On les entend souvent dénoncer les atteintes aux libertés. De préférence dans les pays lointains.
On les entend souvent défendre les droits des minorités, de celles dont la cause est « juste ».
On les entend souvent, drapés dans la conscience universelle des droits humains.
Ils rédigent des motions ; ils exigent ; ils revendiquent ; ils manifestent ; ils font grève.
Ils viennent de créer un Prix 2020 des Droits de l’Homme.
Ils se définissent comme défenseurs des libertés publiques ; ils se veulent les porte-parole des plus faibles, des opprimés.
A chaque fois qu’ils se manifestent, c’est au nom de la défense des plus fragiles.
Et ils sont muets. Frappés de sidération.
Ils sont la preuve vivante qu’un avocat peut se taire.
Depuis le mois de mars, les libertés publiques sont rognées jour après jour.
Plus encore, elles le sont ouvertement, au grand jour : les libertés fondamentales, celle d’aller et venir, celle de travailler, celle de se vêtir comme on l’entend, celle de se déplacer, celle de manifester. Et, par-dessus tout, celle de s’exprimer.
Jamais la censure privée n’a été aussi efficace.
Facebook et les autres réseaux sociaux avertissent, modèrent, suppriment, retranchent.
Au nom d’une urgence sanitaire que tout esprit qui réfléchit quelques minutes considère, à raison, comme un grossier prétexte, le pouvoir a imposé à la population une série de contraintes auxquelles elle doit se plier, sous peine d’amende.
Et la population – enfin, celle qui a l’habitude de respecter l’ordre public, s’est soumise.
Port du masque obligatoire dans nos villes (sauf pour les racailles), interdiction de tout rassemblement (sauf pour les racailles), limitations d’accès aux lieux publics et de culte, manifestations impossibles, restrictions à l’entrée dans les commerces, contraintes draconiennes imposées aux bars et restaurants.
Ne parlons pas de l’enseignement : Masqués, élèves et étudiants ! Masqués, professeurs et personnels !
Jusqu’où ? Jusqu’à quand ?
Le fonctionnement de la justice reste très fragile, l’accès aux tribunaux est limité, celui aux greffes est quasiment impossible. Jusqu’où ? Jusqu’à quand ?
À quel état de déliquescence intellectuelle les avocats sont ils parvenus, soumis comme les autres, soumis plus encore que les autres aux injonctions d’un pouvoir qui, lui, ne masque pas ses intentions ?
Louis Pauwels avait fait scandale en parlant de “sida mental”.
C’est bien de cela qu’il s’agit.
Combien de bâtonniers ont réagi, combien ont exercé des recours contre ces mesures liberticides ? Combien ? Aucun.
Plus de motions, de pétitions et de manifestations.
Plus d’indignation, d’expression outragée, de réflexion.
Les gardiens du temple des libertés publiques sont muets.
Pire que cela : ils sont complices.
Complices d’un pouvoir dont ils sont, intellectuellement, incapables de remettre en cause la légitimité.
Complices d’une atteinte jamais vue à nos libertés.
Complices de la censure – la loi Avia n’a provoqué aucune réaction chez leurs représentants. Complices.
Face à une dictature rampante, une démocrature inédite, les avocats se taisent.
Jusqu’à quand ?
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