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Dans l'affaire syrienne, quoi qu'en ait dit le président, l'Amérique a joué sa partition en solo sans trop se préoccuper de son "allié privilégié".
Par Michel Colomès
La première fois, le 31 août, lorsque Barack Obama, sans véritable préavis et sûrement sans consultation, a décidé que les frappes de missiles Tomahawk prévues pour le lendemain sur des objectifs syriens ponctuels étaient reportées jusqu'à ce que le Congrès des États-Unis décide ou non de leur bien-fondé.
Une position qui non seulement contraignait Hollande à reporter ses propres plans de frappe aérienne, mais l'obligeait à se demander si, en dépit des libertés que la Constitution offre aux présidents de la Ve République dans ce domaine, il ne devait pas, lui aussi, par souci démocratique, faire approuver sa politique par le Parlement. Heureusement pour lui, la cacophonie habituelle dans l'opposition lui a évité de se poser trop longtemps la question.
Humiliation
La deuxième fois, c'était le 10 septembre, lorsque le président des États-Unis, dans un discours solennel censé mobiliser la nation, a, dans le même quart d'heure, annoncé que le massacre commis avec des armes chimiques dans la banlieue de Damas ne pouvait pas rester impuni - "car ces armes ne sont pas comme les autres et leur utilisation est à la fois un crime contre l'humanité et une violation des lois de la guerre" -, avant de tirer des conclusions totalement contradictoires en une magnifique virevolte oratoire : les intérêts américains n'étant pas directement menacés, il est temps d'explorer l'initiative diplomatique russe pour un démantèlement de l'arsenal chimique de la Syrie.
Sans tenir, au passage, aucun compte des réserves que Paris tentait désespérément de présenter à l'ONU pour que la menace militaire reste une épée de Damoclès pour les dirigeants syriens en cas d'échec des négociations.
Le troisième lâchage de Hollande en rase campagne par un pays dont le secrétaire d'État John Kerry venait pourtant de rappeler "qu'il était le plus vieil allié des États-Unis" est peut-être le plus humiliant des trois.
Certes, on avait déjà noté que dans aucun de ses discours, ni celui du 31 août, ni celui du 10 septembre, Obama n'avait mentionné la France, seul pays pourtant à avoir affirmé qu'il serait militairement aux côtés des États-Unis lorsque ceux-ci décideraient de frapper la Syrie.
Mais ne pas se voir proposer fût-ce un strapontin aux négociations de Genève de la fin de la semaine dernière, au cours desquelles le secrétaire d'État américain et le ministre des Affaires étrangères russes ont décidé des modalités du recensement, de la mise sous séquestre et de la destruction de l'arsenal chimique de la Syrie, est malheureusement révélateur du peu de poids que pèse la France.
Et ce, en dépit des affirmations de François Hollande dans son interview à TF1 dimanche soir.
http://www.lepoint.fr/editos-du-point/michel-colomes/syrie-la-triple-humiliation-de-francois-hollande-16-09-2013-1731550_55.php
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