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jeudi 18 juillet 2019

Voitures brûlées du 14 juillet : circulez, y a rien à voir !

 
 



Il se faisait discret, ces derniers temps. Je veux parler de Christophe Castaner.

La discrétion, ça doit être son nouveau truc pour durer.

Tellement discret qu’il se refuse à ce que le ministère de l’Intérieur communique sur le nombre de voitures brûlées, le 14 juillet. « On ne donne pas et on assume. C’est toujours la même chose et ça n’apporte rien. ».
Vu comme ça…
C’est leur nouveau slogan : « J’assume ». François de Rugy disait la même chose, la semaine dernière.
« J’assume totalement… », disait-il, coup de menton en prime.
« J’assume », ça vous pose tout de suite un homme ou une femme.
« J’assume », c’est, en fait, dire « Je n’assume pas ».
Un peu comme quand on vous dit « Je vais être honnête avec vous ».
Des fois qu’on soit parfois malhonnête.
Donc, des chiffres sur les bagnoles brûlées à l’occasion des festivités algéro-footballistiques, vous n’en aurez pas.
Il y en aurait eu 195, selon La Provence, qui s’appuie sur des « sources policières ».
Il paraît que ce serait mieux que l’an passé : 212.
Waouh ! Ça fait tout de même 8 % en moins.
Castaner aurait pu faire son coq Maurice dans la basse-cour macronienne en exhibant ce pourcentage. Mais non. Pourquoi ?
La modestie, peut-être. Non, la peur de la surenchère.
Car la Place Beauvau ne voudrait pas provoquer « une course par rapport à vendredi ».
Vendredi ? La Finale, avec un grand F, celle qui opposera l’Algérie au Sénégal.
Car on imagine que l’esprit de compétition, qui déborde d’énergie et largement du périmètre des stades, pourrait inciter tous ces bons enfants (car il paraît que « l’ambiance était bon enfant », le soir de la demi-finale…) à mieux faire.
195 bagnoles ? Seulement ? On va vous arranger ça.
Quelque chose qui soit à la hauteur de l’événement.
Mais attention, dans un esprit bon enfant, ça va sans dire.
Tut tut tut ! Pas de ça. Rangeons gentiment le thermomètre dans la boîte à pharmacie, vous verrez, la température va tomber toute seule.
Ce n’est pas la première fois que ce gouvernement la joue low profile, comme on dit dans leur petit monde.
Déjà, le 1er janvier, Christophe Castaner s’était fendu d’un communiqué « cocoriquesque » : « Partout en France, les festivités ont pu se dérouler normalement et ont été exemptes de tensions notables et d’incidents graves, même si des incidents mineurs sont, comme chaque année, à déplorer. »
Des lettres mais pas de chiffres.
Après tout, notre Président est un fin lettré, pas un comptable.
Dans un tout autre domaine, le gouvernement avait décidé, en 2018, que les chiffres du chômage ne seraient plus communiqués que trimestriellement.
Fini la soupe à la grimace mensuelle à avaler depuis quarante ans. « Les évolutions mensuelles ne sont pas significatives », avait avancé le ministère du Travail. Peut-être…
L’idéal, au fond, c’est tout de même un peuple qui ne sait rien.
Savoir, c’est se faire du mouron pour rien, à bien y réfléchir.
Prenez une hypothèse d’école : demain, la Terre est menacée d’être détruite par un astéroïde.
Les savants sont formels, ils ont fait et refait leurs calculs.
Cédric Villani a consulté son araignée : elle a confirmé.
Panique mondiale, suicides en chaîne et tutti quanti. Finalement, le caillou passe à quelques dizaines de milliers de kilomètres de notre planète.
La catastrophe est évitée.
Ouf. Bon, des suicides à la pelle, un crash boursier en cascade, la panique dans les villes et les campagnes et toutes sortes d’autres choses pour rien.
Le pygmée, au fond de sa brousse, lui qui n’a pas de transistor et n’a pas encore Internet, n’aura jamais su que l’humanité avait failli disparaître.
Et donc, beatus vir, il a échappé à toutes ces affres.
Vous suivez ? Emmanuel, Christophe et les autres, ils y ont pensé, à tout ça.
 « On ne donne pas et on assume. C’est toujours la même chose et ça n’apporte rien. »

Espérons que l’astéroïde ne fera pas flamber trop de voitures, vendredi soir.

Georges Michel

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