Steve : le prénom de ce jeune homme tombé dans la Loire, à Nantes, le soir de la fête de la Musique, le 21 juin dernier, est quasiment devenu, depuis plusieurs semaines, un cri, une revendication – de vérité et de justice – et un slogan contre la police, Christophe Castaner et le pouvoir, accusés de couvrir des violences policières.
Ainsi se sont logiquement enchaînés les hashtags « Où est Steve » puis « Justice pour Steve », « Mort de Steve » et « Castaner démission ».
Depuis lundi, son corps a été repêché, identifié et le Premier ministre lui-même, ce mardi, est intervenu, flanqué de Christophe Castaner, resté muet – comme si Christophe Castaner n’était plus très crédible sur ce sujet -, pour écarter toute responsabilité de la police : il n’y aurait, selon Édouard Philippe, qui s’appuie sur un rapport de l’IGPN, aucun « lien établi entre l’intervention de la police et la disparition ».
Dans la même intervention, le Premier ministre a bien été obligé de reconnaître que « le déroulement de cette soirée reste confus ».
Et les images publiées – par Libération, notamment, il y a plusieurs jours – montrent et la confusion et l’intervention réelle de la police (charge, gaz lacrymogène, etc.).
On ne peut qu’être gêné et un peu sceptique par la contradiction : si les choses sont si confuses, comment disculper d’emblée la police ?
D’ailleurs, le Premier ministre a commandé une nouvelle enquête, à l’inspection générale de l’administration cette fois, « pour aller plus loin et comprendre les conditions d’organisation de l’événement par les pouvoirs publics, mairie et préfecture, ainsi que les organisateurs privés », dont le rapport est attendu sous un mois.
Il y a certainement des responsabilités à chercher de ce côté, mais cela ressemble à une opération de désencerclement.
On sent que le pouvoir marche sur des œufs, partagé entre soutien à la police, compassion pour la famille et affichage d’une transparence relative, comme il se doit en pareilles circonstances.
Si Christophe Castaner, muet, a été, ce mardi, comme dépossédé du dossier par Édouard Philippe, c’est que le ministre de l’Intérieur, non seulement n’a plus aucune crédibilité en termes de transparence sur d’éventuelles violences ou bavures policières après huit mois de répression des gilets jaunes, mais qu’il focalise la colère de beaucoup.
Et, au-dessus de lui, on voit bien que cette affaire creuse un peu plus la défiance entre les Français et la police.
Cette police qui sera indispensable pour les mouvements sociaux qui s’annoncent à la rentrée.
Le pouvoir est fébrile et craint que l’incendie qui a pris avec le mouvement des gilets jaunes ne reprenne à tout moment, avec « Steve » pour cri de ralliement.
Pour une fois, il n’a pas tort.
Pascal Célérier
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