Ce n’est pas possible autrement : il doit y avoir une sorte de jurisprudence européenne faisant force de loi dans la capitale, à l’approche des prochaines élections municipales.
Fascination pour l’échec en roue libre ?
Il n’est pas illicite de le penser, à constater l’étrange propulsion en premier de cordée de Benjamin Griveaux, ancien porte-parole du gouvernement, à insulter, non seulement ses compétiteurs, mais également ses potentiels soutiens.
Tous des « abrutis » ou des « fils de pute » ?
Il est des choses qu’il est sûrement licite de penser, mais qu’il vaut peut-être mieux éviter de dire à voix haute, surtout en temps de précampagne électorale.
Pour tout arranger, et même pour le moment exclu de la course, son rival Cédric Villani continue de la mener en tête, d’un point de vue sondagier, du moins.
Ainsi, selon l’IFOP, 51 % des Parisiens auraient une bonne opinion de sa personne, contre seulement 41 % pour Anne Hidalgo et 38 % pour ledit Benjamin Griveaux.
L’écart se creuse encore chez les plus âgés de nos compatriotes, les derniers à voter en masse, à faire et défaire les majorités.
Emmanuel Macron en sait quelque chose : 61 % de pépères et de mémères persistent donc à accorder leur confiance au brillant mathématicien ; ce qui n’est pas rien.
Mieux : dans l’électorat LREM, l’homme à l’araignée culmine à 68 % d’opinions favorables, contre 60 % pour son compétiteur vaguement désigné par l’Élysée.
Pour tout arranger, les reliquats parisiens des droites juppéiste et bayrouiste annoncent qu’ils ne rendront publique leur décision finale qu’à l’automne prochain.
En faveur de qui ?
Pour Marielle de Sarnez, députée parisienne du MoDem et cerveau d’appoint de François Bayrou, Benjamin Griveaux ne serait que « le chef de file de LREM ».
Voilà qui suffit à prendre la température ambiante.
Pis : à Matignon, le soutien d’Édouard Philippe, ne serait-ce que par petite phrase ou léger coup de pouce interposés, n’en finit plus de se faire attendre.
On murmure encore que le Premier ministre n’aurait guère apprécié le fait que Benjamin Griveaux, après les écarts de langage plus haut évoqués, n’enterre un peu trop vite François de Rugy, empêtré dans les affaires qu’on sait.
De même, le soutien tant attendu de Bertrand Delanoë n’est pas encore au rendez-vous, tel que celui de Cédric Villani, lequel ne devrait trancher qu’au moment opportun.
C’est-à-dire quand cela l’arrangera et qu’il pourra planter l’ultime banderille dans le dos déjà fragile de l’homme tenant les pauvres pour « des gars qui fument des clopes et roulent au diesel » ; soit à peu près deux tiers de la population française.
Ou ce Griveaux possède un flair politique inné, ou c’est juste un cousin éloigné de Rantanplan.
Dans l’intervalle, et à l’instar de cette chère Nathalie Loiseau, Benjamin Griveaux n’en finit plus de se surpasser.
Ayant déjà confondu Marc Bloch et pays réel, Charles Maurras et pays légal, voilà désormais qu’il se prend les pieds dans le paillasson à propos de la rafle du Vélodrome d’hiver.
D’où ce très approximatif tweet mémoriel, censé commémorer l’événement en question.
Certes, le début colle à peu près aux manuels d’histoire : « N’oublions jamais la rafle du#VeldHiv, les 16 et 17 juillet 1942. »
Pour paraphraser nos confrères de Paris Match, si le poids des mots est au rendez vous, c’est déjà plus léger quant au choc des photos.
Le cliché illustrant ce grand moment d’humanisme de combat ne nous montre pas de futurs déportés mais d’anciens collaborateurs !
Même le très vaporeux Arno Klarsfeld s’en est rendu compte.
Du coup, Cédric Villani s’est fait un plaisir de lui rétorquer que « l’Histoire nous donne des leçons à ne pas oublier ».
Dans le registre du nécessaire soutien scolaire dont le petit Benjamin ne pourra faire que bon usage, on lui rappellera donc, en ordre de difficulté décroissante, que Simone Veil n’est pas Simone Weil et que Jean-Marie Le Guen n’a rien à voir avec Jean-Marie Le Pen.
Nicolas Gauthier
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