À la suite d’un reportage sur les Roms paru dans Valeurs Actuelles le 22 août dernier, vous avez été gravement mis en cause par le Petit Journal de Yann Barthès sur Canal Plus, qui vous accuse de partialité…
En fait, c’est le Petit Journal qui est partial et ce n’est rien de le dire ! Leur prétendue « contre-enquête » avait pour seul but de discréditer un travail ne collant pas avec leur vision militante. À la suite de la polémique, j’ai d’ailleurs été interrogé par l’Observatoire des journalistes (OJIM) et j’ai pu démontrer l’honnêteté de mon reportage, preuves à l’appui.
C’est-à-dire ?
Ce que le Petit journal n’avait pas prévu, c’est que j’ai rapporté beaucoup de photos et d’enregistrements. Tout ce matériau de travail me permet aujourd’hui de prouver la malveillance de l’équipe de Canal Plus. La place manque pour tout raconter, mais vos lecteurs trouveront mes documents sur le site de l’OJIM, où je réfute point par point les accusations du Petit journal – des alignements de canapés aux saucisses qui pendent dans la rue, en passant par les riverains qui achètent des armes pour se protéger…
J’ajoute que les journalistes du Petit Journal sont d’une discrétion malhonnête sur tout ce que j’avance et qu’ils ne peuvent pas édulcorer : l’explosion des cambriolages, les lettres d’un maire qui appelle le ministre de l’Intérieur au secours, etc.
Vous aviez des préventions contre les roms avant votre reportage ?
Pas du tout. Mais mon métier, c’est de décrire ce que je vois et d’essayer de comprendre la réalité : partout, l’installation de campements illégaux de Roms génère des tensions et, souvent, une explosion des crimes et délits. Quand, à Marseille ou en Seine-Saint-Denis, les gens chassent les Roms par la violence, cela mérite qu’on s’y intéresse sérieusement.
Il n’est pas question d’accuser tous les Roms, mais il y a, dans cette société organisée en clans, ce que le criminologue Xavier Raufer appelle des « criminels d’habitude » qui exploitent leurs congénères – et qui sont donc les premières victimes. Même s’ils veulent vivre honnêtement, beaucoup sont contraints à la criminalité sous peine de sanctions infiniment plus convaincantes que celles de la police. L’an dernier, les gangs roms ont été classés dans la catégorie des mafias. Dans l’Ouest, où j’ai enquêté, le SRPJ de Rennes a démantelé une « école de la fauche », où des enfants roms étaient formés au cambriolage. Début septembre, c’est un trafic de bébés roms qui a été découvert. Les gamines qui refusent de voler ou de mendier sont tabassées et mises sur le trottoir. On est loin des clichés sur les sympathiques voleurs de poules !
Comment expliquez-vous la conception de l’information diffusée par le Petit journal ?
C’est la négation du réel au profit d’impératifs idéologiques. Au nom des grands sentiments théoriques, le reportage du Petit Journal a minimisé ou nié la souffrance réelle des victimes – Roms y compris. On sent le mépris de fer de ces journalistes germanopratins pour les témoins qui se plaignent des nuisances : pour eux, ce ne sont que des bouseux « fermés à l’autre », qui n’ont rien compris à la mondialisation.
La réalité, c’est que les Roms – qui vont pouvoir circuler librement sur le territoire européen à partir du 1er janvier 2014 – sont un symptôme des problèmes posés par l’ouverture incontrôlée des frontières. Pour parler comme au Petit Journal, c’est Schengen dans ta face ! L’admettre, c’est voir s’effondrer la vision libérale-libertaire qui est l’essence même de « l’esprit Canal ». C’est pas « cool » du tout… D’où, sans doute, ce petit lynchage médiatique.
http://www.bvoltaire.fr/pierrealexandrebouclay/roms-canal-plus-pris-en-flagrant-delit-de-mensonge,35606
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