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dimanche 30 juin 2013

Les jeunes travailleurs doivent laisser la place aux demandeurs d'asile

         
 
LAON (02). Douze personnes actuellement hébergées au Foyer jeunes travailleurs de Clacy ont un mois pour quitter les lieux. Motif : il faut faire de la place pour les demandeurs d'asile.

ILS affichent un sourire de façade mais en réalité, le cœur n'est pas à la fête pour Laurent et ses copains du Foyer jeunes travailleurs (FJT) de Clacy-et-Thierret.
« La plupart d'entre nous ne sont pas là par choix, mais nous sommes bien contents d'avoir un toit sur la tête. Malheureusement, cela ne va pas durer… »
, lâche-t-il amèrement. Les douze locataires viennent d'apprendre qu'ils devraient quitter les lieux le 1er août.

 « On a un mois pour faire nos cartons. On nous vire, nous qui payons notre loyer régulièrement, parce qu'il faut faire de la place pour une trentaine de demandeurs d'asile qui vont arriver. Et qui ne paieront rien, bien sûr. C'est dégueulasse ! »

Cette situation alimente toutes leurs conversations, entre colère et inquiétude pour l'avenir. Certains avaient de toute façon prévu de partir. C'est le cas de Laurent, qui vient de trouver un appartement. Cela ne l'empêche pas de se sentir solidaire d'autres, comme Alan. Lui est presque sûr de finir à la rue. « Je viens de terminer mes études et je n'ai pas d'emploi pour le moment. Qu'est-ce que je vais devenir ? »

Une galère de plus

Kevin vient de décrocher un CDI. Il commence en septembre. Pas question pour lui de déménager. « Je vais m'accrocher à ce boulot, j'en ai besoin, tout comme j'ai besoin d'un logement. Je ne trouverai rien d'autre car il faudra que quelqu'un se porte caution et je n'ai personne. Le propriétaire voudra aussi trois fiches de paie et comme je commence seulement à travailler, c'est foutu pour moi », explique-t-il.

 L'association qui gère le FJT a beau leur avoir assuré qu'elle les aiderait à se reloger, ces jeunes n'en croient pas un mot. « C'est bien connu qu'on peut trouver un appartement à Laon en à peine un mois… », ricane Alan. « On m'a proposé une colocation. Je n'en ai vraiment pas envie, je tiens à mon intimité mais j'ai un peu l'impression que si je refuse, je n'aurai rien d'autre » se désole Johan.

 Michel, qui vient de terminer son Tour de France des compagnons, avait trouvé ici un point de chute en attendant d'entrer dans la vie active. « Quand on cherche du travail comme moi ou quand on est ici pour repartir du bon pied dans la vie, ça fout les boules de se faire virer comme des malpropres alors qu'on n'a rien à se reprocher. On a déjà bien galéré dans la vie alors on encaisse beaucoup de choses mais là, c'est trop. » Dans l'adversité, le petit groupe se serre les coudes, bien décidés qu'ils sont à résister « mais de manière pacifique », précisent-ils.

 

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