Gabrielle Cluzel pour Boulevard Voltaire
« Moi quand je voyage, je voyage en classe affaires. J’ai passé l’âge d’aller me faire briser le dos à la classe économique. »
C’est Mélenchon qui le dit
. À vingt ans, selon lui, on est donc encore assez souple pour aller se mélanger aux manants par rangée de cinq les genoux dans le menton, mais il y a un âge pour tout. Même pour être pauvre.
J’imagine qu’après l’atterrissage, Mélenchon loge plutôt au Carlton. A passé l’âge de se faire briser le dos sur les matelas cheap du Formule 1. Puis dîne plutôt chez Taillevent qu’au Courtepaille.
Les remontées acides dans les odeurs de graillon, merci bien. Avec l’âge, l’estomac devient délicat.
Et se chausse chez Berluti. Tous les podologues vous le diront, les pieds des seniors, c’est quelque chose : entre les durillons et les oignons, il vous faut un cuir extrêmement souple. A passé l’âge de se faire briser les orteils dans les croûtes synthétiques de la Halle aux Chaussures.
Comment voudriez-vous, sinon, qu’il tienne à faire le pied de grue avec les piquets de grève de PSA ?
Enfin, comme Séguéla, il estime sans doute avoir passé l’âge aussi de porter des swatchs, dont les bracelets en plastique favorisent les mycoses et dont la précision laisse parfois à désirer. Un homme de sa qualité ne peut quand même pas se permettre d’arriver en retard sur les plateaux télévisés.
Bon mais oh ! Mélenchon n’est pas non plus l’Abbé Pierre. À quoi bon être anticlérical si l’on doit finir en pèlerine râpée avec un béret sur la tête ?
N’a pas fait vœu de chasteté ni de pauvreté, surtout pas de pauvreté comme dirait Don Salluste. On peut aimer les gueux et ne pas nécessairement leur ressembler. Vous aimez bien votre chien, vous, et pourtant vous êtes nettement moins poilu.
C’est le problème des gens qui épousent les grandes causes : on est injustement exigeant avec eux. Prenez ce pauvre Bouteflika si critiqué dans son pays d’avoir été se faire soigner au Val-de-Grâce.
Vous ne croyez-pas, honnêtement, qu’il avait passé l’âge lui aussi d’aller se faire charcuter dans un de ces hôpitaux algériens dont on ne peut espérer sortir vivant qu’à la condition d’y être rentré en parfaite santé ?
Évidemment, certains grognons, au Front de gauche, risquent de rétorquer que, bien qu’ayant passé l’âge, ils seraient prêts quant à eux à aller se briser le dos en classe éco pour aller voir si, comme Aznavour le prétend, la misère est moins pénible au soleil… S’ils en avaient les moyens.
Ce qu’ils doivent être contents de savoir que leur coti contribue à ménager les vertèbres lombaires de pépé Jean-Luc !
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