Henri Laborit est un éminent neurobiologiste français, mais aussi un
médecin, chirurgien, éthologue, eutonologue, philosophe, spécialiste du
comportement animal et humain (1914 -1995).
Son principe est qu’un
système nerveux sert à agir. Donc il doit agir, sinon il dépérit et
entraine des maladies psychiques ou physiques. Si un organisme subit une
agression, seules trois options s’offrent à lui : se révolter, ne rien
faire (et donc subir l’agression) ou fuir. Pour Henri Laborit, le seul
choix raisonnable est la fuite qu’il expose dans son célèbre essai
L’Éloge de la fuite, paru chez Robert Laffont. En effet, ses expériences
scientifiques dans les années 1950 l’amènent à développer le concept
d’inhibition de l’action et ses relations avec le cerveau et les
systèmes neuroendocrinien et immunitaire. Il découvre que les désordres
somatiques liés à l’agression psycho-sociale sont provoqués par un état
d’inhibition de l’action. Il effectue plusieurs expériences avec des
rats pour démontrer ses recherches.
[...]
Les découvertes scientifiques d’Henri Laborit permettent de comprendre
que pratiquement la majorité des accidents physiopathologiques dépendent
des rapports entre l’individu et son environnement social, familial et
professionnel. Henri Laborit répétait que seul un système immunitaire
efficace pouvait empêcher le développement de microbes, virus,
bactéries, à l’origine des infections et processus tumoraux.
Henri Laborit révolutionne les domaines de la psychiatrie en
introduisant le premier neuroleptique au monde en 1951, utilisé dans le
traitement pour la schizophrénie, de l’anesthésie, de la chirurgie avec
la mise au point de la technique de l’hibernation artificielle. Il crée
le 1er laboratoire d’eutonologie pour étudier les mécanismes liés au
stress, et met en avant l’existence de nos deux systèmes nerveux et des
radicaux libres.
Pionnier de la théorie de la complexité et de l’auto-organisation du
vivant par l’introduction de la cybernétique et de la systémique, des
rapports entre la biologie et l’urbanisme, Henri Laborit a écrit une
trentaine de livres consacrés à la philosophie scientifique et à la
nature humaine afin que son savoir soit accessible par tous : « Tant
qu’on n’aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette
planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils
utilisent et tant que l’on n’aura pas dit que jusqu’ici cela a toujours
été pour dominer l’autre, il y a peu de chances qu’il y ait quoi que ce
soit qui change. »
Henri Laborit nommé pour le Prix Nobel ne l’a pas eu, dixit Pierre
Huguenard, à cause de l’hostilité du microcosme médical civil français,
et parisien. Le doyen de la faculté de Médecine, envieux de son succès
et supportant mal les remises en question que ses travaux suscitaient,
aurait même fait le voyage en Suède, à Stockholm, pour dissuader le jury
de décerner la prestigieuse récompense à notre sommité mondiale. Ses
travaux sur le conditionnement animal et humain sont à la base du film
Mon oncle d’Amérique d’Alain Resnais, en 1980. Il est le grand-père de
l’actrice Emmanuelle Laborit et le père du psychiatre Jacques Laborit.
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