« Vacances, j'oublie tout », chantait le groupe Elégance, au milieu des années 80. Souvenez-vous, « plus de temps, plus d'horaires, les vacances, c'est super ».
Oui, mais pas pour Emmanuel Macron, qui n'oublie rien, lui, de l'agenda du monde : après avoir rangé son Jet Ski™. Notre Président a décidé de faire une apparition à Bormes-les-Mimosas, prenant prétexte du 78e anniversaire de la libération du village.
Pas de discours décontracté à l'américaine, ce 19 août : à part un discret bronzage, c'est business as usual. Du costume bleu cravate noire au ton mélodramatique insupportable, tous les marqueurs habituels sont là. C'est peut-être le moment de décortiquer ce discours de pré-rentrée, qui semble lourd de menaces - car après une pensée de circonstance pour l'engagement de nos armées « à l'est de notre Europe », dit-il comme si elle lui appartenait, notre bon maître pense à son peuple, à celles et ceux qui, chacune et chacun, toutes et tous, en responsabilité, ont décidé de le réélire pour qu'il continue à dynamiter la France. Regardons ça de près.
« Je pense à notre peuple auquel il faudra de la force d'âme pour regarder en face le temps qui vient, résister aux incertitudes, parfois à la facilité et à l'adversité et, unis, accepter de payer le prix de notre liberté et de nos valeurs. » Reprenons cette pensée complexe, car on sait que chaque parole du chef doit être ruminée, tant elle est riche de brillantes idées.
« De la force d'âme pour regarder en face le temps qui vient », comprendre : ça craint pour nous et ça ne va pas s'arranger. « Résister aux incertitudes, parfois à la facilité et à l'adversité », ça veut dire : continuer à avaler, à l'entonnoir, les éléments de langage en noir et blanc de franceinfo et BFM, sans le moindre esprit critique, sous peine d'être accusé de complotisme prorusse. Bon, jusque-là, on est sur du message facile.
Plus sibyllin est le dernier pan de la parole du guide : « Unis, accepter de payer le prix de notre liberté et de nos valeurs ». Ca surprend.
« Unis », on voit bien, c'est de la parole performative face à un pays complètement disloqué, en voie d'envahissement et de tiers-mondisation, et qui ne sera, sauf imprévu, plus jamais uni. « Accepter », pareil, c'est plutôt facile, ça veut dire : vous n'avez pas le choix. Là où je cale et où j'aurais besoin de votre avis, amis lecteurs, c'est sur « le prix de notre liberté et de nos valeurs ». Deux questions : c'est quoi ? C'est combien ?D'abord, c'est quoi ? Notre liberté ? Celle de se faire crever les yeux par les CRS quand on manifeste ? Celle d'une France qui refuse l'invasion migratoire à plus de 60 % mais que l'on force à accueillir, en gros, 500.000 immigrés par an ? Celle de ne pas pouvoir dire ce que l'on veut (loi Pleven et lois mémorielles) ? Ces libertés-là ? Ou alors, peut-être est-ce la liberté de choisir son positionnement géopolitique ? Encore raté ! La France de Macron, servilement atlantiste, est caricaturale dans sa soumission. L'Ukraine n'est qu'un énième exemple. Nos valeurs, ensuite : quelqu'un, dans la salle, pourrait-il, s'il vous plaît, définir les valeurs de la République, puisque c'est apparemment l'horizon indépassable de la politique française ? Les valeurs, c'est ce qui discrimine aussi (« nous n'avons pas les mêmes valeurs ») : or, quelles valeurs communes entre les macronistes retraités, les racailles et leur impunité, les pauvres gens marinistes, les bourgeois patriotes de Reconquête ? Aucune. Rien. Ne cherchez pas.
Deuxièmement, c'est combien ? Ce prix à payer, c'est le prix à la pompe, d'abord : on rappelle, au passage, que la France s'est embrasée à l'époque des gilets jaunes pour l'essence à 1,50 euro le litre. On est à 2 euros et plus, dans bien des endroits, et les Français baissent désormais la tête. Le prix à payer, c'est le prix de l'inflation, mais aussi celui de l'énergie, des matières premières, du déclassement diplomatique... La liste est tristement longue. Ça coûte cher, d'être le domestique de Washington et d'être aussi stupidement antirusse que certains droitards sont aveuglément pro-Poutine. On nous prépare, par exemple, à nous les geler tout l'hiver, « en solidarité », probablement, avec le régime pourri de Zelensky, qui n'y va de main morte dans le Donbass depuis des années dans l'indifférence générale et vient de devenir un héros, il y a six mois, parce que c'était bien commode. Le prix, c'est enfin le prix de nos dons d'armement (nous, les Occidentaux) qui, semble-t-il, finissent pour 70 % d'entre eux sur le marché noir.
Bref, le discours d'Emmanuel Macron envoie un message simple : « Vous allez ramasser à cause de mes décisions erratiques, bande de blaireaux. Ce sera dur cet hiver mais je m'en fous : à l'Élysée, on a des cheminées. » Nous voilà prévenus.
Son discours mérite d'être souligné : encore plus insupportable et déconnecté que d'habitude.
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