Emmanuel Macron se rendra en Algérie du 25 au 27 août, officiellement (selon l'Élysée) pour « approfondir la relation bilatérale tournée vers l'avenir », « renforcer la coopération franco-algérienne » et « poursuivre le travail d'apaisement des mémoires ».
Cette visite, qui répondrait à une invitation récente de son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune, ressemble à une concession nouvelle à l'égard d'un régime qui prend plaisir à humilier la France. À moins qu'il ne s'agisse de quémander un bon prix pour le gaz naturel...
Pourtant, Macron a tout fait pour séduire le gouvernement algérien. Avant même son premier mandat, il avait déclaré à Alger que la colonisation était « un crime contre l'humanité ». Devenu Président, il a appelé les deux pays à ne pas être « otages » du passé et à bâtir des « relations beaucoup plus développées ». Il a reconnu la responsabilité de l'armée française dans la mort du mathématicien Maurice Audin et de l'avocat nationaliste Ali Boumendjel. Il a confié à l'historien controversé Benjamin Stora une mission sur « la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie ». Bref, il a brossé l'Algérie dans le sens du poil.
Certes, à l'approche de l'élection présidentielle de 2022, il s'est subitement souvenu de l'exode des pieds-noirs et de l'abandon des harkis. Il a même reproché au système « politico-militaire » algérien d'entretenir une « rente mémorielle » autour de la guerre d'indépendance, allant jusqu'à s'interroger, à l'automne 2021, sur l'existence d'une nation algérienne avant la colonisation. Mais il faut être bien naïf pour ne pas y voir l'opportunisme d'un homme qui n'a de convictions que son intérêt du moment. Du reste, l'Algérie a manifesté sa mauvaise humeur en fermant son espace aérien aux avions militaires français de l'opération Barkhane et en rappelant, pendant trois mois, son ambassadeur à Paris. Au point qu'Emmanuel Macron, comme à son habitude, a dû exprimer ses regrets pour désamorcer la crise.
Dans Le Figaro, Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie, se demande quel est « l'intérêt d'une telle visite actuellement ». Il fait observer qu'« il n'y a pas de changement récent dans les relations avec l'Algérie » et qu'« il faudrait quand même qu'il y ait des gestes d'Alger sur un certain nombre de nos demandes que sont les laisser-passer consulaires, les affaires économiques ». Il faut croire qu'il mesure mieux que Macron la mentalité des dirigeants algériens, qui sont tout sourire quand on se soumet à leurs caprices, mais montrent les dents dès qu'on ne se laisse pas faire et qu'on leur dit leurs quatre vérités. Tant que ça marche, ils auraient tort de se priver...
La perte d'autorité, qui gangrène toutes les institutions françaises, s'est propagée dans les relations internationales, où Macron joue le Matamore mais a perdu tout réel crédit. Fort en paroles, faible dans les actes, il croit pouvoir influer sur le cours de l'Histoire, mais le gouvernement algérien, le connaissant mieux qu'il ne se connaît lui-même, a beau jeu d'exercer sur Macron son chantage et d'exiger qu'il se soumette toujours plus... sans rien accorder en échange.
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