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vendredi 28 juillet 2023

Voitures sur un cargo en feu : pourquoi l’électrique inquiète le transport maritime

 

 27 juil. 2023

En mars 2022, le Felicity Ace a coulé avec les 4 000 Volkswagen, Porsche et autres Lamborghini qu’il transportait de l’Allemagne vers les États-Unis. 

Avec le cargo au fond de l’Atlantique, la cause du feu n’a pas pu être déterminée, mais il transportait aussi des véhicules électriques. [Shutterstock/GreenOak]


Plus difficiles à éteindre, les feux de voitures électriques inquiètent le secteur du transport maritime alors que leur transport se multiplie à bord des bateaux.

Un incendie a fait un mort et plusieurs blessés mercredi matin (26 juillet) au large des Pays-Bas sur le cargo Fremantle Highway, qui transporte quelque 3 000 véhicules. Le feu s’y est propagé si vite qu’il n’a pas été possible pour les pompiers de monter à bord, et l’incendie pourrait durer encore quelques jours, selon la porte-parole des garde-côtes néerlandais.

Rien n’est confirmé officiellement, mais l’une des 25 voitures électriques qui se trouvent à bord pourrait être à l’origine de l’incendie, selon la radiodiffusion publique NOS, qui cite le propriétaire japonais de l’embarcation, le groupe Shoei Kisen Kaisha.

Les batteries au lithium des voitures électriques peuvent prendre feu si elles sont trop chargées, souffrent de défauts de fabrication ou sont soumises à des températures élevées.

Le nombre d’accidents sur des navires transportant des véhicules s’est multiplié ces dernières années, avec des conséquences aggravées par le gigantisme croissant des cargos, selon un rapport de l’assureur Allianz.


Felicity Ace

En mars 2022, le Felicity Ace a coulé avec les 4 000 Volkswagen, Porsche et autres Lamborghini qu’il transportait de l’Allemagne vers les États-Unis. Avec le cargo au fond de l’Atlantique, la cause du feu n’a pas pu être déterminée, mais il transportait aussi des véhicules électriques.

Dernièrement, deux pompiers sont morts aux États-Unis en éteignant un feu sur le cargo Grande Costa d’Avorio, qui a duré cinq jours. Ce cargo venait de déposer des voitures à quai, dont des électriques, et chargeait des voitures d’occasion destinées aux marchés africains.

Le Japonais Mitsui O.S.K. Lines, armateur malheureux du Felicity Ace, a depuis arrêté de transporter des voitures électriques d’occasion, dont les exports se multiplient vers les pays en développement.

En Norvège, l’armateur Havila a complètement interdit ces motorisations alternatives à bord de ses ferries. « Un feu sur une voiture électrique, hybride ou à hydrogène demanderait une intervention de services de secours externes et mettrait les passagers en danger », a souligné la compagnie, pourtant pionnière dans l’électrique, avec de grosses batteries pour propulser ses bateaux.

Emballement thermique

Les incendies de voitures électriques ne sont a priori pas plus fréquents ou dangereux que ceux d’autres voitures, indique le consortium LashFire, financé par l’Union européenne pour améliorer la sécurité sur les navires.

Mais il faut beaucoup plus d’eau pour les éteindre, et il est aussi fréquent que des batteries prennent à nouveau feu plusieurs heures, voire plusieurs jours, après l’incident initial, à cause d’un phénomène dit « d’emballement thermique » qui peut se produire dans les batteries lithium-ion endommagées.

À bord d’un bateau, cet emballement est « quasiment inévitable à moins que l’équipage n’intervienne immédiatement », prévient l’assureur Allianz dans son rapport.

« La plupart de bateaux ne disposent pas de systèmes de protection et de détection adéquats, et souffrent d’un manque de capacités suffisantes à bord pour lutter contre le feu », selon le capitaine Rahul Khanna, en charge des risques maritimes chez Allianz.

D’autant plus que les voitures sont mélangées et serrées par milliers sur les ponts du bateau, quasiment pare-chocs contre pare-chocs.

Plus globalement, « le transport maritime s’inquiète des volumes toujours plus importants de batteries au lithium transportées dans les bateaux, comme marchandises ou dans des véhicules », a commenté pour l’AFP Rich McLoughlin, en charge des affaires maritimes au cabinet de sécurité industrielle Safetytech Accelerator.

L’Agence européenne de sécurité maritime (EMSA) a recommandé en 2022 de mieux préparer les marins, mais surtout de charger les batteries des véhicules électriques entre 20 et 50 % seulement de leur capacité : au-delà, le risque d’incendie augmente.

L’Organisation maritime internationale considère déjà les électriques comme des « produits dangereux » et prévoit d’étudier de nouvelles mesures de sécurité à partir de 2024, a indiqué sa porte-parole à l’AFP.

Selon le consortium LashFire, les armateurs pourraient généraliser les capteurs thermiques sur les bateaux, mais aussi poser des couvertures ignifuges sur les voitures électriques.

En cas d’incendie, pour éviter de déverser trop d’eau sur une voiture en feu et déséquilibrer le bateau, ils pourraient se servir de buses pour créer un brouillard artificiel, ou verser directement l’eau dans la batterie.

Pour Rich McLoughlin, « tant que la technologie des batteries ne sera pas améliorée, avec une meilleure compréhension de la dégradation de leurs cellules ainsi qu’un meilleur contrôle au chargement des bateaux, on continuera de s’inquiéter ».

1 commentaire:

  1. 3000 voitures avec de l'huile et un peu d'essence, du plastique, des kilomètres de câbles électriques, contre 25 voitures électiques... Et un type qui n'était pas à bord "devine" que c'est l'un des véhicules électriques ? Et l'article indique que "rien n'est encore sûr" tout en en ajoutant encore 100 lignes ? C'est de l'information ça ?

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