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dimanche 28 juillet 2019

Records de température : quelques précisions

 
 
 

 
 
Paris suffoque, la France suffoque, donc l’Europe doit aussi suffoquer, et pourquoi pas le monde entier ?

C’est le pas allègrement franchi par les journaux télévisés du 25 juillet, celui de France 2 en particulier.

Oui, il a fait très chaud en région parisienne et dans ce que l’on appelle le Bassin parisien et dans son prolongement vers le Bassin des Flandres et le nord-ouest de l’Allemagne. Mais qu’en est-il réellement ailleurs ?
Pour le savoir, il suffit de consulter des sites météo comme le site allemand www.wetterzentrale.de. Pour la journée du 25 juillet (la plus chaude), on peut constater l’étendue de la vague de chaleur mais aussi ses limites.
En Biélorussie, par exemple, il ne faisait que 18 ou 19 petits degrés à 14 h.
En Irlande et en Écosse, la température n’est pas montée bien plus haut, 20 à 22 °C, et si l’on va jusqu’en Islande, il ne faisait que 12 °C.
La Suède a des températures à 30 °C, mais les côtes norvégiennes sont restées froides : 15 ou 16 °C. Plus au sud, en Espagne ou en Italie, par exemple, on s’attendrait à trouver également des températures exceptionnelles.
Eh bien, non, elles sont élevées, 28 à 37 °C, 40 °C ponctuellement dans le centre de l’Italie, mais rien d’exceptionnel pour ces pays.
Quant au Portugal, dans le nord, il y faisait à peine assez chaud pour se baigner, 19 ou 20 °C, et 26 °C dans le sud.
Et dans le reste du monde, l’hémisphère sud, en particulier, où c’est l’hiver, les glaces sont-elles en train de fondre ?
Eh bien, non.
Le sud de l’Australie a enregistré des records de froid durant la précédente canicule du mois de juin : -3,8 °C dans la région de Coonawarra, du jamais-vu depuis 37 ans, ou -2,9 °C à St. George (record de 12 ans battu), selon le Bureau de météorologie de la Nouvelle-Galles du Sud. Fin juin, le Brésil a aussi enregistré des records de froid.
En Bolivie, six de ses neuf départements ont été placés en alerte orange grand froid et de grosses chutes de neige ont provoqué la fermeture temporaire de plusieurs axes, selon le journal suisse Le Nouvelliste du 23 juillet.
Si l’on regarde la carte mondiale des températures du 25 juillet sur le site de l’université du Maine (Climate Change Institute), on peut constater qu’une anomalie froide touche le centre du Canada et les côtes de la Sibérie.
On peut voir, aussi, que les étendues cumulées de ces zones de froid sont bien plus importantes que l’étendue de la vague de chaleur que nous avons connue.
Alors non, quand Paris suffoque, le monde entier ne suffoque pas et les records qui y ont été battus trouvent des explications avec, en particulier, le phénomène connu de dépression thermique sous dôme anticyclonique, et surtout ce qui est appelé « l’effet d’îlot de chaleur urbain » : le béton, la pierre et le bitume emmagasinent de la chaleur, qu’ils restituent, ce qui est sensible la nuit en particulier, amplifiant par rayonnement les températures mesurées.
Cet effet participe aussi de l’augmentation globale des températures depuis le début du XXe siècle.
Évidemment, tout cela n’empêchera pas de dire ce que tout le monde sait déjà : quand il fait froid, c’est de la météo, et quand il fait chaud, c’est le climat qui se dérègle.

Froid en hiver, chaud en été, vraiment, rien ne va plus !

Marc Le Menn

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