Même si mieux valait ne pas être un opposant, nombre d’Irakiens regrettent aujourd’hui amèrement Saddam qui avait au moins su faire prospérer économiquement son pays en y maintenant la paix.
Après la chute programmée du président irakien par le donneur d’ordre du monde américain en 2003, George Bush posant fièrement après cette glorieuse mise à mort devant une banderole « mission accomplished », l’Irak a sombré dans le chaos et la misère.
C’est aujourd’hui un pays à l’agonie livré aux sauvages islamistes qui y font régner la terreur.
Vendredi dernier, les chrétiens de Mossoul ont été intimés par les haut-parleurs des mosquées de quitter le pays après un ultimatum les sommant de choisir entre la conversion à l’islam, le paiement d’une taxe destinée à financer leur protection ou l’exode.
En cas de refus de ces options, le fil du glaive leur était réservé, selon les règles de la charia.
En pleine période de ramadan, les familles chrétiennes, parmi les plus anciennes du monde, n’ont donc eu d’autre choix que de fuir Mossoul samedi matin, alors que 10 000 chrétiens en sont partis depuis un mois, nombre d’entre eux déplorant la mise en cendres de leur passeport brûlé au check-point de Mossoul ou la réquisition pure et simple de leurs effets, faute de quoi « il n’y aura pour eux rien d’autre que l’épée ».
Peu de temps avant leur départ, et alors qu’on leur avait coupé le gaz, leurs maisons se sont vu marquées par les sunnites d’EI d’une lettre indiquant leurs occupants comme chrétiens, et il y a quelques semaines des soeurs dominicaines ont témoigné que des Dominicains avaient été massacrés par des djihadistes.
Maison marquée du « nun » (Nazaréen)
Selon Ignace Joseph III Younan, patriarche de l’Église syro-catholique, l’évêché syriaque catholique de Mossoul a été brûlé par les islamistes, de même que la Cathédrale Al Taheera attenante.
Le groupe islamiste EI a mis le feu aux portraits des Patriarches, déclarant à un groupe de musulmans qui tentaient de les en empêcher « nous allons transformer cette église en mosquée ! ».
Ce matin à 7h30, aux dires de l’association Fraternité Irak qui apporte son aide aux minorités religieuses victimes de violences, la grande porte de l’Église Al Sa’a des Dominicains de Mossoul a été défoncée.
« Pour la première fois dans l’histoire de l’Irak, Mossoul se vide de ses chrétiens » selon les dires du patriarche chaldéen Louis Sako, et ce, malgré le soutien d’une partie de la population musulmane hostile au mouvement EI et entretenant de bons rapports avec ses compatriotes chrétiens.
L’un d’eux a déploré : « des chrétiens ont vécu à Mossoul pendant plus de 1 000 ans (…) leur départ est une grande perte ».
Il faut dire que cette ville, construite sur les ruines de la Ninive biblique, accueillait avant l’ingérence américaine une importante communauté chrétienne, avec des églises dont certaines ont été érigées dès les premiers siècles du christianisme…Le Premier ministre chiite a vivement condamné cet exode forcé des chrétiens, réclamant de la communauté internationale qu’elle s’oppose avec vigueur aux exactions commises par l’EI et relevant de « la nature criminelle et terroriste de ce groupe et le danger qu’il représente ».
En 2010, un prêtre officiant dans une église de Bagdad déclarait avec amertume « nous ne sommes pas nostalgiques de l’époque Saddam. Nous sommes nostalgiques de la sécurité, de l’amitié, de la fraternité. De toutes ces valeurs du passé », ajoutant que « pendant des siècles, nous avons vécu pacifiquement au côté des musulmans. Pourquoi, comment, sous quelle influence leur vision du christianisme a-t-elle changé ? Nous voulons comprendre ».
A Washington, là où ces changements géopolitiques ont pris naissance dans le seul intérêt des grosses entreprises américaines au détriment du peuple irakien, on a fait mine de condamner ces actes allant « à l’encontre de l’esprit de tolérance et de coexistence pacifique de l’islam », alors que tout au contraire ils s’y conforment parfaitement.
En France, tandis que les cerveaux sont sciemment détournés vers d’autres horizons, l’indifférence reste de mise.
Des chrétiens menacés de mort, la belle affaire !
L’humanisme hypocrite à la mode Terra Nova consiste à pleurer sur le sort d’autres minorités religieuses, considérées comme supérieures…
Aucun mouvement de soutien de grande ampleur ne soulève les bonnes volontés des chrétiens censés êtres solidaires, ni celles d’ailleurs des musulmans modérés qu’on nous présente comme étant à distinguer des fous d’Allah et qui devraient donc naturellement condamner ces faits inacceptables.
Ces derniers n’ont en effet pas prévu de montrer leur solidarité avec les chrétiens opprimés, menacés et pillés par leurs frères musulmans intégristes…
Tout juste s’est tenue une manifestation confidentielle cet après-midi devant les locaux de France Télévisions, « parce que le silence tue », dans la plus parfaite indifférence médiatique, politique, mais aussi et surtout confessionnelle, cette dernière étant encore plus inexcusable et dramatique.
Caroline Alamachère
PS : en signe de solidarité avec les chrétiens persécutés, il est proposé à ceux qui veulent montrer leur soutien sur les réseaux sociaux d’arborer le signe « nun » ci-dessous qui figure désormais sur les maisons que les islamistes leur ont volées :
La lettre N ( ن ) de « Nazarat » (Nazaréen), apposée sur les maisons des Chrétiens de Mossoul |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.