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mercredi 23 juillet 2014

"François Hollande a perdu toute autorité"!

 Mercredi 23 Juillet 2014 à 17:30 (mis à jour le 23/07/2014 à 17:35)
Par   Yves de Kerdrel            
 


Au musée Soulages, fin mai. Ou le tour de France des inaugurations. Photo © AFP

L'édito d'Yves de Kerdrel. La pire des fautes du président n’est pas d’avoir échoué, mais d’avoir sacrifié l’autorité de l’État.

Et d’avoir sapé la confiance des Français dans leurs institutions.
En l’espace de deux ans, François Hollande a perdu toute crédibilité auprès des Français.
 Il leur a promis la baisse du chômage — qui est aujourd’hui à un niveau record —, le retour de la croissance, qui joue l’Arlésienne, et le respect des engagements européens, dont nous nous éloignons chaque jour un peu plus.
Mais là n’est peut-être pas le plus grave.
Les socialistes sont tellement habitués à promettre sans jamais tenir parole que personne ne peut s’avouer surpris par la démonétisation du discours présidentiel.
Le pire, pour le chef de l’État, c’est qu’à trop vouloir être “normal”, prétendre assumer une présidence “normale”, et refuser d’habiter les prérogatives de sa fonction, il a fini par perdre toute autorité.
« Pour avoir quelque autorité sur les hommes, il faut être distingué d’eux », disait Voltaire.
 À force de vouloir jouer les “bons copains” avec Jamel Debbouze, de transformer l’Élysée en salle de spectacle pour les matchs de football, et de s’échapper nuitamment en scooter, François Hollande a vu l’autorité de sa fonction fondre comme neige au soleil.
 Au point de ne même plus s’étonner d’être sifflé lorsqu’il descend les Champs-Élysées le jour de la fête nationale.
Quand il n’y a plus ni autorité, ni respect, ni repère, certains s’en donnent à coeur joie.
C’est le spectacle terrible auquel la France entière a pu assister samedi et dimanche derniers à Barbès puis à Sarcelles, mais aussi dans plusieurs villes de province où des milliers de manifestants propalestiniens ont bravé l’interdiction qui leur était faite de manifester.
 Non seulement ils ont “importé” dans nos villes le terrible conflit qui se déroule actuellement au Proche-Orient.
Non seulement ils ont donné l’image d’une France communautarisée.
Mais en plus ils l’ont fait “parce que c’était interdit” par le préfet de police.
 C’est dire la perception qu’ils ont de l’autorité incarnée par le président de la République, par le premier ministre ou par le ministre de l’Intérieur.
Demain, ces mêmes manifestants iront défiler aux abords des synagogues, menaçant nos frères juifs, ou bien place de la Concorde, sans que les forces de l’ordre ne parviennent à endiguer leur désir d’en découdre.
De toutes les belles paroles prononcées le 14 juillet dernier par le président de la République sur ce sujet, il ne reste donc rien une semaine plus tard.
 Signe pathétique de son autorité évanouie.
L’ autorité, c’est un peu comme l’amour, il ne suffit pas de grands discours, il faut surtout des preuves.
Or, quand la ministre de la Justice fait voter une réforme inique qui remplace les peines de prison par une contrainte pénale qui sera exécutée à domicile devant la télévision, ou bien quand elle parle à tout va “d’excuse de minorité” pour les jeunes de moins de 21 ans, elle sacrifie l’autorité naturelle de notre justice sur l’autel de la démagogie.
Mme Taubira semble plus préoccupée d’avoir accès aux écoutes de Nicolas Sarkozy et de faire en sorte que certains journalistes puissent les retranscrire que d’enfermer les auteurs de délits graves, de punir les récidivistes et de protéger l’ensemble des Français.
En revanche, lorsqu’une opposante politique écope de neuf mois de prison pour l’avoir comparée à un animal — ce qui n’est certes pas très heureux —, elle estime que la justice a bien fait son travail.
 Dans ces conditions, comment les jeunes délinquants peuvent-ils prendre nos juges, nos magistrats et nos tribunaux au sérieux ?
Comment peuvent-ils penser que les palais de justice qui trônent dans toute la France sont encore là pour manifester l’autorité de l’État ?
 Comment peuvent-ils penser, lorsque le glaive comme la balance ne sont plus que des objets de carton- pâte, qu’il existe encore une once d’autorité en France ?

La manière dont François Hollande a vendu cette autorité dévolue par les institutions en échange d’une image de “normalité” n’est pas grave seulement pour une question d’ordre public.
 Elle remet en cause toute la notion de confiance que les Français ont pour les institutions, pour ceux qui les incarnent, pour la classe politique, pour la justice, bref pour tout ce qui constitue les piliers d’une société normalement organisée.
Le président de la République comme son premier ministre ne cessent de s’étonner que les Français aient perdu toute confiance dans l’avenir, qu’ils ne parviennent pas à se projeter, qu’ils n’osent plus prendre de risque, et qu’ils préfèrent partir à l’étranger.

 Plutôt que d’implorer une confiance qui est partie au galop et ne reviendra qu’au pas, François Hollande ferait mieux de méditer cette phrase du général de Gaulle, tirée du Fil de l’épée : « L’autorité ne va pas sans prestige, ni le prestige sans l’éloignement. »

kerdrel@valmonde.fr

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