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jeudi 1 août 2019

La vérole revient

 
 


Toutes les statistiques le montrent, les cas de syphilis (ou vérole) sont en forte augmentation en France et en Europe.

Alors qu’elle avait quasiment disparu en France, cette maladie est réapparue dans les années 2000, et il y a actuellement davantage de cas de syphilis déclarés que de cas d’infection au VIH en Europe, qui n’est pas la seule région du monde à voir ses chiffres flamber ; c’est un phénomène quasi mondial.

En France, les chiffres ont fortement augmenté ces dernières années et on atteint 1.750 cas recensés en 2017.
La population la plus touchée par la syphilis est celle des hommes homosexuels, des personnes ayant des rapports avec plusieurs partenaires dans l’année ou fréquentant des prostitués.
La syphilis est une maladie grave pour laquelle il n’existe pas de vaccin, mais dont le traitement est simple et efficace ; hélas, il ne met pas à l’abri d’une réinfestation.
On peut attribuer l’augmentation de ces chiffres au fait que, la peur du VIH ayant diminué, les relations sexuelles sans préservatif ont augmenté et que les signes cliniques de l’infection par le tréponème (agent de la syphilis) peuvent passer inaperçus ou être confondus avec une autre pathologie.
Seul le dépistage sanguin permet d’affirmer le diagnostic, mais la recherche de la syphilis n’est plus obligatoire que chez les femmes enceintes et les donneurs de sang.
Non traitée, la syphilis évolue en trois stades pendant des années, voire des dizaines d’années.

Au stade primaire, quelques jours ou quelques semaines après la contamination, on peut observer un chancre au point d’inoculation, qui le plus souvent amène le malade à consulter, à condition qu’il se situe sur une partie visible du corps (verge, petites lèvres, gorge), mais si ce chancre n’est pas visible (paroi vaginale, rectum), le malade ne consultera pas, car en dehors du chancre, à cette période, la maladie est asymptomatique.
Ensuite, la syphilis évoluera, au bout de quelques semaines, vers sa phase secondaire qui se traduit par une éruption cutanée et muqueuse, avec parfois un peu de fièvre et des atteintes ostéoarticulaires pouvant amener le patient à consulter, mais ces signes sont souvent trompeurs et peuvent être confondus avec d’autres pathologies.
Non traitée à ce stade, la syphilis évoluera silencieusement pendant des années et entraînera des lésions, le plus souvent sévères, d’organes tel que le cœur et les vaisseaux sanguins, les os ou le foie, ainsi que le cerveau et la moelle épinière.
Il s’agit donc d’une maladie très grave que l’on peut, heureusement, bien traiter par des antibiotiques aux stades primaire et secondaire à condition, bien évidemment, d’en avoir fait le diagnostic .
Le dépistage sanguin obligatoire lors de la visite médicale prénuptiale a été abandonné il y a déjà quelques années ; peut-être faudra-t-il y revenir, et surtout proposer ce dépistage, comme on propose celui du VIH, lors des bilans systématiques ou pour les personnes appartenant à des groupes « à risque » afin d’éviter que les porteurs du tréponème ne contaminent d’autres personnes et puissent être traités efficacement.

Sous prétexte de ne pas stigmatiser certains groupes sociaux, il serait vraiment dommage de laisser progresser cette maladie dans la population alors que nous possédons les moyens de l’enrayer par un traitement simple et efficace.

Dr. Jacques Michel Lacroix

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