27 février 2023
businessbourse
En
octobre 2022, environ huit mois après le début de la guerre en Ukraine,
l’Université de Cambridge au Royaume-Uni a harmonisé des enquêtes
menées dans 137 pays sur leurs attitudes envers l’Occident et envers la
Russie et la Chine.
Les résultats de l’étude, bien qu’ils ne
soient pas exempts d’une marge d’erreur, sont suffisamment robustes pour
être pris au sérieux.
• Pour les 6,3 milliards de personnes qui
vivent en dehors de l’Occident, 66% ont une opinion positive envers la
Russie et 70% ont une opinion positive envers la Chine, et,
• Parmi
les 66 % qui ont une opinion positive de la Russie, la répartition est
de 75 % en Asie du Sud, 68 % en Afrique francophone et 62 % en Asie du
Sud-Est.
• L’opinion publique à l’égard de la Russie reste positive en Arabie saoudite, en Malaisie, en Inde, au Pakistan et au Vietnam.
Des sentiments de cette nature ont provoqué une certaine opposition, de
la surprise et même de la colère en Occident. Il leur est difficile de
croire que les deux tiers de la population mondiale ne sont pas du côté
de l’Occident.
Quelles en sont les raisons ou les causes ?
Je crois qu’il y a cinq raisons qui expliqueraient dans ce degré d’opposition.
1. Les pays du Sud ne croient pas que l’Occident comprend ou compatisse à leurs problèmes.
Le
ministre indien des Affaires étrangères, S. Jaishankar, l’a résumé
succinctement dans une récente interview : « L’Europe doit sortir de
l’idée que les problèmes de l’Europe sont les problèmes du monde, mais
que les problèmes du monde ne sont pas les problèmes de l’Europe. Il
fait référence aux nombreux défis auxquels les pays en développement
sont confrontés, qu’ils soient liés aux séquelles de la pandémie, au
coût élevé du service de la dette, à la crise climatique qui ravage
leurs vies, à la douleur de la pauvreté, aux pénuries alimentaires, aux
sécheresses et aux fortes consommations d’énergie ou à l’augmentation
des prix. L’Occident s’est à peine exprimé du bout des lèvres aux pays
du Sud sur bon nombre de ces problèmes. Pourtant, l’Occident insiste
pour que les pays du Sud se joignent à lui pour sanctionner la Russie.
La pandémie de Covid en est un parfait exemple – malgré les appels
répétés des pays du Sud à partager la propriété intellectuelle sur les
vaccins, dans le but de sauver des vies, aucun pays occidental n’était
disposé à le faire. L’Afrique reste à ce jour le continent le moins
vacciné au monde. L’Afrique avait la capacité de fabriquer les vaccins,
mais sans la propriété intellectuelle, elle ne pourrait pas le faire.
Mais
l’aide est venue de Russie, de Chine et d’Inde. L’Algérie a lancé un
programme de vaccination en janvier 2021 après avoir reçu son premier
lot de vaccins russes Spoutnik V. L’Égypte a commencé les vaccinations
après avoir reçu le vaccin chinois « Sinopharm » à peu près au même
moment. L’Afrique du Sud s’est procuré un million de doses d’AstraZeneca
auprès du « Serum Institute of India ». En Argentine, Spoutnik est
devenu l’épine dorsale de leur programme de vaccination. Tout cela se
passait alors que l’Occident utilisait ses ressources financières pour
acheter des millions de doses à l’avance, et les détruisait souvent
lorsqu’elles devenaient obsolètes. Le message adressé aux pays du Sud
était clair : vos problèmes sont vos problèmes, ce ne sont pas nos
problèmes.
2. L’histoire compte : qui était là, pendant le colonialisme et après l’indépendance ?
De
nombreux pays d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie voient la guerre
en Ukraine sous un angle différent de celui de l’Occident.