite.
Mais voilà: une demi-heure plus tard, une seconde jeune femme est à son tour agressée, à deux pas, rue de la Mare, «selon le même mode opératoire», note la police. Et elle parvient à s'échapper.
Profil ADN et suivi caméra
Pour les enquêteurs, la coïncidence est troublante et il s'agit probablement du même homme.
Le magistrat qui suit l'affaire au tribunal de grande instance de Paris qualifie les faits de «tentative d'homicide».
Un portrait-robot de l'agresseur est même établi et diffusé.
Un profil ADN masculin inconnu est isolé sur les vêtements de la première victime du passage des Soupirs.
Il sera utile en cas d'arrestation d'un suspect.
La jeune femme déclare aussi s'être fait voler son portable ce soir-là.
Un moyen peut-être de remonter l'itinéraire du violeur.
Mais surtout, les caméras de voie publique de la préfecture de police (P.P.) de Paris sont mises à contribution.
Elle permettent d'apercevoir un homme qui correspond au signalement des victimes, sans pouvoir l'identifier formellement.
La police établit un recoupement avec un fait similaire commis en 2012, dont le 2e Division de police judiciaire était saisie.
«Au vu de l'absence de mobile autre que l'homicide dans les trois affaires, le profil similaire des victimes et le secteur géographique identique, une approche sérielle (est) envisagée», explique une note de la P.P. L'Office Central pour la Répression des Violences aux Personnes est cosaisi par le parquet.
Enfin, grâce aux «investigations techniques», le profil d'un suspect tombe: Hamidou B., 37 ans, pourtant inconnu dans les fichiers de police, notamment le Traitement d'Antécédents Judiciaires (TAJ, ex-Ariane).
Un mandat de recherche est aussitôt délivré et l'homme finit par être arrêté, le 10 juillet dernier, rue de l'Ermitage, à Paris (XXe).
Les enquêteurs sont soulagés.
Le suspect, placé en garde à vue, reconnaît même les faits.
Les pulsions d'un malade
Déféré, placé en détention provisoire dans le cadre d'une ouverture d'information judiciaire, il est finalement laissé libre «car son beau-frère lui a communiqué un justificatif de domicile», déplorent les policiers.
Libre sous contrôle judiciaire avec «interdiction de se rendre dans le XXe arrondissement de Paris». Que pèse une telle injonction face aux pulsions d'un malade sexuel?
«Ce qui devait arriver, arriva», raconte un représentant de Synergie-Officiers.
C'est le viol de Mathilde, rue des Pyrénées, le 27 juillet dernier.
Une victime courageuse, elle aussi, et qui fait face.
Lorsqu'elle est abordée par l'homme qui la suit depuis un moment, elle l'éconduit.
L'homme la suit pourtant, de loin, puis la rattrape et tente de l'embrasser de force.
Elle le repousse à nouveau, plus fermement.
Dans le hall de son immeuble, elle pense trouver refuge derrière une porte, mais le violeur se jette sur elle, la pousse dans les escaliers et «l'embrasse à nouveau de force avant de la projeter au sol et de lui maintenir la tête en l'écrasant contre le mur», raconte un policier.
L'agresseur profite de la situation pour abuser d'elle.
Mais sa proie se débat farouchement et parvient à repousser son violeur qui prend la fuite.
Mathilde a déposé plainte le 28 juillet dernier.
Un album photographique incluant le cliché du fameux Hamidou lui est présenté, selon les règles de l'art.
Elle le reconnaît formellement.
Ce multirécidiviste présumé finira par être arrêté à Paris, dans le XVIe arrondissement, le 29 juillet après-midi.
Avec quatre viols ou tentatives qui pourraient donc lui être attribués.
Sous réserve que d'autres victimes ne se fassent pas connaître.
Pour Patrice Ribeiro, le secrétaire général de Synergie-Officiers, cette affaire est «emblématique» des errements judiciaires actuels, où «un certain laxisme finit par mettre en danger les victimes».
Lui établit un lien direct avec «l'esprit des lois Taubira».
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