Ce dimanche 13 mars, l’Union européenne décidait de prendre de nouvelles sanctions à l’égard de la Russie.
Dès le lendemain, Clément Beaune, secrétaire d’État aux Affaires européennes, annonçait qu’après ce quatrième train de sanctions, un cinquième train allait suivre.
Mais quelle est la portée de ces mesures sur le pays dont le territoire est le plus vaste du monde et qui se trouve être le deuxième producteur mondial de gaz naturel et de pétrole ?
Pour répondre, revenons sur la situation de la Russie depuis les sanctions de 2014. À la suite de l’annexion de la Crimée, l’Union européenne décidait le gel des actifs financiers de plusieurs personnalités russes, l’interdiction pour les citoyens européens et les entreprises d’acheter ou de vendre de nouvelles actions financières si elles proviennent d’une banque russe dont l’État est actionnaire majoritaire, l’embargo sur l’import et l’export des armes et du matériel militaire en provenance et à destination de la Russie ou encore l’interdiction des licences d’exportation pour les équipements destinés à la recherche de pétrole et de gaz en eau profonde. Parallèlement, les États-Unis mettaient en place des interdictions de voyager et des gels d’actifs financiers. Tout cela pour quelles conséquences ?
Des économistes travaillant pour la banque russe Alfa Bank reconnaissaient que dans les cinq années ayant suivi la prise de sanctions, les revenus des Russes avaient baissé de 10 % ; en outre, le Service fédéral des statistiques de l'État russe, communément appelé institut Rosstat, relevait une augmentation considérable de la pauvreté. Cela dit, lorsque Vladimir Poutine a contre-attaqué avec un embargo alimentaire, les conséquences ont été lourdes pour la filière alimentaire française : les exportations sont passées de 386,8 millions de dollars à 23,3 millions. Dès 2014, Vladimir Fédorovski, ancien diplomate russe d’origine ukrainienne et aujourd’hui français, alertait sur l’inefficacité des sanctions à l’égard de la Russie : les attaques par le monde occidental pourraient renforcer le sentiment national russe et, in fine, la popularité de Poutine.
Il rappelait que le peuple russe peut endurer sans problème des difficultés économiques, car c’est un peuple habitué à souffrir, et évoquait cette anecdote révélatrice : faisant remarquer à un ambassadeur américain que Barack Obama ne comprenait pas la mentalité russe, il lui suggérait : « Votre président devrait relire Tolstoï » et s’entendait répondre : « Non, il faut qu’il lise Tolstoï ! » Les faits ont donné raison à Fédorovski. Malgré les difficultés économiques, le 18 mars 2018, Poutine était réélu avec 76,69 %, un score nettement supérieur à ceux de 2000, 2004 et 2012.Aujourd’hui, les sanctions prises par l’Union européenne, le Royaume-Uni et les États-Unis sont beaucoup plus lourdes : gel des avoirs en Europe de Vladimir Poutine lui-même, interdiction de médias russes, exclusion de banques russes, réduction des importations européennes des hydrocarbures russes ou encore interdiction d’exportation de produits de luxe vers la Russie. Tout cela va-t-il vraiment impressionner le peuple qui a subi le communisme, la guerre contre l’Allemagne nazie et les 1.800 % d'inflation de 1992 ? Et pour nous, quel sera le prix à payer ? Nous évoquions déjà cette question, il y a peu, dans nos colonnes.
Pendant ce temps, Poutine, il y a quelques jours, déclarait que ces sanctions seraient certes dures mais qu’elles seraient surmontées comme celles des années précédentes et permettraient « de renforcer [leur] souveraineté économique ». Et il ajoutait une pique à l’encontre d’Ursula von der Leyen qui aurait dit aux Européens de « se serrer la ceinture et de s’habiller plus chaudement ».
In fine, qui sera vraiment sanctionné ?
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