Ce jour-là, le Jet Ski™ et le canoë avaient été remisés à l’abri des murs du fort de Brégançon.
Il fallait faire oublier au plus vite la séquence présidentielle ratée des escapades nautiques. Un « bad buzz » après les appels lancés à la sobriété énergétique.
Les célébrations de l’anniversaire de la libération de Bormes-les-Mimosas allaient permettre de corriger le tir. Des militaires, des drapeaux, un monument aux morts. Le retour du régalien et de la gravité. Il ne restait plus qu’à délivrer les bons éléments de langage aux journalistes : la « guerre qui tonne à nos portes », les « cataclysmes climatiques dévastateurs » et surtout un appel à la mobilisation générale face aux épreuves qui s’annoncent.
Les médias ont adoré. Le journal Le Monde, le 20 août, décrivait un Président « soucieux », « inquiet » et même « pessimiste ». Terminé les images de vacances bling-bling, de gros Jet Ski™ et de farniente sous le soleil varois. Les communicants de l’Élysée avaient bien travaillé.
Au même moment, le 18 août, Le Point publiait une enquête sur « un Président noctambule » qui venait opportunément renforcer le discours élyséen.
Après le Président qui partage vos angoisses, le Président qui travaille pour vous jusqu’à l’épuisement : « Une vie d’ascèse, rythmée par une discipline quasi militaire », rapportait le magazine. Le ban et l’arrière-ban de la Macronie étaient alors convoqués pour faire le panégyrique d’Emmanuel Macron.
Un Président « boulimique de travail » pour qui « chaque minute de son quinquennat doit être utile », expliquait Thierry Solère. Un « vieux compagnon de route » ajoutant que « le chef de l'État n'[avait] pas de vie sociale ». À ce stade, on avait presque envie de verser une larme.
Ayant fait don de sa personne à la France, Emmanuel Macron offre désormais aux Français le modèle du sacrifice auquel ils sont eux-mêmes appelés. Dans son discours de Bormes-les-Mimosas, il leur a en effet demandé de « résister aux incertitudes, parfois à la facilité et à l’adversité » car ils vont devoir « payer le prix de la liberté ».
Alors que les médias français déploient consciencieusement le plan com’ de l’Élysée, la presse étrangère, de son côté, ne s’embarrasse pas de circonlocutions ou d’euphémismes pour décrire, depuis plusieurs semaines, les conséquences des errances politiques françaises.
Le 29 juillet dernier, le site américain Bloomberg avertissait que la France risquait un « Waterloo électrique » et qu’il était fort probable que cet hiver, il fasse plus froid et plus sombre à Paris qu’à Berlin. Avec la moitié de ses réacteurs à l’arrêt en raison de problèmes de maintenance et de corrosion, la production des centrales nucléaires est en effet à son plus bas niveau depuis trente ans. Plus grand exportateur d’électricité d'Europe, la France est désormais confrontée à la perspective de devoir déclencher des coupures de courant cet hiver et d’importer de l'électricité, constatait le New York Times, en juin dernier.
En réalité, ce dont les Français vont « payer le prix », c’est surtout le choc énergétique provoqué par une politique de sanctions contre la Russie désastreuse mais aussi par les incohérences du Président sur le dossier du nucléaire.
En février 2017, le candidat Macron déclarait vouloir abaisser à 50 % à l’horizon 2025 (contre 70 %), la part du nucléaire dans la production électrique. En 2018, le Président Macron annonçait la fermeture de quatorze réacteurs d’ici 2035. À l’époque, l’Élysée s’enorgueillissait du fait qu’Emmanuel Macron était « le premier Président à fixer dans les faits une véritable trajectoire de fermeture des réacteurs nucléaires ». Aucune vision à long terme, mais la volonté de séduire l’électorat écologiste avant les élections européennes.
En février 2022, revirement complet, il s’agissait de « consolider la filière nucléaire française » selon deux axes : le prolongement des anciens réacteurs nucléaires et le lancement d'un grand programme de quatorze nouveaux réacteurs !
Comme Éric Ciotti le soulignait sur BFM TV, le 22 août dernier, la guerre en Ukraine sert d’alibi aux errances d’Emmanuel Macron. Le prix à payer pour les Français : un risque de coupures électriques et de rationnement, la perte de l’autosuffisance et la nécessité d’importer, l’explosion de la facture énergétique. Celui que les communicants de l’Élysée s’efforcent de présenter comme un infatigable « capitaine dans la tempête » ressemble plutôt au commandant du Titanic qui fonce tête baissée sur l’iceberg.
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