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Par Caroline Piquet , Blandine Le Cain
Mis à jour le 06/11/2015 à 11:12
Publié le 17/09/2015 à 17:11
Crédits photo : LIONEL BONAVENTURE/AFP
VIDÉO - Les contrôles aux frontières seront rétablis pendant toute la durée de la Conférence sur le climat, organisée à Paris. Plusieurs notes internes traduisent la préoccupation des autorités.
La Conférence internationale sur le climat à Paris, qui se déroulera du 27 novembre au 11 décembre prochain, sera placée sous haute surveillance.
Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a confirmé vendredi que les contrôles aux frontières seront rétablis pendant toute la durée de cette COP21.
Cette mesure, déjà mise en place dans des pays ayant eux-même accueilli ce genre de conférences, traduit le défi sécuritaire que représente ce rendez-vous international pour les autorités.
Principales craintes: les attaques terroristes et les mobilisations d'organisations militantes.
Dans une note rapportée jeudi par RTL, la direction du renseignement territorial souligne qu'il est difficile d'estimer la menace réelle des débordements.
Les policiers redoutent notamment l'installation d'un campement à proximité du Bourget, où est organisé le sommet, ainsi que sur le plateau de Saclay, dans les Yvelines, où grandit une mobilisation contre l'implantation d'un métro aérien.
Autant de lieux susceptibles d'attirer un rassemblement de militants habitués aux manifestations violentes.
Les craintes sont telles, d'après la radio, que François Hollande a dû renoncer à un rassemblement des 80 chefs d'État qu'il entendait organiser sur le perron de l'Élysée pour une photo historique.
Impossible sur le plan de la sécurité, mais également de l'organisation: les dirigeants voyagent tous accompagnés de délégations fournies, et le transit de tous ces groupes depuis l'Élysée jusqu'au Bourget congestionnerait complètement la capitale.
Avec les seules arrivées et départs sur le site, la préfecture prévoit d'ailleurs deux journées noires concernant le trafic parisien, précise RTL.
Présence maximum des forces de l'ordre
En septembre, une note interne de la Police nationale, dévoilée par France Info, montrait déjà que les forces de l'ordre seront fortement mobilisées sur cet événement qui réunira 196 délégations internationales, 40 à 50.000 observateurs et 3000 journalistes.Le document, daté du 25 août dernier, a été signé par le directeur de la police nationale Jean-Marc Falcone.
En résumé, il demande à tous les chefs de service de garantir un taux de présence maximum des fonctionnaires pendant les 15 jours de la conférence.
Donc pas de récupération, ni de RTT durant cette période.
Les stages de formation continue seront également reportés.
Policiers locaux, CRS, gendarmerie mobile...plusieurs milliers de fonctionnaires seront mobilisés à l'occasion de ce grand rendez-vous international, qui se tiendra au Parc des expositions de Paris-Le Bourget.
«Des manifestations importantes, dont certaines de nature revendicative, sont à envisager durant cette période», prévient le patron de la police.
En d'autres termes, la police craint «l'intervention de groupes contestataires violents d'extrême gauche», nous précise Loïc Lecouplier du syndicat Alliance à Paris.
«Dès qu'on a des sommets internationaux, on a affaire à des manifestants européens qui sont hyper organisés et hyper violents», commente à son tour Philippe Capon, secrétaire général à l'Unsa Police.
La police craint les «Black bloc»
Les forces de l'ordre seront particulièrement attentives aux «Black bloc», qui depuis le sommet de l'Otan à Strasbourg en 2009, ont montré en France combien ils étaient organisés et déterminés.Pas d'organigramme, ni de hiérarchie dans ces groupes de casseurs, nés en Allemagne dans les années 1980.
Tout de noir vêtus, ils sont principalement constitués d'individus issus des mouvances ultra-gauche.
Leur doctrine repose sur l'«action directe»: ils réagissent «rapidement et efficacement grâce à Internet, au téléphone portable et aux réseaux sociaux», avait expliqué le criminologue Alain Bauer au Figaro.
Et ils agissent en marge des manifestations pour détruire banques, bâtiments publics, magasins à l'effigie des grands groupes capitalistes comme McDonald's.
«On peut aussi s'attendre à des activistes tels que les No Border et les zadistes», reprend Loïc Lecouplier.
Les premiers sont connus pour lutter pour la liberté de circulation et l'abolition des frontières.
Les seconds sont des militants qui s'opposent aux projets d'aménagement qui porteraient préjudice à l'environnement.
On se souvient d'ailleurs des violents affrontements entre forces de l'ordre et zadistes pendant des rassemblements contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou encore sur le site du barrage de Sivens, dans le Tarn, en 2014.
«Notre but sera d'anticiper tout débordement possible», résume Philippe Capon, qui s'inquiète aussi des possibles problèmes de circulations lors de la conférence.
Coupe du monde, G7, G20...
Les forces de l'ordre sont habituées à ce genre d'événement qui rassemblent des chefs d'Etat et de gouvernement.
Sauf que cette fois-ci, la conférence sur le climat va s'inscrire dans la durée et dans un contexte où la menace terroriste est grande.
«Et ça commence à faire beaucoup, conclut Loïc Lecouplier.
Les collègues soumis au plan vigipirate commencent à en avoir marre.
On sent vraiment une fatigue et une tension dans nos rangs».
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