On peut dire qu’Edouard Philippe a su trouver les mots pour qualifier ceux qui ont incendié le chapiteau de Chanteloup-les-Vignes ce week-end : « une petite bande d’imbéciles et d’irresponsables ». Imbécile, du latin “imbecillus”, « faible » : « dépourvu d’intelligence, stupide, sot », nous dit un dictionnaire de 2003.
Un autre dico, plus vieux, datant de Giscard, ajoute : « arriéré ».
Et puis, comme je suis curieux, je suis même allé consulter mon vieux Nouveau Larousse illustré publié sous le Président Loubet et je lis que « l’imbécillité est un état mental caractérisé par un arrêt de développement de l’intelligence, qui est et reste rudimentaire, mais ne fait jamais totalement défaut. Elle est souvent considérée comme le degré le moins dégénéré de l’idiotie. L’imbécile, d’ailleurs, se distingue de l’idiot par l’absence de tout stigmate physique… »
Dommage, cela aurait peut-être pu aider à l’identification de ces « petits cons », pour reprendre le langage moins châtié de Madame le Maire de Chanteloup.
Notons que, sur cette affaire, la communication gouvernementale est parfaitement maîtrisée.
Ainsi, samedi, Christophe Castaner qualifiait, dans son tweet de soutien à la police, ces actes de « lâches et imbéciles ».
Si on arrête les imbéciles de Chanteloup, espérons qu’ils ne feront pas un procès pour injure publique au Premier ministre.
On ne sait jamais par les temps qui courent.
Des fois qu’ils possèdent le Nouveau Larousse en huit volumes de 1906… Comment y nous cause le bouffon à barbe de Matignon !
Sous Sarkozy, on parlait de « racailles ».
Aujourd’hui, on fait moins rugueux.
« Racailles », ça stigmatise.
Et, par les temps qui courent encore et toujours, faut surtout pas stigmatiser.
Alors va pour « imbéciles ».
Au prochain incendie de bibliothèque, d’école ou de salle polyvalente, Edouard Philippe devrait pouvoir trouver dans son dictionnaire de poche des mots qui ne demandent qu’à revenir à la mode : « fripons », « galopins » ou « chenapans », par exemple.
En tout cas, cette approche quasi-clinique de celui qui est tout le contraire d’un imbécile heureux est contredite par une autre, disons, plus clanique.
Au micro de RT France, un homme, apparemment du quartier, tente une explication sociologique des plus intéressantes : « Les jeunes, ici, ils en ont marre d’être assimilés en tant qu’Arabes, en tant qu’immigrés, en tant que fils d’immigrés, en tant que délinquants, en tant que ceci, en tant que cela. Donc, maintenant, ils n’ont qu’une seule réponse : c’est de tout brûler. S’il faut toucher au portefeuille des gens, ils vont le faire ».
La question qui nous vient immédiatement à l’esprit et nous brûle les lèvres : cet homme, aux explications très claires, et Edouard Philippe, aux explications tout aussi claires, parlent-ils des mêmes personnes ?
Nous ne nous hasarderons pas à apporter une réponse.
Mais l’homme interviewé, tout aussi barbu qu’Edouard Philippe, va plus loin dans ses explications – on n’ira pas jusqu’à dire ses justifications.
« En gros, ce qu’on veut vous faire comprendre, c’est qu’on en a marre. Il y a des plages nudistes. Je vois pas pourquoi il n’y aurait pas de plages islamiques. »
Le rapport avec l’incendie du cirque de Chanteloup-les-Vignes ?
On ne saisit pas bien.
Faut-il voir dans cet acte criminel, pardon, dans « ces actes imbéciles et violents », une revendication islamique ?
Cela dit, cette idée de plage islamique n’est pas si imbécile que ça.
Faire un parallèle entre le nudisme et le port du voile, car c’est à cela que cet homme fait sans doute allusion, ça se tient : jusqu’à preuve du contraire, il est interdit de se promener à poil dans la rue. Donc…
Georges Michel
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