Publié le 06/11/2015 à 03:49,
Les policiers sont restés toute la journée du 5 novembre à la Borde Basse pour faire face aux gens du voyage en colère. / Photo d'illustration DDM Thierry Bordas.
La situation s'est encore envenimée hier soir à la Borde Basse avec les gens du voyage installés illégalement qui réclament l'électricité coupée par la mairie.
Hier soir, la tension est encore montée d'un cran à la Borde Basse avec les gens du voyage installés illégalement sur un terrain municipal (voir notre édition d‘hier).
Cette fois, les incidents ont débuté plus tôt, vers 17h.
Et en plus de mettre le feu à des palettes, des pneus et des buissons et de dégrader du mobilier urbain comme la veille au soir sur le rond-point de l'Archipel, les gitans ont semblé encore plus excités et déterminés hier soir.
Quitte à venir «au contact» des forces de l'ordre.
Une quarantaine de policiers, des effectifs castrais et albigeois renforcés par la police municipale, a dû gérer une situation plus compliquée que la veille face à une cinquantaine d'individus remontés.
Car les gens du voyage avaient visiblement appelé eux aussi des renforts «extérieurs».
Mais les forces de l'ordre ont finalement réussi à faire revenir le calme vers 20h grâce notamment à l'intervention des plus anciens du campement qui ont pu canaliser les plus jeunes.
Des débordements deux soirs consécutifs après que le maire a fait couper l'électricité mercredi de l'éclairage public sur lequel les gens du voyage s'étaient branchés sauvagement.
«On veut au moins l'électricité le soir pour faire à manger. On est prêt à payer, lâche une femme du camp qui déplore aussi la perte de tous ses produits frais en ouvrant ses congélateurs et frigos hors service. On en a marre d'être dispersé à droite et à gauche, cela empêche les enfants d'aller à l'école».
C'est l'une des principales revendications des gens du voyage qui se disent Castrais et qui, depuis que l'aire d'accueil de la Vivarié a fermé pour 6 mois de travaux, errent de terrain en terrain, en attendant que la ville leur mettre un site de substitution à disposition.
Ce que le maire refuse catégoriquement (voir encadré).
La situation est donc complètement bloquée.
Les lycéens évacués par une piste cyclable
En attendant, les dommages collatéraux s'additionnent.Hier soir, comme la veille, la circulation a été coupée sur l'avenue Georges-Pompidou pendant près de trois heures entre le rond-point de la route de Roquecourbe et celui du Martinet.
Les forces de l'ordre ont dû faire évacuer les lycéens de la Borde Basse, qui sortaient des cours, et les bus scolaires par une piste cyclable qui relie le campus aux Salvages, via le centre équestre, pour éviter qu'ils ne passent par le rond-point occupé par les gitans.
L'Archipel a également été sécurisé et évacué ainsi que l'IUT.
Les étudiants ont peur
D'ailleurs, les étudiants n'en peuvent plus de cette cohabitation qui dure depuis 15 jours, date à laquelle les caravanes ont été évacuées de la gare SNCF.Les gens du voyage sont installés à deux pas de leur établissement, de l'autre côté de l'avenue, et donc sur le trajet pour aller au restaurant universitaire.
«On a d'abord vu arriver trois caravanes puis une dizaine aujourd'hui. Et quand on a vu les machines à laver alignées et le linge qui séchait on s'est dit qu'ils allaient rester longtemps, témoigne Marion, 18 ans, qui affirme avoir peur comme une bonne partie des autres étudiants qui doivent faire face régulièrement à des menaces, insultes, provocations et intimidations des jeunes du campement».
«On a eu aussi des dégradations et des vols dans nos voitures garées sur le parking, ajoute Jeanne, 20 ans. Maintenant je me fais amener et ramener, je ne viens plus toute seule à l'IUT».
Les étudiants ont donc décidé de limiter leurs déplacements et de ne plus circuler seuls et ont fait passer le mot via facebook.
Une grève et une manifestation pour dénoncer la présence des gens du voyage ont même été envisagées.
Mais en attendant, ils ont lancé une pétition qu'ils enverront à la mairie et à la préfecture.
Bugis : «Le dialogue est rompu»
«Le dialogue est rompu avec ces gens du voyage qui devraient faire le ménage dans leur communauté. Il n'est pas question d'admettre qu'ils s'installent où ils veulent et quand ils le veulent au frais du contribuable», lâche Pascal Bugis, le maire divers droite de Castres, qui n'a pas varié d'une virgule le discours qu'il tient depuis des semaines.Et encore moins après les incidents d'avant-hier et d'hier soir.
Le maire se refuse à rentrer dans ce chantage et cette «prise d'otage» des usagers de la SNCF auparavant et de la Borde Basse aujourd'hui.
«Ce n'est pas en mettant le feu pour satisfaire ses revendications que cela va rétablir le dialogue», continue le maire qui se veut intraitable estimant «remplir ses obligations».
«Nous avons une aire d'accueil. Et si elle est en travaux c'est qu'elle a été dévastée par ses occupants. Cela va coûter 600 000 € pour réparer ce qu'ils ont saccagé. Ils se sont mis tout seul dans cette situation», continue le maire qui ne se sent pas responsable de la situation puisqu'il a proposé aux gens du voyage d'aller dans d'autres aires de la région et notamment à Aussillon «où ils peuvent bénéficier des bus gratuits pour circuler dans l'agglomération.»
Mais pour l'opposition municipale de gauche qui avait alerté depuis longtemps des conséquences de la fermeture de l'aire sans terrain de substitution, le maire «doit cesser d'exacerber les tensions qu'il a lui-même provoquées».
Les élus de La gauche rassemblée, qui ont demandé un rendez-vous au préfet «pour que des solutions soient trouvées au plus vite dans l'intérêt de tous», estiment que «couper l'électricité à des familles qui ont été chassées de plusieurs endroits sans proposer un accueil provisoire ne pouvait être perçu que comme une provocation».
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