Le coup d’État qui vient de se produire au Niger, pays coutumier du fait, prouve une fois de plus l’instabilité endémique du continent africain et les conséquences en termes d’immigration auxquelles l’Union européenne doit s’attendre.
Décidément, les coups d'État y perdurent depuis plus de 60 ans que les indépendances sont advenues. La société civile africaine, toujours absente du débat, n’est toujours pas entrée dans l’Histoire. Les populations ne tirent jamais de profit de ces coups d’État et s'en désintéressent. Le développement permettant de fixer les populations sur place n'est toujours pas pour demain, malheureusement, et cela doit nous donner à réfléchir sur nos capacités à enrayer une immigration massive vers l’Union européenne.
L’erreur fondamentale de François Mitterrand, lors du discours de La Baule, le 20 juin 1990, a été d'imposer le principe des élections démocratiques en Afrique en contrepartie de notre aide au développement. Une personne, une voix. Cela a entraîné la radicalisation des minorités ne pouvant accéder au pouvoir que par un coup d'État. Les peuples africains n'y sont manifestement toujours pas prêts. En effet, Mohamed Bazoum, le président nigérien déchu, démocratiquement élu, est issu d'une ethnie minoritaire arabe et musulmane sunnite, alors qu’au Niger, les grands groupes ethniques noirs majoritaires sont du Sud (Haoussa, Zarma, Peuls). Rien ne dit, pour le moment, que les Haoussas n'aient pas voulu reprendre le pouvoir par la force.
Ce coup d’État ne peut que nous faire relativiser la stabilité que l'on croit acquise de pays comme le Sénégal, qui vient de connaître des troubles graves, de la Côte d'Ivoire, qui se débat toujours dans son concept d’ivoirité, ou encore du Gabon, du Congo ou du Cameroun dont la succession de Paul Biya n’est pas assurée.
Après avoir quitté le Mali et le Burkina Faso suite à des coups d'État, les forces armées françaises, comme celles des USA, peuvent-elles rester au Niger ? La realpolitik m'incite à dire que oui, si les nouvelles autorités nous le demandent et si les Russes, avec l’aide des Algériens, ne sont pas à la manœuvre pour nous éjecter définitivement de la zone sahélienne. Mais nos engagements diplomatiques vis-à-vis de l'ONU, des organisations africaines CEDEAO et UA comme les principes démocratiques de l'UE peuvent aussi nous imposer de partir. Cela signerait le chaos assuré dans tout le Sahel, avec les conséquences en termes d'immigration que l'on peut imaginer, ainsi que du terrorisme islamiste qu'il véhiculerait.
Emmanuel Macron va devoir quitter son esprit nébuleux du « en même temps » et trancher… Pas sûr qu’il en soit capable, lui qui a toujours fait preuve d’une complète méconnaissance de la mentalité africaine, comme l’a montré son engagement personnel, dès 2017, dans la désastreuse aventure du feu G5 Sahel.
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