Le 31/07/2016
Auteur :
Karim Akouche est poète, romancier et dramaturge. Né en Kabylie, il vit au Québec.
Puisse ce texte, écrit en janvier 2016, ouvrir les yeux des aveugles qui nous gouvernent. Car l’avenir de la France, donc celui de nos enfants, pourrait bien être celui que décrit Karim Akouche :
Après les horreurs du vendredi 13 , la France de demain ne sera plus comme avant.
Elle ne sera plus la France d’hier.
Elle sera semblable, à quelque chose près, à l’Algérie des années 90 :
Paris sera Alger. Toulouse, Blida ou Média. Lyon, Ain Defla. La Kabylie, la Bretagne.
Ce n’est pas difficile à prédire.
C’est même une évidence pour celui qui, comme moi, a vécu la guerre civile algérienne, côtoyé la violence aveugle des fous de Dieu, marché sur des flaques de sang et des morceaux de chair.
Ça a débuté comme ça : en bruit de pantoufles avant que ne retentissent les kalachnikovs et les bombes.
On pensait que c’était un jeu.
Comme ces pétards que les enfants faisaient exploser lors de l’aïd et de l’anniversaire de la naissance du Prophète.
On riait des qamis et des barbes hirsutes des intégristes.
C’étaient nos « pères Noël ».
Ils n’apportaient pas de cadeaux, ne distribuaient pas de bonbons, mais ils aimaient nous raconter des histoires obscures sur l’enfer et le jugement dernier.
On trouvait leur façon de s’habiller exotique.
Car, à la fin des années 80, rares étaient ceux qui portaient ces accoutrements importés d’Afghanistan et d’Iran.
Puis ça a continué comme ça : par l’intimidation.
Avec des mots qui, certes, étaient trop violents pour mes oreilles d’enfant, mais c’était de simples mots.
Les islamistes harcelaient les femmes libres, les démocrates et les laïques.
Ils traitaient les progressistes de dépravés, de suppôts des croisés.
Parfois, ils donnaient des coups de poing, de simples coups de poing.
Puis ça a progressé.
Ils utilisaient des objets, de simples objets : des galets, des cordes, des seringues d’acide, des couteaux, des haches…