Selon la préfecture "l'usage d'armes blanches à l'occasion de vols avec violence est une réalité en zone police".
Tout l’été, à Bordeaux, les actes de violences se sont répétés, jusqu’à atteindre une attaque par arme blanche quotidienne entre fin juin et fin juillet.
Vous vous souvenez peut-être de ce coup de machette, qui avait donné lieu à une interpellation, de ces bagarres en marge de la fête de la musique, de cette série de blessés en une seule nuit ou de cet homme poignardé au miroir d'eau.
Trafic de drogue et mineurs non accompagnés
Les chiffres ne sont pas encore arrêtés mais la mairie compte déjà plus d'une dizaine d'agressions par arme blanche en août.
Une réelle problématique pour une municipalité qui vient juste de s'installer.
L'adjoint au maire en charge de la sécurité n'a pas pris de vacances.
Chaque jour, il remplit un tableau avec le nombre d'agressions.
Une quarantaine donc, depuis le début de l'été.
Pour Amine Smihi, il y a deux raisons à cette recrudescence de la violence, avec en premier lieu, la drogue : "On a affaire à une recomposition de territoire qui entraîne des guerres de groupes autour du contrôle de la place du trafic de stupéfiants."
Des enfants pris en charge par des trafiquants d'humainsEnsuite ce sont les problématiques liées aux mineurs non accompagnés, les MNA : "Des enfants, explique le maire adjoint, qui sont pris en charge par des trafiquants d'humains qui profitent de leur situation de faiblesse et qui pour survivre s’adonnent à des larcins qui, parfois, dépassent l’enjeu de l'acte lui-même."
Les MNA représentent à eux seuls 44% des actes de violences au premier trimestre selon la préfecture.
Arrivée d'ici mi-septembre d'un Groupement local de traitement de la délinquance
Selon Amine Smihi, Bordeaux s'est considérablement développée, mais les moyens de la police nationale et de la justice n'ont pas suivi.
Pour coordonner leurs actions, un GLTD va prendre effet la première quinzaine de septembre dans le quartier Saint-Michel. Ce Groupement local de traitement de la délinquance est une sorte de cellule de crise pour identifier et neutraliser les têtes de réseau, comme nous vous l'expliquions fin juillet.
On va embaucher dans la police municipaleLe maire Pierre Hurmic promet que ce ne sera pas tout : "On va embaucher dans la police municipale, on souhaite aussi à Bordeaux le retour d'une brigade de CRS pour soulager le travail de la police nationale. Nous avons écrit au ministre de l'intérieur Gérald Darmanin dans ce sens."
La police d’ailleurs se rend compte du changement, "depuis quelques temps, après le confinement, on a vu une recrudescence des agressions, des règlements de compte, avoue Philippe Rolland, le secrétaire régional UNITE SGP Police. C'est surtout dans les quartiers des Capucins, de Saint-Michel, des Aubiers, de Bacalan. Nous n'y étions pas habitués."
La police à bout de souffle
"Mais le problème, continue Philippe Rolland, c’est qu’on va s'essouffler à force !
On interpelle toujours les mêmes mineurs non accompagnés, toutes les nuits… Ils sont mis à disposition et ils sont relâchés. Le lendemain on les ré-interpelle, ils sont mis à disposition, ils sont relâchés etc. Entre-temps, ça fait beaucoup de dégâts et d'agressions. Et puis ça donne l'impression aux policiers de perdre leur temps, on s'épuise. Les problèmes de violence dans notre société ce ne doit pas être qu'une réponse policière, il faut une réponse de la justice aussi. Demain vous allez griller un feu rouge, il y aura une réponse, vous n’avez pas votre ceinture, il y aura une réponse. Là c'est pareil, il y a des gens qui commettent des agressions, des vols violents, ils sont interpellés et relâchés le lendemain, ils se disent : je recommence !"
Des maraudes en action
Pour tenter d’apaiser la situation, la mairie a mis en place des maraudes via Bordeaux Métropole Médiation.
Elles existent depuis plusieurs années, mais nouveauté, depuis le mois de mai, plusieurs équipes sillonnent les quais, du parc des sports à Saint-Michel, à la rencontre notamment des MNA.
Quand on en parle à Eléonore Bécat, la directrice de Bordeaux Métropole Médiation pense tout de suite à ces auteurs, également victimes : "Ce sont des enfants qui sont suradaptés à la rue déjà en arrivant. Ils sont dans des logiques de survie et s'il y a de la violence c'est que, derrière, il y a aussi des systèmes qui en profitent. Ces réseaux profitent de ces jeunes qui sont prêts à faire des choses pour avoir, ne serait-ce qu’un toit le soir au-dessus de la tête. C'est un peu de la traite d'êtres humains. Ils sont eux-mêmes victimes d’énormément de violence et, pour survivre, ils sont donc amenés à faire des choses sous la contrainte."
Certains ont 12 ou 13 ans, d'autres se disent mineurs mais ont parfois 25 ans.
Quoiqu'il en soit, le but pour les médiateurs et d’instaurer une relation de confiance et de favoriser l'accès au droit.
Ce sont des publics vulnérables, très fragilesTous les jours, l’un d’entre eux, Salim, va fait une tournée, une "PAP" (pour présence active de proximité).
Il vient juste dire bonjour, montrer qu’il est là ou parler parfois plusieurs heures.
Il confie : "On travaille avec des publics qui sont vulnérables, très en difficulté. On essaie de les relayer vers des institutions. Ils ont vraiment décroché. C'est un public très fragile et qui a besoin de soins en particulier."
Cinq mineurs mis à l'abri
Cet été, cinq mineurs ont pu être mis à l'abri dans les structures d'aide à l'enfance du département.
Et selon les médiateurs, dans cette population des mineurs non accompagnés, entre 50 et 70 maximum poseraient problème.
Bien fais Cons des villes payer la facture maintenant.
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