Macron jubile, a-t-il raison ? Ce vote sur l’Ukraine était consultatif. Sans minimiser le résultat et les comportements révélés à cette occasion, il serait opportun de rester prudent, tout en soulignant tout de même certains traits.
Le vrai test sera celui de la discussion de la loi qui théoriquement doit suivre, si l’article 53 de la constitution est respecté. D’ici là, chaque camp devrait méditer sur ce qui vient de se passer.
Il y a d’abord eu l’habituel Ciotti et les LR. D’autorité ils ont décidé de voter pour. Ce n’est pas faute d’avoir dit qu’ils étaient inquiets des intentions de Macron après la réunion qu’ils ont eue avec le président. Ciotti, à son habitude, comme nous l’avions écrit, a donc choisi de le suivre.
Pour quelle raison cette fois-ci ? Le sait-il ? C’est devenu un réflexe pavlovien chez lui. Il n’arrive pas à voter contre Macron, pourtant il le voudrait, ne cesse de le répéter, mais au dernier moment le pauvre craque. Que soutient-il dans cette histoire ? Le fait que nous devions débourser trois milliards de plus qu’il faudra trouver dans nos poches ? C’est vrai que nous nageons dans l’opulence et qu’il nous sera aisé de nous délester de cet argent que nous n’avons pas ! Un peu de dette compensée par beaucoup d’impôts, cela devrait aider à relancer une économie en ruine, c’est évident.
Ou se réjouit-il du blanc seing qu’il préfigure de donner à Macron pour nous conduire vers une guerre qu’il désire ardemment ?
On ne peut que l’inciter à réécouter Dominique de Villepin avant de s’engager au moment où le projet de loi arrivera à l’Assemblée Nationale. Il apprendra deux ou trois choses essentielles sur la guerre entre deux puissances nucléaires. Et si ce n’était pas suffisant, il devrait méditer les paroles de Poutine après le vote d’hier.La Russie ne se laissera pas prendre et s’il faut employer l’arme atomique pour sa survie, elle n’hésitera pas. Bien entendu les va-t-en guerre se serviront de ces déclarations pour justifier le soutien à Macron, oubliant qu’elles ne sont que la réplique normale d’un État souverain qui entend utiliser tous les moyens pour se défendre contre une attaque qui menacerait son intégrité. L’Occident n’est pas habitué à ce genre de discours et se trouve offensé, tant il a l’habitude d’intimider et de punir sans jamais subir de représailles.
Pourtant quand, lors de l’épisode de la baie des Cochons, à Cuba, Kennedy avait dit la même chose, tout le monde en Occident avait trouvé cela normal. Cette fois il faudra compter avec la détermination d’une puissance capable d’une riposte autre que verbale. A-t-on avancé d’un pouce ? Non.
Depuis des mois le gouvernement et les médias annoncent que la Crimée sera reprise, que l’armée russe n’en peut plus, qu’elle va s’effondrer et aujourd’hui, brutalement, il nous avoue que c’est l’inverse. Ciotti et tous les autres ne réagissent donc pas à cette volte-face ? Rien ne les choque dans ce changement de ton? Si la situation est telle, c’est bien que tous ont menti depuis deux ans, non ? Pourquoi dans ce cas, les croire quand ils affirment que Poutine a des intentions expansionnistes ? Mais veulent-ils la paix ? Une chose est certaine, en affichant un tel soutien, la France se met définitivement hors jeu pour interférer dans des négociations de paix, ou de cessez-le-feu.
En face nous avons eu le RN qui lui s’est abstenu, pour ne pas se faire « charrier avec la Russie »… Quand ce ne sont pas les Sénateurs LR qui se couchent sur l’intégration de l’IVG dans la constitution, lassés d’être traités d’anti-avortement, ce sont les RN qui sont indisposés par les attaques des macronistes.
Décidément on a une classe politique très émotive et surtout peu combative. Toujours à la recherche d’une respectabilité officielle, sans cesse obligé de s’excuser d’exister, incapable de s’affranchir d’un passé, ou de simples procès d’intentions, que ses opposants lui jettent à la figure à la première occasion, le RN a préféré la politique du ni ni. Les yeux rivés sur les médias et le qu’en-dira-t-on parisien, ils en oublient les avis du reste de la France. Dommage, par cet aveu d’impuissance, ils ont affiché un manque de conviction, d’analyse et de courage. Etre dans l’opposition, exige de s’opposer et s’abstenir, c’est cautionner. Inutile de chercher dans cette inaction le témoignage d’une ambiguïté sur leur position. Tout n’est pas perdu, puisqu’ils peuvent encore se racheter lors du vote de la loi qui doit entériner cet accord, mais seront-ils capables de combattre demain ce qu’ils ont fui hier ?
Il ne faudrait pas que cette posture devienne systématique. On ne veut pas de députés qui s’abstiennent, dans ce cas qu’ils s’abstiennent aussi de se présenter on gagnera du temps. On leur demande d’avoir le cran de dire oui ou non, pas d’afficher leurs états d’âme ou leurs faiblesses. Ont-ils été réellement incapables de s’affranchir du carcan manichéen que Macron leur a imposé, en affirmant que voter contre son accord c’était soutenir Poutine, où était-ce une ruse ? Fourbissent-ils des armes pour contrer le moment venu cette vision dualiste du problème ? On le souhaite, mais le doute de ne posséder ni l’aisance, ni la volonté pour y parvenir subsiste. Ils avaient là l’occasion de démontrer avec habileté leur pugnacité et leur différence avec un discours commun, mais sans profondeur, que la macronie ordonne faute d’inspiration plus élevée.
Le RN aura-t-il convaincu sur l’absence de ses prétendus lien avec la Russie ? Rien n’est moins certain. Fuir un débat n’est jamais une posture bénéfique. Il se pourrait que cette asthénie politique leur soit préjudiciable et qu’une hémorragie de voix se produise dès à présent et contrarie le futur scrutin qui s’annonçait victorieux. Rien n’est joué mais en cumulant les abandons, les désintérêts, la pente se fait glissante. Les députés RN n’ont pas voté contre la loi qui autorise les condamnations pour des propos privés, aujourd’hui ils ont choisi de se retirer de la discussion, comme s’ils n’étaient pas concernés. Erreur, l’abstention conforte toujours le vainqueur, ils devraient le savoir.
Les électeurs veulent une opposition qui affronte Macron pas une qui se dérobe pour s’acheter une dignité invariablement refusée. Gageons que cet épisode soit le point de départ pour une remise en question et un repositionnement stratégique. Nous attendons de la grandeur, de la hauteur, de l’à-propos, des ripostes étayées, de l’intelligence et du courage. Allons-nous enfin les rencontrer dans notre paysage politique ?
https://rassemblementdupeuplefrancaiscom.wordpress.com
Par Gilles La-Carbona : secrétaire national du RPF au suivi de la vie parlementaire
Il faudrait pour cela avoir une opposition... celle en place n est qu une opposition contrôlée... mais à savoir quand les français vont l accepter 🤔
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