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mardi 1 août 2023

[Tribune] Une juridiction particulière pour les policiers est indispensable


 

 

Général (2s) Roland Dubois 31 juillet 2023

 

On sort d’émeutes qui ont failli rayer certains quartiers de la carte. 

Seul manquait le bruit des rafales de kalachnikov. Est-ce pour la prochaine fois ? La généralisation des destructions et pillages sur l’ensemble du territoire a entraîné l’engagement de la presque totalité des moyens de maintien de l’ordre disponibles. Il n’y avait plus de réserves. Les forces de police avaient donc perdu leur liberté d’action. L’initiative est passée aux émeutiers dans bien des endroits. Et il n’y a aucun espoir que cela soit différent dans l’avenir.

Pendant cinq jours, tout ce qui pouvait être fait par les forces de l’ordre a été fait, hormis l’ouverture du feu à laquelle il faudra bien se décider à recourir un jour, sauf à remettre les clés de l’Élysée à M. Mélenchon. Le calme relatif qui a suivi ces cinq jours dantesques n’est dû qu’au besoin de la bête de reprendre son souffle, digérer le fruit de ses rapines et reprendre ses trafics perturbés par le désordre.

Les forces de l’ordre, surchargées de missions depuis des mois, sont sorties épuisées de cet épisode. Alors que la plupart des dizaines de milliers d’émeutiers et de pilleurs, comme d’habitude, sortiront indemnes des mains de la Justice ou frappés de peine symboliques, l’incarcération de deux policiers, avant tout jugement, est ressentie comme une injustice de plus par tous les membres des corps de police et de gendarmerie soumis à des épreuves que peu d’entre nous supporteraient et qui voient, en outre, leurs familles menacées.

L’État français, par lâcheté ou aveuglement, depuis trente ans, laisse se développer des situations de désordre, violence et chaos, puis demande à sa police de rétablir l’ordre ; et au premier incident blâme les policiers impliqués avant même toute enquête. C’est ce que viennent de faire le Président et le Premier ministre.

Pourtant, remarquons que pour un corps de police et de gendarmerie, toutes catégories confondues, de plus de 250.000 personnes, les incidents graves sont rares. Le seul ratio des blessés côté police et côté émeutiers montre assez que la sauvagerie des affrontements n’est pas du côté de la police. 

Sur une population aussi importante, il est inévitable que le stress, les faiblesses, la fatigue entraînent parfois des accidents. Pourquoi les policiers seraient-ils des surhommes ?

Le travail des policiers n’est pas un jeu vidéo.

Ils ne font pas un métier comme les autres. La seule comparaison qui vaille est avec les militaires et avec les douaniers qui, eux aussi, dans l’exercice de leur fonction, ont souvent un adversaire en face d’eux. Appliquerait-on les règles communes à un soldat au combat ?

Il ne s’agit pas de demander que les policiers soient au-dessus des lois. Pour tout ce qui relève de la vie ordinaire, il n’y a aucune raison de leur faire un sort particulier. Par contre, ils ont raison de demander une juridiction particulière pour tout ce qui touche à leur activité professionnelle. Ce n’est pas, comme toute une frange politique le prétend, une exigence exorbitante. Cela existe déjà. C’est parce qu’une bonne connaissance du métier est indispensable pour juger sereinement qu’existent certaines dispositions particulières : tribunaux maritimes, tribunaux militaires (qui existent toujours en temps de guerre), Cour de justice de la République pour les membres du gouvernement.

L’immunité parlementaire est dans le même registre. Dans ces tribunaux siègent, outre des magistrats professionnels, des membres de la corporation de l’inculpé. Ils apportent la pondération ou, au contraire, la sévérité nécessaires à des juges peu avertis des spécificités et des contraintes professionnelles qui peuvent éclairer certains actes.

M. Macron se réjouit que des émeutes - qui, à un an des Jeux olympiques, ont stupéfié le monde et indigné les Français - n’aient duré que cinq jours. Depuis, il nous a dit que sa préoccupation est « l’ordre, l’ordre, l’ordre », mais il veut se donner le temps de la réflexion. Il se moque de nous. On a eu trente ans pour réfléchir. Il faut agir. Le bateau coule. Peut-être va-t-on faire un peu de câlinothérapie avec les policiers, mais toujours pas question de colmater les brèches, c’est-à-dire stopper l’immigration qui alimente le réservoir des insurgés ; pas question, non plus, de revoir le Code pénal. Dans la durée, c’est donc sans espoir avec des gouvernants de cet acabit.

Souvenez-vous. En 2015, nos policiers étaient applaudis dans nos rues en hommage à leur action contre les terroristes. C’étaient les mêmes ! Alors, un peu de pudeur et de bon sens. Pour ma part, je les soutiens, comme d’ailleurs les trois quarts des Français.

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