Une tragédie exemplaire. Elle peut tenir en quelques lignes.
Mais les faits : le motif du licenciement est consécutif à un contrôle d’alcoolémie lors d’une tournée au Fresne-Camilly, près de Caen.
« Avec son collègue, ils ont accepté deux bières offertes par un client » explique Ahmed Benani, élu CFDT au CSE de la COVED (collecte valorisation énergie déchets).
Le salarié qui devait se suicider présentait un taux d’alcoolémie de 0,19 g par litre de sang, contrôle effectué par la police municipale.
Les deux hommes ont ensuite été convoqués à un entretien préalable et ont été licenciés.
« Il a reçu sa lettre de licenciement le jeudi, le vendredi matin, il a revêtu sa tenue de travail et s’est donné la mort dans le garage de ses parents » poursuit Yannick Martin, délégué CGT à la COVED.
Ils auraient pu lui laisser une deuxième chance
« Il n’y a aucun procès-verbal ! Et la direction, appelée sur les lieux, a laissé notre collègue terminer sa tournée. Le règlement nous interdit de boire de l’alcool. Mais s’il était dangereux, il ne fallait pas le laisser reprendre le camion » observe Ahmed Benani.
Les deux délégués syndicaux dénoncent un « management expéditif » et des conditions sociales qui se dégradent dans l’entreprise.
« Ils auraient pu mettre en place un suivi, un accompagnement, au lieu de le licencier tout de suite ». Contactée, la direction de la COVED n’a pas souhaité réagir.
Les syndicats ont saisi l’inspection du travail.
Le vendredi à l’aube, il avait pris soin de revêtir sa tenue d’éboueur et apporté son fusil de chasse.
À ses pieds, ses parents ont trouvé la lettre de licenciement, envoyée la veille.
Veuf depuis plusieurs années, l’homme laisse un fils de 18 ans.
La Coved «ne souhaite pas commenter cette dramatique affaire». La famille envisage de porter plainte.
« Mes parents sont dévastés, témoigne son frère Pablito Patry, c’est mon père qui a découvert le corps. »
Il reconnait que son frère a commis une erreur et n’aurait pas dû consommer d’alcool pendant sa tournée.
« Mais ça n’était jamais arrivé en 26 ans de carrière. Ils auraient pu lui laisser une deuxième chance. Eboueur lui aussi, il garde en mémoire les marques de reconnaissance reçues pendant le confinement. Mon frère a travaillé sans relâche pendant toute cette période, on était les héros du quotidien. Là c’est le monde qui s’écroule ».
Comment le dire mieux ?
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