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samedi 28 septembre 2013

Ces salariés qu'on empêche de travailler.

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Les magasins Leroy Merlin ne peuvent plus ouvrir le dimanche.
Les magasins Leroy Merlin ne peuvent plus ouvrir le dimanche. Crédits photo : Alain AUBERT/Le Figaro

 
Les salariés des magasins Leroy merlin et Castorama condamnés à fermer défendent leur emploi dans la rue et en justice contre les syndicats. Malgré l'interdiction, certains magasins pourraient rouvrir demain.
La coupe est pleine pour les salariés des magasins Leroy Merlin et Castorama d'Ile-de-France condamnés jeudi à fermer le dimanche, tout comme pour ceux du Sephora Champs-Élysées, enjoint lundi de baisser pavillon à 21 heures.
 Des dizaines d'employés Leroy Merlin, rassemblés au sein du collectif des Bricoleurs du dimanche ont manifesté vendredi devant les préfectures pour défendre le droit à travailler le dimanche.

 Le même jour, des vendeurs du Sephora Champs-Élysées ont plaidé le recours qu'ils avaient déposé la veille au tribunal de grande instance de Paris contre la décision de fermeture et contre le Clic-P, l'intersyndicale à l'origine de leur probable perte d'emploi.
Le résultat est attendu vendredi prochain.
Certes, les décisions de justice intervenues cette semaine reflètent sans doute la stricte application de la loi.
 Mais elles marquent une nouvelle étape dans la spirale infernale engagée il y a deux ans par les syndicats dans leur combat contre la libéralisation relative du travail le dimanche intervenue en 2009 et contre tout projet d'assouplissement concernant la réglementation du travail le soir.
Considérant que «le travail de nuit est néfaste à la santé, y compris des jeunes», Éric Scherrer, porte-parole Clic-P, s'affirme «contre le travail le dimanche, qui est destructeur du monde associatif et change la nature de la société.
 Nous défendons un acquis social et une organisation globale…» Que tous les salariés concernés soient volontaires (c'est une obligation légale) pour travailler le soir ou le dimanche, où ils gagnent plus (une autre obligation légale), le laisse de marbre.
«Se porter volontaire est obligatoire pour décrocher un contrat de travail», prétend Éric Scherrer.

On a le porte-monnaie ouvert toute l'année, et plus aucun moyen de le remplir
La fronde des salariés qui risquent de perdre leur emploi suite aux actions de ceux qui prétendent les défendre est un véritable camouflet pour les syndicats.
 Ces derniers ont certes gagné une bataille, jusqu'à semer la zizanie entre les enseignes, comme en témoigne la démarche de Jean-Claude Bourrelier, le patron de Bricorama. Cet entrepreneur favorable à l'ouverture le dimanche est ainsi à l'origine de la condamnation de Leroy Merlin et de Castorama.
 Mais c'est la condamnation de son groupe à fermer 31 magasins franciliens, en janvier 2012, qui l'a obligé à attaquer ses rivaux.
 C'est comme si Sephora attaquait désormais Marionnaud pour l'obliger à fermer lui aussi sa parfumerie des Champs-Élysées.

Paradoxales, les actions judiciaires de Bricorama et des salariés de Sephora prouvent l'ampleur des enjeux économiques et sociaux du travail le soir et le dimanche.
 Ils sont d'autant plus cruciaux en temps de crise, à l'heure où le gouvernement peine à relancer la consommation et l'emploi et qu'il cherche à redresser l'attractivité de la France.
Pour Bricorama, l'ouverture dominicale dope de 20 % les ventes des magasins concernés.
L'enjeu est tel que les enseignes multiplient les recours pour ne pas avoir à fermer. Dimanche, Castorama ouvrira ainsi ses six magasins condamnés, malgré l'astreinte de 120.000 euros par magasin, et ce «pour éviter de licencier du jour au lendemain des employés qui ont besoin de ce travail».
 D'ici le jugement au fond de l'affaire, attendu le 22 novembre, l'enseigne tentera de rester ouverte en limitant la facture.
Côté salariés, la pression monte.
 Beaucoup réclament le droit d'élargir leurs horaires sur la base du ­volontariat, tels les 50 employés du soir de Sephora Champs-Élysées qui apprécient ces horaires décalés et surtout les 25 % de bonus salarial. Après les manifestations devant le siège des syndicats, les pétitions dans la presse, le recours à la justice est un appel à l'aide.
«On a le porte-monnaie ouvert toute l'année, et plus aucun moyen de le remplir, déplore Gérald Fillon, porte-parole des Bricoleurs du dimanche.
 Selon le collectif, qui regroupe 2500 salariés de Castorama et Leroy Merlin, le revenu net supplémentaire issu du travail dominical atteint jusqu'à 400 euros par salarié.
«Ce type de décision est en complet décalage avec le rythme de vie contemporain, surtout parisien.
 On n'est plus au XIXe siècle», tonne Gérald Fillon, lui-même employé au Leroy Merlin de Gonesse.
Si l'obtention de dérogations préfectorales pourrait débloquer plusieurs situations, le dialogue est désormais rompu entre syndicats et salariés.
 
 Ces derniers dénoncent une posture purement idéologique de la part d'organisations syndicales extérieures, donc illégitimes.
 
De son côté, le Clic-P brandit son modèle de société.
 Entre les deux, les politiques sont souvent dans l'embarras.
 «Il faudra trancher dans le vif avec un outil juridique qui permette d'y voir clair, avance un salarié de Leroy Merlin.
 On ne peut pas sans cesse remettre comme ça le couvercle, en attendant que ça pète.»
D'ici là, la bataille continuera de faire rage.
Les boutiques de luxe ­parisiennes sont entrées dans la danse. Selon les propriétaires des adresses préférées des touristes, l'ouverture dominicale permettrait de créer au moins 5000 emplois.
 
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http://www.lefigaro.fr/societes/2013/09/28/20005-20130928ARTFIG00218-mobilisation-pour-le-travail-le-dimanche-et-le-soir.php

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