Il y a les jeunes mariés qui, pour leur voyage de noces, rêvent de soleil, plage, cocotiers, farniente, en deux mots, d’une douce tranquillité.
Et il y a les autres, ceux qui ont besoin de piment.
C’est le cas du couple de Français qui avait opté pour un safari en Afrique, au Bénin, pays pourtant déconseillé aux vacanciers en raison de la présence de groupes djihadistes.
Pris en otages puis libérés grâce à l’intervention de l’armée française – par des soldats d’élite appartenant au commando Hubert -, ils sont sains et saufs.
Mais pas Cédric de Pierrepont, ni Alain Bertoncello.
À 18 ans, Cédric entre dans la Marine nationale.
À 19, il intègre la spécialité de fusilier marin et termine major sur 47 au brevet élémentaire.
À moins de 21 ans, il réussit le « stage commando » et poursuit sa brillante ascension en étant promu second maître (l’équivalent de sergent).
Il obtient, ensuite, son brevet d’aptitude technique fusilier marin commando et, à 26 ans, devient nageur de combat.
Il rallie donc le commando Hubert, où il exerçait en tant que chef de groupe depuis 2018.
En outre, il avait reçu quatre citations et, entre autres médailles, celle de la médaille d’or de la Défense nationale.
Il meurt à 33 ans.
À 20 ans, Alain entre aussi dans la Marine nationale et, tout comme son camarade, il choisit, à 21, la même spécialité dont il réussira les épreuves la même année.
À 26 ans, il devient nageur de combat et rejoint, lui aussi, le commando Hubert.
Missions de défense des intérêts maritimes français, opérations extérieures (Qatar, Levant, Sahel), lui aussi avait été cité et décoré de plusieurs médailles, dont également celle d’or de la Défense nationale.
Il meurt à 28 ans.
Voilà ces deux jeunes hommes au mental et aux compétences hors du commun.
Dont le ministre des Armées Florence Parly loue le « sacrifice qui nous dépasse tous ».
Ah oui, cela nous dépasse, nous, d’envoyer au casse-pipe deux brillants officiers mariniers du prestigieux commando Hubert, et cela, pour récupérer deux touristes en mal d’aventure, inconscients ou ignares de la situation du pays !
Car, enfin, si les maîtres de Pierrepont et Bertoncello sont entrés dans la Marine nationale en toute connaissance des risques mortels encourus, ils s’y sont engagés avant tout pour combattre, donc pour vaincre !
Ils seraient également « morts pour la France ».
« Morts pour la France » ou morts pour sauver deux pékins qui n’auraient jamais dû se trouver là ? Partis en safari dans le parc de la Pendjari, qui plus est au nord encore plus risqué, précisément là où ils ont été enlevés en même temps que leur guide qui a été tué.
Les fusiliers marins n’ont, évidemment, pas eu l’ordre de sauver la France – madame Parly manque singulièrement de mesure – mais de sauver la vie des professeurs en lune de miel Patrick Pique (51 ans) et Laurent Lassimouillas (46 ans), qui se sont trouvés de leur plein gré en terre étrangère, connue pour ne pas être spécialement sûre.
Des morts pour la France, donc, dont les familles seront sans doute, plus tard, reçues par le président de la République.
En attendant, ce samedi soir, Emmanuel Macron, accompagné d’un aréopage constitué de Florence Parly, de Jean-Yves Le Drian et de François Lecointre, chef d’état-major des armées, accueille en personne les chanceux inconscients à Villacoublay.
Des héros malgré eux, en somme…
Caroline Artus
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