dimanche 3 juillet 2022
J’ai 35 ans et je suis agricultrice bio en Auvergne.
Il y a deux ans, j’ai été contactée par une entreprise privée qui avait pour projet d’installer un parc d’éoliennes dans ma commune.
Je les ai reçus avec joie ! J’avais hâte de participer à un projet
écologiste et d’apporter mon grain de sel à la fin du nucléaire.
Première surprise
Je m’attendais à rencontrer un
représentant de l’Etat, ou de la préfecture pour ce genre de projet
(l’énergie est, il me semble, le bien de tous et nous sommes tous
concernés). En fait, il n’en était rien : c’était bien une entreprise
privée financée par des fonds de pensions étrangers qui était chargée du
projet. - Un peu bizarre, mais, après m’être renseignée, je me suis
aperçue que tous les projets étaient tenus par des boîtes privées qui
prospectent un peu partout en France pour chercher des terrains où
placer des éoliennes.
Je pensais donc que cette société voulait m’acheter un bout de terrain, un peu comme un promoteur immobilier « du vert ».
Deuxième surprise
La société envisageait effectivement d’implanter une éolienne chez moi, mais elle ne voulait « surtout pas » me déposséder de mes terres. Elle voulait seulement louer le terrain. Et cela, pour une somme absolument mirobolante : pour moi qui ai des revenus de 1.500 euros par mois, on me proposait un loyer de 30.000 euros par an pour deux éoliennes implantées. Pendant 20 ans. 30.000 qui tombent tous les ans et je participe à l’écologie nationale. Un rêve.
- La société a insisté pour que je signe « rapidement », car
d’autres agriculteurs pouvaient être aussi intéressés. A 30.000 par an,
je n’en doutais pas une seconde.
- Mais… je suis auvergnate, et par nature, méfiante. J’en ai discuté
avec… ma grand-mère. Elle a hoché la tête, et elle m’a dit : « ils
veulent payer 75 fois le prix de la terre sans la posséder ? ici ? Là où
nos terres ne valent pas grand-chose ? … « Il y a un loup quelque
part ».
- Alors j’ai cherché le loup. Et je l’ai trouvé en demandant un
nouveau rendez-vous avec la société. Je leur ai demandé une copie du
contrat du bail. Et j’ai lu toutes les petites lignes.
Troisième surprise
Et voici la question que je leur ai posée : au bout de 20 ans, que se passe-t-il ?
- Pas de réponse. Ou plutôt une réponse très floue : on ne sera
plus là, car on revend nos implantations à des entreprises étrangères
(chinoises notamment). Mais la loi nous demande de prévoir le
démantèlement de l’éolienne. Nous provisionnons 50.000 euros.
- Parce qu’au bout de 20 ans, une éolienne, elle est en fin de course.
- OK. J’ai donc fait venir plusieurs entreprises spécialisées. Pour
démanteler une éolienne de 200 mètres de haut, le coût minimum est de
450.000 euros par éolienne. A la charge du propriétaire du terrain.
- Et s’il ne peut pas payer ? Comme il s’agit d’une éolienne
industrielle, l’Etat se retourne contre le propriétaire, puis contre la
commune.
- Je fais un rapide calcul : le projet d’ensemble comprend 7 éoliennes et ma commune 200 habitants.
- 450 000 x 7 = 3 millions 150 000 de dette.
- J’ai la tête qui tourne… j’ai le vertige face à une telle dette.
Ça, c’était ma première découverte. Depuis, je suis allée de surprise en surprise.
Les (autres) surprises
Tout d’abord, je me suis demandée pourquoi cette société voulait implanter des éoliennes dans un endroit où il y a si peu de vent.
- Réponses : en effet, il n’y a pas assez de vent. Qu’à cela ne
tienne, nous allons construire des éoliennes beaucoup plus hautes. 200
mètres de haut. La taille de la tour Montparnasse.
- Fort bien. Pour des éoliennes qui ne tourneront que 25 % du temps,
pas très rentable… Alors, comment se fait-il que des fonds de pension
s’intéressent tant à l’éolien en France ?
- Tout simple ! En France, une loi exige que l’énergie verte des
éoliennes soit achetée en priorité deux fois le prix des autres énergies
(l’hydraulique, qui est pourtant totalement vert, n’a pas ce
privilège !)
- Donc, c’est intéressant pour les investisseurs (étrangers), sans
doute en pleine complicité avec le gouvernement… car… qui paye cette
différence ?
Nous payons
Sur votre facture EDF, il y a une petite ligne qui indique que nous « participons au développement de l’énergie verte » … en fait, nous finançons des actionnaires étrangers.
- Ah oui ! Je ne vous ai pas tout dit ! Cette énergie est
essentiellement destinée à être exportée. Donc pas du tout destinée à
faire fermer les centrales nucléaires.
- Ça, les actionnaires s’en fichent totalement. Moi pas. Je me suis
livrée à un petit calcul : le développement de l’éolien en France va
coûter 75 milliards d’Euros financés par nous-mêmes pour détruire nos
paysages, notre tourisme, la valeur de nos biens immobiliers et nos
parcelles cultivables (qui ne le sont plus quand on dépose 1.500 tonnes
de béton dans le sol pour y placer la tour Montparnasse).
- Avec cet argent, l’État pourrait redistribuer à chaque Français une
part pour isoler dignement son logement. Nous pourrions ainsi fermer 18
réacteurs nucléaires. Mais ça, ça ne rapporterait rien aux actionnaires.
Pour finir, je tiens à préciser que je ne signe pas ce texte.
Je vais faire des mécontents :
- les agriculteurs, qui souhaitent « rafler les 30.000 euros par an » sans réfléchir.
- les sociétés de l’éolien, qui, plus subtiles, me proposent des « compensations » contre mon silence.
- et les sociétés de béton qui acceptent avec joie de tout bétonner à outrance.
La France est très en retard par rapport aux autre pays Européens et mondiaux en matière de « vert ». Elle se fait taper sur les doigts car elle dit « faites ce que je dis mais pas ce que je fais : »tous en vert, allez-y" !!! sauf que nous trainons les pieds.
Nos pénalités pèsent de plus en plus lourd dans la balance économique, elles sont de plus en plus importantes donc faut accélérer, coûte que coûte, le processus d’implantation du « vert ». Tous les moyens sont bons même les frauduleux.
Merci de faire circuler, et réfléchissez. Je crois que sous couvert de « vert » on nous prend pour des jambons.
PS Les chiffres peuvent varier selon les cas mais le global reste vrai. Nous n’avons aucune obligation sauf celles que nous nous fixons.
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