On
se doutait que le gouvernement cachait quelque chose.
Il affirmait
d’abord que les masques étaient inutiles au commun des mortels, avant de
les recommander, à l’approche du 11 mai.
Même les personnes les plus
exposées en manquaient !
Le Monde publie, ce jeudi 7 mai, une enquête explosive, intitulée
« 2017-2020 : comment la France a continué à détruire son stock de masques après le début de l’épidémie ».
Elle révèle l’impéritie de nos gouvernants et la faillite de l’État. Un scandale, qui ne peut rester sans suite.
Fin mars, en pleine crise du coronavirus, le cabinet du Premier ministre aurait découvert que, depuis plusieurs semaines,
«
des millions de masques issus des réserves étatiques, dont une part non
négligeable était sans doute utilisable, sont consciencieusement
brûlés… »
De quoi tomber de sa chaise !
Matignon fait stopper le
processus de destruction, mais trop tard, le mal est en partie fait.
Il
paraît incroyable que les services d’Édouard Philippe n’aient pas été au
courant : preuve, s’il en fallait, du mauvais fonctionnement de la
machine gouvernementale.
L’enquête du
Monde souligne la responsabilité du pouvoir
actuel, héritier du mandat précédent.
Les témoignages sont accablants,
mais les responsables ne se bousculent pas au portillon.
Agnès Buzyn, qui a quitté
son ministère pour « sauver » Paris, est l’objet de toutes les
critiques, y compris dans son propre camp.
On lui reproche d’avoir nommé
au poste de conseiller chargé de la sécurité sanitaire un jeune médecin
inexpérimenté, qui n’y restera que dix-huit mois.
L’intéressé a répondu
au
Monde qu’il réservait ses explications aux « différentes commissions » d’enquête à venir.
Il ne croit pas si bien dire.
Mais il n’est pas le seul à être mis en cause. Jérôme Salomon,
conseiller de Marisol Touraine, tôt rallié à la candidature d’Emmanuel
Macron, nommé (en récompense ?) à la tête de la Direction générale de la
santé, en prend aussi pour son grade.
Pourquoi, alors qu’il avait,
semble-t-il, alerté le candidat à la présidence en 2016, ne s’en est-il
pas préoccupé ensuite ?
Le fait est que, selon les chiffres donnés par
Le Monde,
en moins de trois ans, les stocks ont été divisés par six.
Au départ de
Marisol Touraine, les réserves de l’État étaient de
616 millions de
masques : il n’en reste que 117 millions en mars 2020.
Mais où sont-ils
donc passés ?
On apprend, au fil de l’enquête, que la quasi-totalité des stocks ont
été mis au pilon, considérés comme périmés, et n’ont pas été remplacés.
Selon Benoît Vallet, le prédécesseur de Jérôme Salomon à la DGS, une
grande partie était pourtant encore utilisable.
Le Monde en déduit que
«
l’exécutif aurait triplement fauté : en détruisant des masques encore
bons à l’emploi et, dans tous les cas, en omettant de renouveler mais
aussi d’augmenter les stocks ». Benoît Vallet assure avoir prévenu
les autorités sanitaires.
Pour un résultat dérisoire : une commande de
100 millions de masques, passée en 2019, pour livraison en… 2020.
Drôle de conception de l’urgence !
Difficile de savoir qui est le plus responsable, de l’administration
ou de nos gouvernants.
Mais quelle est la légitimité de politiques qui
ne savent ni anticiper les besoins ni vérifier ce que fait leur
administration ?
« La santé publique, ce sont des choix politiques dont dépendent des millions de vie »,
rappelle avec raison Philippe Douste-Blazy.
La Cour de justice de la
République a déjà été saisie, des plaintes ont été déposées au parquet
de Paris, le Sénat doit mettre en place une commission d’enquête et
sera, sans doute, suivi de l’Assemblée nationale.
Il est temps de faire
toute la lumière sur cette affaire et d’établir les responsabilités
jusqu’au sommet de l’État.
Philippe Kerlouan
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