par Charles Sannat | 27 Juin 2023 |
Mes chères impertinentes, chers impertinents,
Je vais vous laisser prendre connaissance du dernier discours du
gouverneur de la banque de France qui a dévoilé le nom de la future
crypto-monnaie européenne, le « Cash+ ».
C’est beau le Cash +, c’est le cash, mais en version plus… « plusse mieux » je suppose comme disent mes enfants.
Mais de vous à moi, à quoi va servir une telle monnaie « digitale »
de banque centrale, puisque notre euro est en réalité très largement
dématérialisé. Entre nos paiements en CB, le « sans contact » et les
virements que nous nous faisons, les espèces ne représentent plus qu’une
proportion très négligeable de nos échanges.
Alors de vous à moi, pour nous, le peuple, les PME, ou même les
entreprises plus grandes, ce nouveau machin « cash+ » n’a strictement
aucun intérêt est c’est plutôt « cache+ » car oui, on nous cache des
choses !
Ces choses que l’on nous cache sont très faciles à comprendre et sont
exprimées à demi-mots par le gouverneur de la banque de France.
Ce que l’on nous cache et ce dont on ne débat pas, tourne évidemment
autour de la vie privée et surtout du contrôle et de la surveillance.
Selon les propos même du gouverneur de la Banque de France « le «
Cash+ » apportera des avantages significatifs par rapport aux billets :
il permettra à chacun d’utiliser la monnaie de banque centrale dans le
e-commerce, pour les paiements à distance entre pairs (peer-to-peer),
ainsi que pour les paiements conditionnels. »
Officiellement, vous le voyez, il s’agit de e-billets de banques que
vous pourrez donc utiliser pour vos paiements en ligne. Des paiements en
ligne que nous faisons aujourd’hui sans problème avec nos moyens de
paiement actuel.
Encore une fois, cet e-billet, cette crypto-monnaie de banque
centrale n’apporte strictement rien. Elle ne nous apporte rien ou si
peu, qu’il ne faut surtout pas que nos autorités s’embêtent à ce point
pour nous la mettre en place.
Alors si cela ne nous sert pas à grand-chose, mais qu’ils y tiennent
beaucoup, c’est que les avantages ne sont pas forcément pour la
population, mais pour les autorités monétaires et bancaires (sans
oublier les autorités politiques), car à terme la suppression du cash
physique c’est évidemment la diminution des coûts. C’est aussi la mise
en place d’un contrôle monétaire rendant l’évasion fiscale quasiment
impossible. C’est aussi dans une vision extrême, le volet monétaire d’un
contrôle social potentiel comme en Chine. Votre porte-monnaie
numérique, comme votre pass sanitaire pourront être désactivés,
rechargés, ou limités. On pourrait même vous le supprimer.
Bref, les dérives potentielles sont telles que c’est un sujet qui
mérite, bien évidemment, un débat démocratique et philosophique
national.
Voici le texte du discours source Banque de France ici.
La monnaie numérique d’un monde qui change « Permettez-moi maintenant d’aborder mon second sujet : les
évolutions technologiques en cours dans les domaines de la finance et
des paiements, qui nous ont amenés, nous l’Eurosystème, à lancer une
phase d’investigation sur une monnaie numérique de banque centrale
(MNBC) de détail, sous l’égide de la Présidente Christine Lagarde et de
mon collègue et ami Fabio Panetta. Si le Conseil des gouverneurs
l’approuve, une phase de préparation débutera à la fin de l’année, avant
un lancement potentiel et progressif à partir de 2027 ou 2028. J’ai
conscience de fouler ici un terrain moins consensuel, à entendre les
doutes des banques qui s’articulent autour de deux arguments : (i) la
MNBC serait « une solution en quête d’un problème », la question du «
pourquoi? », (ii) la MNBC ferait concurrence à la monnaie de banque
commerciale.
La finalité : un billet de banque numériqueEn ce qui concerne le « pourquoi ? », j’imagine qu’il y a deux
siècles, de nombreuses voix remettaient en question la nécessité
d’émettre un billet de banque papier – une innovation technique majeure à
l’époque – en plus des bonnes vieilles pièces en or et en argent.