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mercredi 5 juin 2013

EXCLUSIF. Un lycéen de 14 ans accuse la police de l'avoir roué de coups

 
Le Point.fr- Publié le - Modifié le
Sa plainte fait partie d'une centaine d'autres qui devraient être déposées pour brutalités policières et arrestations arbitraires en marge des manifestations anti-mariage gay.
 
 
 
Par et Aziz Zémouri

"Je vous préviens, votre fils est abîmé, vous pouvez porter plainte."

 Lorsque la mère de Marc, 14 ans, s'est rendue le 27 mai dernier au commissariat d'Ivry-sur-Seine, où son fils avait été placé en garde à vue la veille, l'officier de police judiciaire paraissait très embarrassé. Depuis, les parents du lycéen ont porté plainte contre X pour "violences policières".

Retour en arrière. Le dimanche 26 mai, Marc, qui est en classe de seconde avec un an d'avance, participe au rassemblement anti-mariage pour tous aux côtés de ses parents et de sa soeur aînée. Sur la place des Invalides, en fin de manifestation, le lycéen perd de vue dans la foule sa famille, qui rentre chez elle sans lui. "Il n'avait pas de téléphone portable sur lui, car nous l'avions oublié à la maison", nous précise sa mère. Marc finit par retrouver des amis avant de continuer la soirée tout seul.

"Ça t'apprendra à foutre la merde"

Un drapeau de pirate à la main, l'adolescent aurait alors essayé de quitter la place des Invalides, mais se serait heurté aux cordons de CRS. Vers 22 h 30, le lycéen aurait décidé de rejoindre la station de métro des Invalides. Selon sa version, il passe alors sans incident un premier barrage de CRS, puis est violemment interpellé avant d'en franchir un second. "Un policier en civil m'a emmené au sol en passant son bras sur ma tête", affirme le lycéen dans sa plainte, dont Le Point.fr a pris connaissance.
Marc aurait alors été violemment menotté par trois fonctionnaires. "À aucun moment je ne me suis débattu, ni n'ai essayé de m'opposer à cette interpellation", jure l'adolescent. Marc affirme ensuite avoir reçu des coups de pied dans la tête, sans pouvoir déterminer si ceux-ci étaient "volontaires ou s'il s'agissait juste de piétinements". La suite tient du mauvais film.

 "Un policier m'a ensuite sauté dessus en positionnant son genou sur mon thorax tout en me donnant un coup de tibia au niveau du sexe." Marc aurait ensuite été transporté à l'écart de la foule vers un arbre. "Un policier en civil de type maghrébin m'a alors claqué la tête contre l'arbre avec violence", affirme le lycéen. Un geste que le fonctionnaire aurait, selon lui, justifié ainsi : "Ça t'apprendra à foutre la merde..."

Trois jours d'ITT
À moitié assommé, Marc aurait d'abord été installé sur un trottoir, puis dans un fourgon de CRS, avant d'être conduit en voiture sérigraphiée au commissariat du 18e arrondissement de Paris, rue de l'Évangile. La famille du lycéen est alors contactée. Marc est ensuite conduit au commissariat d'Ivry-sur-Seine, où un médecin l'examine et lui délivre une incapacité temporaire de travail de trois jours. L'adolescent est ensuite auditionné en présence d'une avocate. Finalement, Marc fera l'objet d'un simple rappel à la loi pour non-dispersion après la manifestation.

"L'histoire de Marc n'est pas un cas isolé", affirme Me Triomphe, l'avocat de la famille. "Nous disposons de nombreux témoignages évoquant des brutalités policières. Cela traduit un sentiment d'impunité inquiétant." En regardant des vidéos postées par les manifestants sur Facebook, Marc aurait identifié l'un de ses agresseurs présumés. Une nouvelle plainte du lycéen devrait être déposée devant le procureur de la République de Paris vendredi après-midi, avec une centaine d'autres par une quinzaine d'avocats du barreau de Paris. "Ce n'est qu'une première série", prévient Me Triomphe. Quelques-unes de ces plaintes concernent des "brutalités policières", mais la plupart sont relatives à des "arrestations ou détentions arbitraires".

Marc a repris les cours mardi matin, mais sa famille reste encore choquée par sa mésaventure. "Mon fils n'est pas un délinquant. Ce qui lui est arrivé est à la fois scandaleux et effrayant", s'insurge sa mère. Contactée par le Point.fr, la préfecture de police n'a pas souhaité faire de commentaire.

REGARDEZ le visage tuméfié de Marc, après son arrestation :

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