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vendredi 27 septembre 2013

Dossier. L’islam à la conquête des entreprises.

27 Septembre 2013
Par
Mickaël Fonton

 Une recrudescence de nature politique face à laquelle la société civile semble désarmée. Photo © MaxPPP

 Communautarisme.
Les revendications liées à la pratique de l’islam touchent désormais tous les secteurs.

 La blague a tourné en boucle sur Internet.
 Elle met en scène une directrice des ressources humaines cherchant à organiser un pot de Noël au sein de son entreprise.
 Forcée de concilier toutes les sensibilités — les juifs qui ne célèbrent pas Noël, les musulmans qui ne veulent pas de charcuterie, les membres d’Alcooliques anonymes qui refusent le champagne, les femmes enceintes qui veulent une table près des toilettes, les homosexuels, les non-fumeurs, les végétariens — la pauvre responsable multiplie les messages et, jetant l’éponge, finit par partir en cure de repos après avoir insulté l’ensemble de ses collègues…

 Si la question des différences de sensibilité est ici volontairement prise au sens large, et sur un mode humoristique, dans la réalité les situations conflictuelles en entreprise ont souvent pour cause le “fait religieux”, expression pudique pour désigner les revendications des employés de confession musulmane.
 En effet, bien que le mot soit rarement cité tant le sujet semble encore tabou, la lecture d’un document publié par EDF et intitulé “Repères sur le fait religieux dans l’entreprise à l’usage des managers et des responsables RH [ressources humaines, NDLR]”, ne laisse guère de doute.
 Quels sont les cas concrets proposés ?
 « Un salarié refuse de serrer la main des femmes au nom de ses convictions religieuses » ; « un salarié demande à finir plus tôt parce qu’il jeûne » ; « des salariés disposent quotidiennement et sans autorisation préalable des tapis de prière dans les vestiaires », etc.
Jean-Christophe Sciberras, président de l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH), soulignait pourtant, lors de son audition par le Haut Conseil à l’intégration (HCI), que « la revendication religieuse se fait plus forte, en raison notamment du recours à une main-d’oeuvre immigrée, originaire de pays non catholiques, à partir des années 1960 ».
« Indéniablement, c’est une problématique qui s’amplifie, reprend de son côté Guy Trolliet, consultant sur les questions liées à la religion en entreprise et spécialiste du monde arabo-musulman.
 Si leur ampleur est fortement variable, le nombre de managers confrontés à ces questions est en augmentation constante mais les entreprises sont très frileuses pour évoquer ce sujet.
Certaines modifient les chiffres, affirment que tout va bien, un peu comme vient de le faire l’Observatoire de la laïcité.
 De trop nombreuses personnes ne veulent pas s’avouer la vérité. »
Les témoignages, pourtant, abondent.
 Un employé d’aéroport qui ne veut pas pousser des palettes chargées de bouteilles d’alcool, un garçon boucher qui ne veut pas servir de porc, des ouvriers qui refusent de partager le même réfrigérateur que leurs collègues, des salariés qui demandent à prier dans une salle de réunion inoccupée, laquelle sera transformée en mosquée quelques semaines plus tard, des employées de maison de retraite qui refusent d’ôter leur voile bien que celui-ci déstabilise nombre de leurs patients âgés peu habitués à cette “diversité”, ou encore un salon de coiffure réservé aux femmes où un inspecteur homme ne peut entrer, car son intervention « troublerait leur intimité ».

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