Derrière ce titre à la Simonin, que le lecteur me pardonnera volontiers, se cache une bien belle initiative citoyenne de la mairie de Paris, dont Le Parisien se fait l’écho.
Trois « espaces funéraires écologiques » vont voir le jour dans la petite couronne. Comme dans les prospectus de résidences en construction, le projet est précisé avec un luxe de détails. Tout d’abord, il s’agira d’un espace de nature à répondre au rapport des Parisiens à la mort et à la nature… et surtout pas d’un cimetière. Faudrait pas confondre.
Dans ce nouvel espace, donc, foin de cercueils chromés, de stèles en marbre et d’enterrements en uniforme. On n’est pas dans Les Grandes Familles. La mairie de Paris, qui vous accueille (je n’invente rien) dans une prairie semée « d’espèces indigènes et naturalisées », comme à Stalingrad, insiste sur un certain nombre de prérequis : cercueils biodégradables, vêtements en fibres naturelles, plaques de bois francilien… On part sur du naturel, comme on dit dans les bars à vin du XIe. Il est précisé que même les cancéreux soignés par chimio sont priés de se faire nettoyer de tous les produits polluants avant de songer à rejoindre ce havre naturel.
Côté maintenance, on part également sur du naturel.
Pas de tractopelle, que du creusé main. Décarboné, le cimetière… pardon, l’espace funéraire. Les fossoyeurs commentent sobrement la nouvelle : éparpiller les cadavres, c’est une bonne nouvelle pour les nappes phréatiques.Enterrer les humains dans des cartons. Riche idée. C’est décroissant en diable. Le moins biodégradable, dans tout ça, ce seront peut-être les cadavres, gavés de conservateurs depuis l’adolescence.
Il me semble que Pierre Desproges, Claude Chabrol et Michel Petrucciani sont voisins de parcelle, au Père-Lachaise. Ça a tout de même une autre gueule qu’une allée de cadres sup à la page, en costume de coton équitable, emballés dans du carton sur une parcelle de banlieue semée de prairie « indigène ou naturalisée ». Mais bon, si la sauvegarde du monde est à ce prix…
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