L'audition du général Burkhard, chef d'état-major des armées, par la Commission de la défense nationale et des forces armées de l'Assemblée nationale, est sortie, dans sa version expurgée, il y a quelques jours.
Le général, habitué de la guerre de l'information, y confirme ce que la guerre en Ukraine nous fait toucher du doigt : les confrontations de demain utiliseront tous les champs de bataille, y compris, comme souvent, celui de l'information. On semble avoir oublié cette évidence dans le camp du Bien, que ce soit au sein des pays occidentaux ou dans les rangs des organisations non gouvernementales. L'OTAN et les ONG n'ont plus le monopole de la distorsion des faits, des communiqués mensongers, des interventions à l'ONU avec des fioles remplies de tout, sauf de matières dangereuses... La Russie, la Chine, mais aussi l'Ukraine maîtrisent également toute la palette des fausses infos.
On se souvient de Katyn, de Timisoara, des faux charniers du Kosovo. On a vu ce que Wagner pouvait essayer de faire pour accuser la France de crimes de guerre en Afrique. Avec une certaine honnêteté, Amnesty International a donc mené son enquête du côté ukrainien pour s'assurer, peut-être, que seule la Russie était du côté des méchants. Eh bien, accrochez-vous : les conclusions ne vont pas tout à fait dans le sens de la presse française. Selon Amnesty, l'Ukraine met en danger sa propre population civile, en installant des emprises militaires au sein des zones habitées. Ça alors !
Ce genre de petites perfidies, pas très jolies, fait partie des ruses de guerre. Moralement, c'est moche, mais cela permet aux Ukrainiens de faire hésiter (un peu) l'artillerie russe, et surtout d'exploiter médiatiquement, à grand renfort de larmes, les frappes adverses contre des objectifs militaires qui se trouvent juste à côté de zones résidentielles innocentes. Rien de très surprenant.
Hélas ! Toute égratignure sur l'icône de Saint Vladimir Zelensky de Kiev, Martyr Stéphanophore et Russomaque, protecteur des opprimés, relève désormais du blasphème. C'est d'ailleurs ce qu'a pensé Oksana Pokaltchouk, porte-parole d'Amnesty en Ukraine, qui a démissionné de son poste à la suite de la publication de ce rapport. Selon Saint Vladimir le patriarche, ce rapport donnerait l'impression de mettre sur un pied d'égalité les deux belligérants. Amnesty ne nie pourtant pas que ce soit la Russie qui ait ouvert les hostilités... mais le rapport se veut objectif, et ça, dans une tyrannie émotionnelle comme la nôtre ou la leur, c'est déjà trop.
Adieu donc, Oksana Pokaltchouk. Si Amnesty n'est pas assez subjective, occidentaliste et partiale pour vous, je ne vois pas où vous pourrez vous recaser. Quant à moi, j'applaudis l'effort consenti par l'omnipotente ONG pour faire preuve d'un peu moins de biais... et j'observe avec délectation, comme vous probablement, amis lecteurs, les échanges de tirs fratricides au sein d'un camp du Bien de plus en plus écartelé.
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