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samedi 19 octobre 2019

Le hijab est-il un signe religieux ou un signe politique hostile aux démocraties?




«Le voile noir n’est pas un signe religieux. C’est un étendard» estime Christine Clerc. PHILIPPE HUGUEN/AFP

FIGAROVOX/TRIBUNE - Le débat sur le port du hijab divise la classe politique jusque dans la majorité. Mais pour la journaliste Christine Clerc, ce voile musulman n’est pas un signe religieux comme un autre: il est l’étendard d’un islam radical estime-t-elle.
 

Même Frédéric Péchenard! Interrogé lundi 14 octobre au matin sur Europe 1 par Sonia Mabrouk, l’ancien directeur général de la police le déclare d’un ton martial: les centaines de femmes djihadistes jusque-là gardées dans des camps kurdes ne sont pas des victimes mais bien des terroristes, comme les cinq femmes jugées ces jours-ci pour avoir tenté de faire exploser la cathédrale Notre Dame de Paris au moyen de bonbonnes à gaz.
 
Si ces femmes voilées de noir regagnent la France, elles tenteront à leur tour d’y commettre des attentats.
Faut-il donc les empêcher de revenir?
Oui, tranche notre sarkozyste à poigne, d’autant que nos prisons sont déjà surpeuplées d’ennemis de la République.
Par mesure de sécurité, faut-il aussi interdire dans les lieux publics le voile noir dit hijab , comme le RN Julien Odoul , aussitôt violemment critiqué dans son propre camp, a tenté de le faire au Conseil régional de Bourgogne?
Là, Péchenard hésite: «Il faut interdire tous les signes religieux».
Comment lutter contre un ennemi que l’on n’ose nommer ?





Le hijab ne serait-il qu’un banal signe religieux parmi d’autres?
Étrange, inquiétant déni, d’un haut responsable non pas de la gauche France insoumise mais de la droite républicaine.
Il explique l’aveuglement - ou l’auto-censure peureuse? - de toute une hiérarchie, qui a permis le quadruple meurtre au couteau en plein cœur de notre République, à la Préfecture de Police de Paris.

Il nous promet de nouvelles tragédies.
Car comment lutter contre un ennemi que l’on n’ose nommer et que l’on s’obstine même à excuser en le mettant sur le même plan , sous la même appellation «religion», que nos propres sœurs, frères et amis?
Il faut oser le répéter: le voile noir n’est pas un signe religieux.

C’est un étendard.
Un étendard d’importation récente, puisqu’il n’appartient pas à la tradition du Maroc, pays du commandeur des croyants, ni à celle de la Tunisie de Bourguiba, non plus qu’à celle de l’Égypte de Nasser.
Pas davantage à celle de l’Algérie et d’autres pays d’Afrique et du Proche Orient d’où sont venus, une fois proclamée l’indépendance de leur pays, de nombreux migrants musulmans dont les mères et les femmes ne portaient pas encore le voile.
Je me souviens d’avoir vu pleurer le leader algérien Hocine Aït Ahmed ( décédé en 2015 ) qui s’était battu à la tête du FLN pour l’indépendance de son pays.
C’était en décembre 1989.
De retour en Algérie après dix ans d’exil, il allait se présenter à la présidentielle.
Dans les rues d’Oran, sa ville natale, il demandait, découvrant avec stupeur des silhouettes vêtues de noir de la tête aux pieds: «Mais qu’est-ce que c’est que ce vêtement? Ma grand-mère, qui était une fidèle musulmane, se coiffait d’un simple foulard qu’elle enlevait en rentrant à la maison…»
Le soir même, deux femmes seulement, son épouse et moi-même, allions assister à son meeting de 6000 personnes.
Bientôt, Aït Ahmed repartirait pour la Suisse.

Peu à peu, la marée noire de l’islamisme venu d’Iran allait s’étendre, menaçant le Maroc et la Tunisie et gagnant la France.


Je me souviens aussi d’avoir vu, en vingt ans, changer le visage de l’Égypte où j’avais rencontré le président Sadate quelques semaines avant son assassinat.
Reniant son passé magnifique, oubliant même la révolution nassérienne, le pays qui vit naître notre civilisation allait, comme la Turquie, tomber sous la coupe des imams et des militaires.
Peu à peu, la marée noire de l’islamisme venu d’Iran allait s’étendre, menaçant le Maroc et la Tunisie et gagnant la France.
Faut-il rappeler le nombre de morts causés depuis moins de dix ans dans notre pays par des fanatiques - et par leurs compagnes vêtues de noir - au nom d’un islamisme radical?
 
19 mars 2012: à Toulouse, Mohammed Merah tue, à bout portant devant l’école juive, une fillette de 8 ans qu’il a attrapée par les cheveux.
Il abat ensuite huit personnes, dont un jeune militaire musulman, Imad Ibn Ziaten.

7 janvier 2015: les frères Cherif et Saïd Kouachi assassinent, à coups de rafales de kalachnikov, 12 journalistes et gardiens de Charlie Hebdo.

13 novembre de la même année: trois djihadistes mitraillent la salle du Bataclan: 130 morts.

14 juillet 2016: un «radicalisé» fonce au volant d’un camion bélier sur la Promenade des Anglais: 86 morts et 434 blessés graves.

26 juillet 2016: alors qu’il célèbre la messe à Saint-Étienne-du-Rouvray, le père Jacques Hamel est égorgé par deux islamistes aux cris de «Allah Abkar!»

4 avril 2017: Sarah Halimi est défenestrée par un jeune voisin qui scande le même appel à la haine.

10 septembre 2018: cinq femmes voilées de noir tentent de faire exploser la Cathédrale Notre Dame de Paris.

5 mars 2019: armée de deux couteaux en céramique, l’épouse, voilée de noir, d’un détenu «radicalisé» agresse à la prison de Condé-sur-Sarthe deux surveillants.

24 mai: à Lyon, un homme ayant prêté allégeance à l’État islamique fait exploser une bombe devant l’enseigne «Brioche dorée» . 13 victimes.

27 juin: à Brest, devant une mosquée, un fou d’Allah fait deux blessés graves…

4 Octobre, à la Préfecture de police de Paris, un «converti» armé de deux couteaux en céramique…



Les vêtements, comme les gestes et les mots, ont un sens .


Combien de morts faudra-t-il aux adeptes du déni pour qu’ils voient enfin que le hijab - qu’il soit de ville, de sport ( «running» ) ou de plage - n’est pas l’expression d’une forme de coquetterie ou de liberté, à comparer à un serre-tête, un short ou une minijupe, mais un emblème de guerre contre notre civilisation et notre peuple?
 
Les vêtements, comme les gestes et les mots, ont un sens .
À travers l’Histoire, tous les totalitarismes assassins ont imposé leur uniforme sombre .

La chemise noire, aujourd’hui si banale, fut dans les années 1930 le signe d’appartenance à un régime funeste.
Qu’il nous soit permis de penser que par respect pour nos morts il est préférable, comme l’a fait Latifa Ibn Ziaten, la «mère courage» du soldat assassiné par Mohammed Merah, de porter un foulard de couleur laissant voir le front et la couleur des cheveux, plutôt qu’un long hijab noir qui rappelle tant de tragiques souvenirs.

lefigaro

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