Dans ce conflit qui a éclaté sur notre flanc droit, nous, Européens, sommes des nains qui allons payer très cher le fait d’être restés le cul entre deux chaises.
Notre soumission aux États-Unis et à l’OTAN ne pourra pas remplacer la main qui nous chauffe et nous nourrit.
Et si le peuple russe doit retourner un siècle en arrière, comme on nous le serine à longueur d’antenne, rien ne dit que nous ne repartirons pas, nous aussi, vers l'âge de pierre.
La Russie et l’Ukraine sont pour nous des fournisseurs vitaux. Sans eux, c’est la disette : pas de blé, pas de tournesol. Sans eux, c’est la chaudière à zéro et le retour à la bougie. Sans eux, c’est notre industrie au ralenti, voire à l’arrêt : aluminium, titane, nickel, palladium… tout ce qui est indispensable à l’industrie de pointe arrive de l’Est. Nous avons voulu l’asservissement par la mondialisation, nous l’avons.
Depuis quinze jours, les cours se sont envolés : lundi, le pétrole a franchi les 130 dollars le baril et le gaz de Russie, dont l’Europe importe 40 %, a atteint le record de 345 euros le mégawattheure. Le grenier à blé s’enflamme : les cours, là aussi, ont pulvérisé les records, le blé atteignant, lundi, 450 euros la tonne. Devant la pénurie qui s’annonce, la Hongrie et la Bulgarie viennent d’interdire les ventes de céréales à l’étranger et, plus touchés encore que l’Europe, « des pays comme l'Égypte, l'Algérie, ou d'Afrique subsaharienne, de plus en plus dépendants des blés russes et ukrainiens », vont se retrouver en grave pénurie, dit, au Figaro, Philippe Chotteau, chef économiste de l'Institut de l'élevage à Paris.
Joe Biden décide d’imposer un embargo total sur les importations américaines de pétrole et de gaz russes. Suivi aussitôt par Boris Johnson, son affidé depuis le Brexit. Martial, le président américain a prévenu sa population : « Défendre la liberté va avoir un coût, pour nous aussi. » Sauf que les enjeux pour les États-Unis sont sans commune mesure avec ceux des Européens. Depuis 2020, les États-Unis sont devenus exportateurs nets d’hydrocarbures et n’achètent pas de gaz et peu de pétrole à la Russie. On peut même imaginer que Joe Biden voit là une belle occasion pour son économie…
Pour l’instant l’Europe hésite. Toutefois, Ursula von der Leyen ne semble pas inquiète : « Nous ne pouvons tout simplement pas dépendre d’un fournisseur qui nous menace ouvertement », dit-elle, alors, c’est simple : nous allons réduire de deux tiers les importations de gaz russe de l’Union européenne dès cette année (sic). Ben quoi, c’est simple, non ? Les Européens n’ont qu’à prendre leur vélo et couper le chauffage.
Le vice-président de la Commission Frans Timmermans l’a dit : ce qu’il nous faut, c’est du « courage » et de la « ténacité ». Mais oui, mais oui. D’ailleurs, Timmermans en est sûr : « D'ici la fin de l'année (sic), nous pouvons trouver des moyens de substitution à 100 milliards de m3 de gaz russe, soit les deux tiers de nos importations actuelles [...] Ce sera sacrément dur, mais c'est possible », et d’ajouter que l'Union européenne pourrait se passer complètement de gaz russe « bien avant 2030 ».
Commentaire d’un lecteur du Figaro : « Ben voyons, en neuf mois, on va réussir à changer de sources d'approvisionnement par magie pour toute l'Union européenne. Le Qatar, qui est le deuxième plus grand producteur de gaz au monde, ne produit qu'à peine 40 % de la quantité de gaz que la Russie produit, et il faut en plus l'acheminer par bateaux GNL... bateaux qui sont en nombre très limité, alors qu'il en faudrait environ une centaine rien que pour l'Allemagne par mois ! » Laquelle, Allemagne, « n'a toujours pas de terminal GNL, et que ça prend des années à construire. Donc si on prend les 27 pays dans son ensemble, ça sent vraiment l'utopie à plein nez. »
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